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Lettre ouverte au Colonel Mamadi Doumbouya (par Thierno M. Bah, président de la NGC )

Monsieur le Président du CNRD,

Cher frère,

Le coup d’Etat du 05 septembre 2021, n’était une surprise que pour les moins avertis. Il fallait bien s’y attendre. Je l’avais dit et même décrit publiquement dans une interview-télé, quelques semaines après le simulacre d’élection présidentielle d’octobre 2020. J’avais dit, -la vidéo est encore disponible-, que … le président Condé sortirait par la petite porte ou même par la fenêtre. J’ai malheureusement eu raison.

J’avais aussi dit sur RFI, alors que j’étais encore journaliste, que la préoccupation n’était pas le temps qu’Alpha Condé passerait aux affaires, mais plutôt comment les Guinéens pourront-ils s’en débarrasser sans trop de préjudices. Nous y sommes monsieur le président du CNRD. Des dégâts, il y en a eu, vous le savez bien. Et, ce n’est pas fini, parce que le ‘’colis’’ que vous gardez par-devers vous, est plus qu’encombrant. Et pour vous, ce ne sera pas du tout repos.

Mon Colonel,

Je sais que vous êtes républicain, en dépit de ce coup d’Etat que vous avez dirigé par devoir, mais à vos risques et périls. La situation au sein de la Grande muette et dans la sphère sociopolitique vous l’y imposait d’ailleurs. Militaire de votre gabarit, si je l’avais été, j’aurais renversé ce régime depuis 2018 pour éviter à la Guinée de sombrer dans un naufrage démocratique. Tout ou presque, prouvait à suffisance, que le régime Condé était à la dérive et aux antipodes des principes démocratiques.

Monsieur le président,

Je m’inscris en faux contre ceux qui affirment que vous n’êtes pas républicain. Être un officier républicain, c’est aussi refuser d’être continuellement complice -passif ou actif- d’une dictature comme celle dont vous êtes le tombeur. Vous devez, cependant, tout faire pour réussir. Et pour y arriver, vous devez entre autres :

1- Eviter tout acte qui ne vise qu’à contenter ou faire plaisir à un quelconque clan ;

2- Mettre en place une commission Vérité-Justice-Réconciliation (y nommer des Guinéens comme Robert Sarah, Bâ Oury, Gassama Diaby, …) et la doter de suffisamment de moyens financiers et matériels avec un mandat clair et précis ;

3- Mettre définitivement fin au désordre et à l’impunité en rétablissant la peine de mort pour un certain nombre de crimes (notamment pour le viol sur mineur, les crimes de sang et les crimes économiques

). C’est le moyen le plus dissuasif pour les futurs gouvernants et même pour les membres de la junte. Et, faut-il le préciser, ceci n’a rien d’un règlement de comptes et ne vise pas particulièrement les dignitaires du régime défunt, puisque la loi n’est pas rétroactive ;

4- Eviter de se tromper dans le choix des femmes et des hommes auxquels des responsabilités publiques seront confiées ;

5- Ne pas hésiter de prendre des décisions impopulaires dès qu’elles sont au bénéfice exclusif des populations guinéennes.

Monsieur le président,

La Guinée, notre pays, est à la croisée des chemins et notre responsabilité, à nous tous, militaires et civils, est plus que jamais engagée. Nous sommes obligés d’avancer et nous n’avons absolument pas droit à l’erreur. Et comme l’a dit Einstein, ‘’…il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre.’’ Vous devez faire ce qui est bon et juste pour notre patrie.

Mon Colonel,

Pour finir, j’ai constaté -à moins que je ne me trompe- que vous vous hâtez lentement, mais je vous suggère de ne pas trainer.  Le monde nous observe et le peuple impatiente.

Bien cordialement !

T.M.B

Président de la NGC 
Ancien Journaliste

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