Au FestiNimba Lille 2023, les panélistes ont lancé, à juste titre, un appel aux acteurs culturels. Rétrospective ! Au-delà de l’exposition des œuvres d’art africains, le spectacle vivant offert au public présent et suivi en direct par les internautes, la première édition du Festival Nimba tenu le 20 mai dernier à Lille en France, a été un précieux forum. Il a joué un rôle prépondérant dans la promotion d’un retour d’expérience inédit des acteurs issus de domaines divers de la culture autour des thèmes qui questionnent la contemporanéité.
Retour sur les panels.
Les panélistes programmés sont dans la salle. La partie consacrée aux échanges autour du thème de l’événement peut démarrer. Pour le pays, tous les participants et les officiels se mettent débout pour entonner l’hymne national de Guinée. La partie se termine par des applaudissements. Au nom de l’Ambassade de Guinée en France, Mme Kobolé Jeanne Sovogui, conseillère en charge des Affaires culturelles et sociales, plante le décor. « Cette initiative nous permet de mettre en valeur notre culture et de prouver combien de fois la Guinée peut briller à travers notre beau patrimoine ainsi que nos valeurs traditionnelles diversifiées», affirme Mme Sovogui.
Le premier panel est en place. Il est intitulé : Comment les organisations et initiatives culturelles peuvent-elles mieux se structurer pour plus d’efficacité? Bangaly Diabaté de la structure BF Music Management suggère aux principaux acteurs d’être d’abord des exemples à suivre pour prétendre complètement changer la donne.
Thierno Barry de la structure Horizon Soung System suit la cadence de son co-panéliste. Il renchérit en affirmant que « la réglementation commence toujours par l’obtention des documents légaux, d’un local, du matériel et du personnel pour être opérationnel et productif ». En résumé, pour mieux structurer le travail, il leur faut respecter les règles et les principes du métier, les lois et règlements pour une plus grande efficacité possible. La confiance du public et des institutions viendra de là.
Le panel suivant est celui de savoir Quels sont les enjeux et perspectives de l’écosystème digital dans l’industrie musicale africaine ? A ce sujet, le fondateur de Guinée Buzz, Mamady Traoré, prend l’exemple sur la covid-19 pour expliquer les raisons qui font que l’absence de concerts en présentielle, « a complètement changé notre façon de consommer l’art musical». Du point de vue de l’animateur culturel, Kevin First, on devrait s’inspirer particulièrement de la méthode nigérianne et ghanéenne pour profiter de l’industrie numérique afin d’asseoir notre domination musicale et cinématographique à travers le monde.
Comme l’écrit André Mathieu dans son célèbre ouvrage Un amour éternel, ‘‘le passé, c’est l’assise du présent et de l’avenir’’, Pépé Koivogui, ancien Directeur du BGDA (Bureau guinéen du droit d’Auteur), « il faut rendre hommage à deux personnalités guinéennes : Bah Sadio et Mory Kanté qui ont marqué la vie de la musique guinéenne à la SASEM », la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique de France. Pour ce faire, le public observe une minute de silence en leur mémoire. Koivogui évoque la notion du droit d’auteur et la genèse au cadre juridique en se basant sur l’historicité de la SASEM pour faire le tour de la question du troisième panel consacré pour l’essentiel à la notion du droit d’auteur et de la genèse au cadre juridique.
La spécialiste des droits d’entreprise, Kankou Fofana, remet en cause l’accessibilité de la loi du 7 juin 2019 pour les types d’art. Elle souligne qu’elle est même méconnue par le grand monde. «Dans la pratique, est-ce qu’on applique cette loi ? Est-ce que les gens connaissent cette loi ?», questionne Mme Fofana pour montrer que cela ne peut être un idéal dans les pays africains, « s’il n’y a pas de moyens humains et surtout de volonté gouvernementale».
Autour du quatrième panel «Comment l’Afrique peut-elle faire face aux défis de la culture durable ?», le concepteur et délégué du Festival Nimba à Lille, Daouda Conté, donne des approches nécessaires «pour que la culture soit efficiente». Car, prévient-il, « si on n’utilise pas la culture à bon escient, on l’utilisera par l’aspect valorisation et de promotion sans qu’elle ne participe significativement à impacter le quotidien de notre vie ».
Et pour conclure le tour des panels, le journaliste Ahmed Tidiane Diallo, de l’hebdomadaire Le Populaire, propose «que les politiques africains aient le courage et la lucidité de s’inscrire dans la durabilité» seule voie pour «stimuler de nouvelles créativités intellectuelles, en se basant sur la croissance démographique du continent et influencer la marche du monde».
Quant à Fatoumata Kouyaté des Lettres Vagabondes, elle met en évidence la réalité et recommande à ne pas ignorer les aspects vitaux tels que : « sensibiliser autour des questions de droits, du social, de la diversité et l’inclusion, la place des femmes, des personnes en situation d’handicape, des personnes atteintes d’albinisme et des orphelins dans le monde de l’art ».
Par Le Dianty