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Procès 28 septembre 2009 : Tallatou Garanké Diallo et Thierno Mamadou Diallo, deux témoins clés du massacre

Tallatou Garanké Diallo et Thierno Mamadou Diallo figurent parmi les nombreux témoins et victimes du massacre perpétré le 28 septembre 2009 sous le régime du capitaine Moussa Dadis Camara.
Tallatou est connu dans les rangs de l’opposition guinéenne comme étant un ancien membre de la garde de feu le doyen Ba Mamadou et spécialiste du maintien de l’ordre au sein de son parti, l’Ufdg. Quant à Thierno Mamadou Diallo, sa photo explique son statut. Elle fait le tour du monde depuis 2009.

A l’audience du tribunal spécial de ce 3 mai 2023 Tallatou a déclaré qu’il avait vu aux abords du stade des Bérets-rouges et d’autres militaires en T-shirts noirs.

A l’arrivée de Moussa Thiégboro Camara, qui était le Secrétaire d’Etat à la présidence de la République chargé des Services spéciaux, de la lutte anti-drogue et du grand banditisme, il l’a vu descendre d’un véhicule pick up en compagnie d’un Béret-vert, et d’un Béret-rouge à côté de la station d’essence de la terrasse du stade du 28-septembre.

C’est à ce moment-là qu’il a été intimé aux manifestants l’ordre de quitter les lieux sinon, ils allaient les massacrer et faire arrêter leurs leaders. Quand les manifestants ont commencé à leur crier dessus, explique Tallatou, les forces de défense et de sécurité ont immédiatement tiré des gaz lacrymogènes sur eux.

Tallatou Garanké Diallo parvient à accéder à la tribune officielle du stade. Il témoigne que les Bérets-rouges sont entrés au stade en tirant des balles. Les autres membres relevant du domaine du maintien de l’ordre de l’Ufdg et lui se sont regroupés pour tenter de protéger leur leader. Mais Tallatou est blessé à la main. Cellou Dalein Diallo et plusieurs autres leaders de politiques sont battus jusqu’au sang par des Bérets-rouges.

Comme lui, Thierno Mamadou Diallo, qui avait été photographié par Cellou Diallo de l’AFP (Agence France Presse), comparaît en qualité de victime devant le tribunal de Dixinn ce 3 mai 2023. Il témoigne avoir été mis aux arrêts à  Hamdallaye-concasseur par des civils armés de couteaux  et jeté dans un pick-up de la gendarmerie qui l’a conduit, avec d’autres victimes. Une fois au stade du 28 septembre, Thierno tente de s’échapper. Il  est rattrapé par des gendarmes habillés en T-shirts noirs (sur la photo de l’AFP) et placé en détention provisoire à l’escadron de la gendarmerie de Hamdallaye. Ses proches ont dû payer de l’argent pour le faire sortir du pays.  Il se réfugie alors au Sénégal où il se fait opérer le pied.

Les autres n’ont pas eu cette chance

Les personnes mortes le 28 septembre, n’ont pas eu la chance de Tallatou et de Thierno Mamadou de faire soigner leurs blessures. Leur nombre exact reste encore à déterminer. Les enquêteurs de l’ONU ont fait état de 157 morts et de centaines de portés disparus. Quant aux autres victimes, 109 femmes ont été cibles de violences sexuelles dont 40 viols et 1 500 blessés.

Le tribunal criminel spécial de Dixinn en charge du procès a été ouvert le 28 septembre 2022. Il est délocalisé à la Cour d’appel de Conakry à Kaloum.

Par Diallo Alpha in Le Populaire du lundi 8 mai 2023

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