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Mon Colonel, le temps, témoin muet des hommes et de l’histoire vous condamne à la réussite (Par Marouane)

L’espoir ne m’a jamais quitté, en attendant de voir les jours meilleurs, je résiste comme bon nombre de Guinéens à la force du discours, à la teneur des mots face à nos maux. Mais avec vous, je réalise l’énormité des défis, la profondeur de notre mal commun. C’est pourquoi, on vous dira que vous n’avez pas droit à l’erreur. Pas besoin de verser dans une littérature de nos maux. Vous en saviez suffisamment ou presque tout. Ce n’est donc pas la peine.
Mon colonel,
Depuis votre prise du pouvoir le 05 septembre dernier, vous vous êtes rendu compte que la charge de Président n’est pas facile. Vous êtes confronté à la dure épreuve de l’exercice du pouvoir. De la difficulté de gérer un peuple aussi comme le nôtre, un pays aussi controversé, imprévisible au mystère propre à lui avec une mentalité en déphasage avec les aspirations de l’heure et les contraintes de notre époque.  C’est difficile, mais vous n’avez pas droit à l’heure et vous n’êtes pas condamné à l’échec. Vous êtes la dernière cartouche. Ne vous trompez pas et ne nous trompons pas. Vous êtes notre dernier espoir de faire renaître un Guinéen nouveau, une Guinée nouvelle de grande espérance, tournée vers l’avenir dont la justice dictera chaque Guinéen.
Mon colonel, 
A votre prise de pouvoir, le bout de phrase qui a retenu l’attention de tous : ‘’ La justice sera la boussole’’.
C’est vrai, notre justice est une gangrène, un cancer voire même notre péché à tous. Mais, mon Colonel, notre pays fait face à un fléau plus dangereux que le manque de justice. C’est notre faiblesse mentale, notre absence de discernement et le manque de raisonnement. A cela, s’ajoute notre manque de foi et la haine de l’autre. Aujourd’hui, vous êtes l’homme le plus averti du pays. En si peu de temps, combien de Guinéens se sont reniés ?
Combien vous font les yeux doux ? On a comme l’impression que le mal de la Guinée, c’est ALPHA CONDÉ seul avec ses Ministres. Alors que, d’une manière à l’autre, notre société a échoué, l’ordre moral a démissionné, c’est une faillite collective. Cependant, le chantier de la refondation de l’Etat passe nécessairement et inéluctablement par le redressement de l’ordre moral, comme d’ailleurs l’indiquent des piliers de votre programme de gouvernance transitoire.
Mon Colonel,
Soyez prudent. Écoutez tous mais parlez moins. Le système que vous voulez renverser par coup de bâton magique est encré dans nos mœurs. Pas facile de s’en débarrasser en un claquement de doigt. Non, c’est utopique d’y croire ! C’est Guinéen. Beaucoup viendront graviter autour de vous, d’autres se feront passer pour des experts et savants sur terre, c’est des haut-parleurs. Ils vous feront dérouter de votre noble mission. C’est des champions en verbiage. Ne les faites pas confiance, mon Colonel.
Parmi ces lots de chercheurs de postes, il y a des casseurs de pieds. Ce sont les vraies punaises à éviter. C’est des donneurs de leçons, des siffleurs dans les oreilles dont leur plus grand talent, c’est l’art de dire tout sur les autres en mal. Évitez ces derniers qui viennent régler des comptes aux autres. La culture de l’État, c’est aussi le sens du pardon, de l’acceptation et de la compréhension. Le pouvoir, c’est pas un spectacle. Les mêmes qui applaudissent aujourd’hui, seront les premiers demain à vous vilipender, à caricaturer et à jeter en pâtures. Je sais que vous êtes mâture pour mieux comprendre, mon Colonel.
Mais surtout, ne vous laissez pas emporter par votre seul instinct. Avant de décider, associez tout le monde, soyez à l’écoute de tous mais pour la décision, faites appel à votre seul arbitrage. C’est la vocation du leader. N’ayez pas peur d’être impopulaire pour le bien général que d’être amorphe et complaisant face au péril collectif par peur d’être apostrophé. Ce pouvoir, vous l’aviez conquis seul avec courage, à vos risques et périls. Vous n’êtes redevable à personne de ce point de vue. Mais il serait suicidaire de l’exercer seul avec vos hommes. C’était une erreur commise par vos prédécesseurs.
Mon Colonel,
Encore une fois, faites moins de promesses. Le Guinéen de nos jours est trop exigeant et moins complaisant. Il sera sans état d’âme demain, pour vous rappeler vos engagements et vous interpeller sur vos missions de départ. Ça sera un début de divorce pour vous avec la masse populaire. Que personne ne vous déroute sur le bon chemin, sur la voie de la reconstruction.
Mais retenez bien, le temps presse contre vous et vous n’avez aucunement droit à l’erreur!
Le temps, témoin muet des hommes et de l’histoire, vous observe avec patience et vous condamne à la réussite. Refusez les combines et les combinaisons des savants qui rôdent autour de vous. Ce sont des dangereux flatteurs et grands des échecs. Ces louangeurs talentueux ont leur propre calendrier. Ils ont la boulimie de gouverner et de se maintenir par tous les moyens.  Faites l’essentiel, organisez des élections libres et transparentes et rendez le pouvoir au vainqueur absolu.  Ça sera le plus grand service rendu à cette belle et grande famille ‘’Guinée’’.
Que Dieu vous bénisse ! Que Dieu protège les Guinéens !
Par Habib Marouane Camara,
Journaliste-chroniqueur et mastorant en sciences politiques à l’université de Sonfonia.

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