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Kalémodou Yansané au colonel Doumbouya : « Pas de démocratie sans liberté de manifestation »

Ce samedi 11 juin 2022 à Conakry, le Vice-président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (Ufdg) s’est adressé directement au chef de la junte au pouvoir pour lui rappeler qu’en démocratie la liberté de manifester est et demeure  un droit fondamental.

Kalémodou Yansané, ancien haut fonctionnaire et vainqueur des élections municipales du 15 décembre 2018 à Matoto à Conakry – recalé par les manœuvres du régime Alpha Condé – a fait cette adresse au cours de l’assemblée générale hebdomadaire de l’Ufdg en sa qualité de président de séance.

  1. Yansané a présenté le bilan à mi-parcours du régime issu du coup d’Etat en ces termes:«en 8 mois le CNRD(au pouvoir depuis le 5 septembre 2021)  n’a rien travaillé pour obtenir une constitution, une loi électorale et un fichier électoral. C’est une manière de dire qu’il ne fait rien pour les élections qui sont synonymes du retour à l’ordre constitutionnel».

Partant de ce bilan, le Vice-président du parti dirigé par l’ancien Premier ministre Cellou Dalein Diallo s’est adressé au colonel Mamadi Doumbouya.

«Je vais dire au président Mamadi Doumbouya qu’il n’y a pas de démocratie sans dialogue. Il n’y a pas de démocratie sans forces discordantes. Il n’y a pas de démocratie sans élections. Il n’y a pas de démocratie sans manifestations. Les autorités actuelles ont donc le choix d’ouvrir un dialogue franc pour éviter les manifestations. À défaut, je les conseillerais de sécuriser les prochaines manifestations pour qu’elles se déroulent sans problèmes.»

  1. Yansané évoque la liberté de manifestation à l’extérieur des enceintes politiques qui est, selon les spécialistes,«un droit fondamental qui obéit, cependant, à certaines règles pour prévenir d’éventuelles atteintes à l’ordre public».

« Aucune marche ne sera autorisée »

L’Ufdg appartient à l’Alliance nationale pour l’alternance démocratique (Anad) et au regroupement des cinquante-huit partis politiques (G58) élargi à plusieurs autres formations politiques prêtes à exercer leur droit de manifester le 23 juin 2022 dans la ville de Conakry et ses deux villes périphériques de Coyah et Dubréka en réponse au mot d’ordre lancé par le Front national pour la défense de la constitution (Fndc), le principal mouvement de la société civile guinéenne pour «une manifestation pacifique». Selon le président du Parti du renouveau et du progrès, Rafiou Sow, «l’objectif de la manifestation pacifique du 23 juin est de réclamer l’établissement d’un cadre de dialogue inclusif et la définition d’un chronogramme de transition acceptable, différent de celui des trois ans proposé par les membres du Conseil national de la transition, l’organe législatif, présidé par Dansa Kourouma».

Le message de M. Yansané au colonel Mamadi Doumbouya laisse entendre que les forces sociales et politiques de Guinée n’obéiront pas à l’interdiction de manifester mentionnée dans le communiqué du Cnrd publié le 13 mai 2022. Quant à elles, les autorités militaires (au pouvoir l’effondrement du régime du régime du 3e mandat) ont répété dans un communiqué officiel l’interdiction de manifester.

Le régime de la junte écrit dans un communiqué publié le 31 mai 2022 que «le CNRD et son président, réitèrent qu’aucune marche ne sera autorisée aussi longtemps que les garanties d’encadrement ne seront pas réunies ». Ce communiqué confirme les termes de celui du 13 mai 2022 précisant, notamment, que l’interdiction de manifestation «de nature à compromettre la quiétude sociale et l’exécution correcte des activités» de la transition demeure en vigueur «jusqu’aux périodes de campagne électorale» dont la date n’est pas encore fixée.

«La Coordination nationale du Fndc regrette cette attitude dictatoriale du Cndr qui, en dépit de toutes les dénonciations et les mises en garde des  ONG de défense des droits de l’homme et des institutions internationales sur les éventuelles conséquences de cette décision sur la bonne marche de la transition, décide de restreindre l’exercice des libertés publiques, réagit le mouvement de la société civile qui appelle au respect «de l’article 8 de la charte de la transition et des traités internationaux auxquels la Guinée a librement souscrit, qui consacrent et garantissent les droits et libertés aux citoyens guinéens».

Le Fndc et les partis politiques sont dans une démarche visant à conduire les autorités militaires à lever cette interdiction.

Dans l’entendement du régime Doumbouya, le  refus de rétablir le droit de manifester s’explique par le fait que pour le moment, le régime ne peut garantir un encadrement correct d’une marche pacifique des forces vives de la nation. Le colonel Mamadi Doumbouya et les ténors de son régime vont-ils reconsidérer leur position et obéir au droit en autorisant les manifestations du 23 juin prochain? Là est la question.

 Par Alpha Abdoulaye Diallo

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