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Tension à la Justice : le ministre Wright dérape, l’AMG le recadre

Au sommet de la justice guinéenne, la tension est vive. Entre le ministre Alphonse Charles Wright, d’un côté, et le président du Tribunal de Commerce Pierre Lamah et l’Association des Magistrats de Guinée (Amg), de l’autre, rien ne va plus.
Le ministre Wright est à l’index pour avoir publié sur les réseaux sociaux, ce 11 août, un acte «donnant injonctions au Procureur général près la Cour d’appel de Conakry, de mettre en mouvement l’action publique contre» le président du tribunal du commerce de Conakry, Pierre Lamah.
Ce qu’il fallait faire …
Outre le fait d’avoir mis «sur des canaux de communication non appropriés, dans le cadre de la mise en mouvement de l’action publique», l’Association des Magistrats de Guinée (Amg) présidée par Mohamed Diawara rappelle au garde des Sceaux, ministre de la Justice et des droits de l’Homme ce qu’il convenait de faire.
Dans une déclaration publiée le 13 août, l’Amg reproche au ministre de n’avoir pas, au «préalable», saisi le Conseil supérieur de la magistrature comme le veut la loi en vigueur, pour faire exercer son droit en tant que ministre de la République et de surcroît garde des Sceaux.
La boussole pour trouver la voie
La déclaration signée de l’actuel Procureur spécial près le tribunal pour enfant de Conakry, le juge Mohamed Diawara, «indique» que la «démarche» du garde des Sceaux Wright «viole foncièrement aussi bien le Code de procédure pénale que la loi organique (…) du 17 mai 2013, portant statut des magistrats» en Guinée qui prévoit en son article 34 que «lorsqu’un crime ou un délit est commis par un magistrat du siège ou du parquet, membre d’une juridiction autre que la Cour suprême, il ne peut être poursuivi que sur avis conforme du Conseil supérieur de la magistrature».
L’Amg trouve que cette «attitude» du ministre Wright à l’égard du président Lamah est tout à fait déplacée.  Elle «porte gravement atteinte à l’institution judiciaire» de la République, écrivent l’Amg et son président Diawara qui a déclaré lors son élection à la tête de l’Amg, le 9 mars 2022, faire du respect du statut des magistrats et de l’institution judiciaire son cheval de bataille.
Et ce qui se passe avec le cas Lamah est une grande Ironie de l’histoire de la justice. En mars dernier, l’Amg qui agit au nom et pour le compte des magistrats de Guinée, avait volé au secours de M. Wright alors Procureur général près la Cour d’Appel de Conakry quand il a été malmené par le Haut commandant de la Gendarmerie nationale et directeur de la Justice militaire, le colonel Balla Samoura, puis, le mardi 29 mars 2022, son véhicule de commandement retiré, peu après sa suspension « avec effet immédiat pour faute disciplinaire » par le ministre de la Justice Me Moriba Koné. Il est aujourd’hui ministre à la place de celui qui l’avait suspendu de ses fonctions.
Question d’honneur
Une fois de plus, sur le chantier de la restauration et de la revalorisation de l’image de marque de la justice guinéenne, l’Amg et son président se montrent intraitables.
Mais, dura lex sed lex. C’est une une question d’honneur. Dans cette situation de tension, les réactions du ministre à l’index et celle du chef de l’Etat indiqueront sur quelle voie véritable la boussole de la transition conduira le pays à partir de la semaine à venir.
Par Le Populaire

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