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Les Etats-Unis sonnent la fin de la récréation : la date ou rien

Mis de côté le langage diplomatique usité en pareille circonstance, le séjour du Sous-secrétaire d’État adjoint des États-Unis aux Affaires africaines, Michael Gonzales, consistait à rappeler à la junte du colonel Mamady Doumbouya et au Premier ministre, Mohamed Béavogui, que la non-publication d’un chronogramme précis de la transition équivaut à un manquement grave aux normes et valeurs démocratiques des pays civilisés.

L’émissaire de l’administration Biden a effectué une mission à Conakry du 1er au 3 décembre de la semaine écoulée. Dans l’ensemble, le séjour conakryen de Michael Gonzales s’est très bien passé. Tout s’est déroulé comme prévu. Les rencontres ont été très instructives.

Partout, le message a été le même : « encourager » les autorités du pays à permettre la tenue d’élections libres et transparentes devant conduire la Guinée sur le chemin de l’ordre constitutionnel. Avec, à la clé – une équipe conduite par un chef qui est l’émanation des résultats issus des urnes et non du trafic des clans et réseaux d’influence de lobbies civilo-militaires tapis dans l’ombre.

Durant les deux dernières années, a fait savoir l’émissaire de l’administration Biden, les Etats-Unis ont été très alarmés par le recul démocratique en Guinée marqué notamment par la répression, l’emprisonnement des membres de l’opposition, et la manipulation constitutionnelle pour maintenir le président en exercice au pouvoir après ses deux mandats successifs.

Au cours de ces dernières années, les échanges avec l’administration Condé consistaient à faire beaucoup plus de pression pour ramener le régime sur la voie démocratique. Lorsque cela n’a pas marché, les Etats-Unis ont été mis dans l’obligation de prendre des sanctions, a indiqué M. Gonzales lors de la conférence de presse organisée, vendredi 3 décembre 2021, dans le jardin de la résidence de l’ambassadeur des Etats-Unis à la cité ministérielle de Donka, commune de Dixinn.

De même, le pays de Joe Biden est très alarmé face au coup d’Etat perpétré le 5 septembre contre le régime civil en place. Toutefois, les Etats-Unis reconnaissent les actes encourageants posés par le nouvel homme fort du pays tels que la libération des prisonniers politiques et les reformes de l’administration.

Toutefois, M. Gonzales fait noter que la plupart du temps quand des militaires écartent un pouvoir civil et s’invitent dans la gestion du pouvoir politique, ce n’est pas pour mettre le pays sur la voie du développement, mais c’est pour confisquer le pouvoir. Idem lorsque la transition prend plus de temps qu’il se doit. L’expérience a prouvé qu’il y a de gros risques que cela conduise à une fin triste au grand malheur du peuple qui a soif de démocratie véritable.

Le constat fait par M. Gonzales est que partout où la transition a été un succès voire un modèle de réussite, c’est dans les pays où elle a été la plus courte possible. Cela explique pour quelle raison évidente les nations civilisées se relayent dans un ballet diplomatique sans précédent pour aider la junte guinéenne à savoir fixer le cap et rester droit dans ses bottes de botteur du régime de l’homme du 3e mandat.

Le sens d’une mission accomplie

Donc, l’heure est aux actes, fait comprendre M. Gonzales qui est venu se rendre compte de la situation sur le terrain et déclare avoir eu des rencontres et des échanges fructueux avec, notamment, les membres du Cnrd et des leaders de la société civile.

Dans cette optique, l’émissaire de l’administration Biden affirme que les Etats-Unis exhortent le Cnrd (Comité nationale de redressement pour le développement) au pouvoir depuis le 5 septembre 2021, à s’engager publiquement et publiquement à mettre en place un processus de retour rapide à l’ordre constitutionnel à travers l’organisation d’élections démocratiques inclusives, libres et transparentes en Guinée.

Si cela est réalisé avec méthode, lorsque le Cnrd présentera solennellement aux Guinéens et à la communauté internationale un calendrier convenable, réaliste et réalisable, les Etats-Unis seront en mesure de soutenir et d’accompagner le processus de transition en cours. Dans le cas contraire, les sanctions ne tarderont pas à pleuvoir sur le régime du Cnrd.

C’est l’essentiel du message communiqué par l’émissaire américain.

A l’évidence, ce pays ami et partenaire de la Guinée, membre du bloc de ceux qui exigent un chronogramme précis de la durée de la junte au pouvoir, soutient les actions menées depuis le putsch du 5 septembre 2021 par la Cedeao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest). Il encourage particulièrement la société civile et les partis politiques à agir le plus rapidement possible pour mettre en place le Cnt (Conseil national de transition). Une institution parlementaire à rendre rapidement opérationnelle afin qu’au seuil de l’année 2022, ses membres légifèrent sur les prérogatives, redéfinissent et recadrent la mission des organes devant parachever la transition.

Pareil pour la justice. Les Etats-Unis encouragent le Cnrd – engagé à faire de la justice sa boussole – à prendre toutes les dispositions utiles pour la tenue du procès sur le dossier massacre du 28 septembre 2009. Du point de vue des Etats-Unis, ce serait là un bon début qui aiderait le pays à commencer à panser ses plaies béantes de crimes impunis. En accordant aux présumés bourreaux et aux victimes la possibilité de se défendre et de connaitre toute la vérité sur ce crime contre l’humanité commis sous le régime du capitaine Moussa Dadis Camara (dont le retour est annoncé à Conakry dans les prochains mois). En termes de retour d’image, le régime de la transition gagnerait en galons.

Dans le miroir de Napoléon

Mais dans cette affaire de chronogramme à annoncer comme celle d’organiser un procès juste et équitable devant mettre fin à l’impunité, il est bon de rappeler qu’au pays des boiteux, il est permis à chacun de penser qu’il marche droit. Sauf que, depuis peu, le paysage africain a été débarrassé de la colonne du syndicat de dirigeants se croyant investis d’un pouvoir messianique qui était habituée à filtrer les moustiques et faire passer les éléphants dans les rendez-vous où se décident le présent et l’avenir de dame démocratie.

Le Cnrd peut continuer à fermer l’oreille aux plaidoyers ou encore à se faire supplier autour de cette affaire de date à annoncer. Cela ne fera pas rétropédaler une communauté de voisins décidée à célébrer dans un bref délai le retour de la Guinée dans le concert des pays à régime issu des urnes. C’est bien cela l’autre sens du message de M. Gonzales.

A l’image de la Cedeao, du Japon, de la France, et des autres nations civilisées, le pays de l’Oncle Sam attend de voir dans le miroir de Napoléon Bonaparte si « les hommes de génie » qui ont échangé avec l’émissaire de Joe Biden, « sont (ou ont l’ambition d’être) des météores destinés à brûler pour éclairer leur siècle » à compter de ce mois, et sans attendre la fin du réveillon.

L’opportunité est belle. Elle  est offerte à la junte de donner une date et bien s’en sortir. C’est sans pareille dans l’histoire récente de la Guinée. Et cela ressemble à une sorte de boulevard à emprunter en tant que sauveur de la démocratie locale, puisque l’environnement international actuel montre que le contraire serait suicidaire. Apriori rien ne permet de souligner que le chat va continuer à se prendre pour un lion à l’intérieur de la maison Guinée. Et aucun bras de fer ne pointe à l’horizon. Pour le moment.

Par Diallo Alpha (Le Populaire)

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