Le 7 mars 2025, le Tribunal du travail de Conakry a vibré au rythme des engagements solennels prononcés par neuf assesseurs, dont huit représentant les employeurs et un représentant les travailleurs. Sous l’égide de Mohamed Diawara, président du tribunal, cette cérémonie s’est révélée non seulement symbolique mais également stratégique pour l’avenir de la justice sociale en Guinée.
Pus en 2024 par arrêté du ministre de la Justice, ces assesseurs arborent une mission essentielle : garantir des décisions justes et légales au sein d’un système judiciaire souvent perçu comme en proie à des lenteurs administratives et à une inégalité d’accès à la justice.
Leur mandat, d’une durée de trois ans, s’inscrit dans une volonté de redynamisation et de revitalisation de la justice du travail, un domaine où l’équilibre entre droits des employés et responsabilités des employeurs est souvent délicat à maintenir.
Le tribunal du travail, n’ayant pas de ministère public, voit la prestation de serment reçue par le parquet territorialement compétent. En l’espèce, c’est le tribunal de première instance de Mafanco qui exerce cette compétence.
De plus, le procureur général près le tribunal de première instance de Mafanco, Salimou Diaby, présent lors de la cérémonie pour ses réquisitions, n’a pas manqué de rappeler aux nouveaux assesseurs l’importance de la neutralité.« La justice ne doit pas seulement être rendue, elle doit également apparaître comme telle », a-t-il déclaré. Cette nécessité de transparence et d’impartialité est d’autant plus cruciale dans un contexte où chaque décision peut avoir des répercussions significatives sur la vie de milliers de travailleurs.
Il a mis l’accent sur les défis éthiques auxquels les assesseurs pourraient être confrontés. Il a averti du poids des tentations et des pressions externes qui pourraient miner leur intégrité. « Votre rôle est de servir la justice, non vos propres intérêts », a-t-il insisté, soulignant l’importance d’un comportement exemplaire pour l’évolution du système judiciaire national.
Le Tribunal du travail, dirigé par Mohamed Diawara depuis près de deux ans, a déjà traité des affaires majeures, mais la carence d’assesseurs avait souvent nécessité des reports d’audiences, créant frustration et désillusion. Avec l’arrivée de ces nouveaux membres, le tribunal espère non seulement alléger son fardeau mais également renforcer sa crédibilité.
A la fin du prêt de serment, le Garde des Sceaux, Yaya Kairaba Kaba, s’est prêté aux questions des journalistes. Il a souligné l’importance de la parité, précisant que la représentation des femmes au sein de ce groupe d’assesseurs est un gage de diversité et de responsabilité. Chaque assesseur, en tant que représentant d’une entité, est appelé à faire preuve d’impartialité et d’indépendance, des qualités essentielles pour un travail collaboratif efficace.
Cette cérémonie de prestation de serment représente un tournant décisif pour le Tribunal du travail de Conakry. Elle incarne une ambition collective de revitaliser une institution qui, longtemps en déclin, aspire désormais à fonctionner avec efficacité et équité. Les neuf assesseurs, désormais investis d’un mandat renouvelable de trois ans, sont appelés à jouer un rôle central dans la quête de justice sociale en Guinée, dans un paysage judiciaire qui attend leur contribution pour redéfinir les contours de l’équilibre entre employeurs et travailleurs.
Le Procureur aux nouveaux assesseurs
Lors de cette audience, le Procureur Diaby n’a pas manqué de mettre en avant l’engagement du président du tribunal, Mohamed Diawara. En sa qualité de président de l’Association des magistrats de Guinée, fait-il savoir, Mohamed Diawara a joué un rôle crucial dans l’amélioration du fonctionnement de cette institution judiciaire, devenue essentielle pour la résolution des litiges entre employés et employeurs dans le pays.
Pour l’équité
Dans le même ton, le Procureur Diaby a adressé un message fort aux nouveaux assesseurs, les exhortant à adhérer aux valeurs fondamentales de responsabilité et d’«intégrité». « Vous devez vous départir de vos sentiments personnels et résister aux sirènes de la corruption », a-t-il déclaré, soulignant l’importance d’un professionnalisme sans faille. Sa mise en garde contre les tentations inhérentes à cette fonction résonne comme un écho aux défis persistants rencontrés dans le système judiciaire d’hier à aujourd’hui.
Quant à lui, le président Diawara, a réaffirmé l’importance cruciale de la parité et de la représentation dans le fonctionnement de l’institution judiciaire. « Ce sont des fonctions légales prévues par les textes et les conventions », a-t-il déclaré, soulignant que le tribunal ne peut statuer sans la présence d’assesseurs représentant à la fois les employeurs et les travailleurs.
Le Président Diawara a évoqué l’historique de la composition des assesseurs, notant qu’auparavant, seuls quatre représentants des employeurs étaient présents parmi douze travailleurs. Dans un souci d’équité, le tribunal a donc jugé nécessaire d’augmenter le nombre d’associés employeurs à douze. Afin de garantir une représentation paritaire: douze-douze. Il a aussi insisté sur l’importance de la représentation féminine au sein du tribunal, en conformité avec les directives du garde des Sceaux.
En intégrant des femmes dans les instances décisionnelles, le tribunal vise à enrichir les délibérations et à renforcer la prise de décisions. Cette approche équilibrée, prônée par Diawara, marque un pas significatif vers une justice plus équitable et inclusive.
Et ce renouveau promet de transformer le paysage judiciaire et d’améliorer l’accès à la justice pour tous, marquant ainsi une nouvelle ère pour le Tribunal. L’engagement de chacun des assesseurs pourrait bien être la clé d’une justice plus équitable et efficace en Guinée.
Par Alpha A. Diallo