EN 1990, Alpha Condé, je le connaissais à travers mon défunt grand frère Kalifa Bayo ; Portos Diallo, était le fruit de Hafia, mon terroir ; Siradjo Diallo, de nom ; Jean Mari Doré, de nom ; Mamadou Bâ, également de nom etc…
Saïdou Diallo de Gaoual me fut présenté par Mr Mamadou Bâ (Banque mondiale) et dès lors, nous nous sommes mutuellement appelés Tököra (homonyme) en devenant de véritable ami et frère, toutefois, loin des yeux près du cœur.
En politique je fus longtemps le bras et bouche armés, de ces précurseurs cités plus haut. Après le référendum, chacun ira de son côté, créer et animer son parti politique. Pour preuve s’il en était besoin, je fus le signataire de la lettre d’information de la première grande marche populaire, voire la dernière vers Kaloum, faite par l’opposition d’alors contre le régime Conté, bien sûr.
Bien plus tard, mon Tököra me présentera avec beaucoup de protocole et de respect, l’entregent qu’il manie avec aisance, son fils Ousmane et je me suis donné d’office l’autorisation d’appeler affectueusement celui-ci, mon neveu.
Aux faits !
Mon introduction a été certes longue, mais j’ai pensé qu’il était utile que je fasse ce préambule, avant d’entamer l’écriture proprement-dite de cette lettre ouverte que j’ai le lourd devoir d’adresser à mon neveu, Ousmane Gaoual Diallo. Devrais-je dire excellence, pour son titre de Ministre, combien ronflant et tout de même distingué mais souvent éphémère ?
Cher neveu,
Evite de continuer à verser dans le fanatisme ! Oui, Dieu existe, le diable aussi et ils se jouent des Hommes, en réalité leurs marionnettes. Dans sa miséricorde, Dieu Lui n’a pas démuni totalement l’Homme, d’autant qu’il lui a donné le libre arbitre, des capteurs, l’intuition, l’expérience pour lire la sainte réalité du moment. Dans le cas précis de la Guinée, il s’agit d’une politique brutale depuis l’indépendance, l’extrait de naissance de notre pays est mauvais. La politique ici, est le choix entre le mal et le pire, ce n’est pas du tout entre le mal et le bien, elle est amorale, la brutalité la régit. Il faut intégrer ces réalités et réaffirmer que les accompagnateurs zélés de la junte dont toi, êtes en train d’aider à donner tout son poids à cette déshonorante analyse, d’ailleurs il est tout à fait évident que le contraire ne saurait prospérer.
En Guinée, le contrat social est fondamental comme on dit, il est nécessaire à la cohésion sociale. Toute chose à encourager et absolument à la portée des décideurs, qui manqueraient cruellement et malheureusement de volonté politique, cette magie. J’avais cru que tu serais cet acteur soutenant la junte, qui irait dans ce sens pour toutes les souffrances sous le règne de terreur du roi Alpha Condé, que tu as subies pour ton pays dans ta chair et ton âme. Mais hélas !
Je prends la mesure du feuilleton intriguant, haletant et hilarant que tu mets en scène en n’ayant aucune idée de comment ça va se terminer et tu ne mesures nullement les gravissimes conséquences, en allant titiller outrageusement l’UFDG. Mais tu n’en as cure, le présent te prend en otage carrément et te détruit insidieusement à ton issu, trop occupé à invectiver. Aussi, loin de moi l’idée de vouloir t’effrayer outre mesure, d’ailleurs tu me répliqueras, la peur, tu ne connais point et c’est cela la raison de ce slogan creux ‘’gorkö soussè’’. Pourtant, il m’est arrivé de te voir tremblant de quelque chose de semblable, sinon de quoi s’agirait-il ?
J’ai appris à mes dépends qu’en Guinée, quand il y a un problème, on achète la solution. C’est triste, alors qu’il nous est dévolu à tous, de faire l’effort en vue de trouver des voies et moyens, afin de changer positivement et définitivement cet état lamentable des choses, qui nous collent à la peau dont vous autres ne mesurez pas toute la perfidie.
Neveu, quoi que vous les fans de MD vouliez nous faire croire, votre mentor est un pire accident de l’histoire de la république de Guinée, d’ailleurs nous en sommes malheureusement habitués. Forcément tôt ou tard, la raison du peuple prendra le dessus et il faut être dans son camp, que d’être dans celui d’une étoile filante.
Le chef suprême de la junte et ses acolytes, au sein desquels tu figures en bonne place, sont soumis à l’anthropologie politique. Le monde entier vous regarde vous dépêtrer dans la bourbe narcissique. Un problème de gouvernementabilité, se pose cruellement en Guinée par la faute des dilettantes de votre espèce, aveuglés par vos seuls intérêts égoïstes, conduisant inéluctablement votre patron à sa perte alors qu’il a toutes les chances d’avoir une meilleure sortie ou fin. DOMMAGE !
Ousmane, tu sembles gagner par le ‘’spleen politique’’, courant ainsi droit vers une humiliation et de façon insensée, tu es sur le point de créer un gros serpent de mer qui engloutira d’un seul trait ton mentor. Ainsi poussé sans discernement, par une ingratitude maladive et une vengeance aveugle pourtant, quel mal as-tu subi, si ce n’est du bien entre autres promotion, pouvoir et respect ?
Nos enfants comme nous, pendant la révolution multiforme et globale, vont être traumatisés à vie et du côté des gouvernants et du côté des gouvernés, nul ne sera épargné par ce mal indescriptible qu’est la dictature. Neveu, est-ce cela ton objectif ?
La vieillesse que nous tentons de fuir tous, source de ce conflit générationnel finira bien par nous rattraper, elle est un processus de dégradation inéluctable, il faut la ralentir en vivant en harmonie avec les choses vraie, notamment la famille, fondement indestructible d’une nation qui se veut bénie, pérenne.
Depuis l’épisode sanglant du malheureux Général ou enfin Colonel Sadiba Koulibaly (paix à son âme), Ousmane, tu devrais faire tienne la patience et l’humilité car, le ver est dans le fruit. Peux-tu te comparer à cet éminent militaire de carrière, qui fut l’intransigeant chef de toute l’Armée et de surcroît, la deuxième personnalité de cette terrible abstraction à multiples têtes, le CNRD ? Que non ! Toutefois, il est venu, il a vu, il n’a pas vaincu et il a péri !
Le vieux monde se meurt, le nouveau tarde à apparaitre ou il est déjà là sans qu’on ne s’en rende compte et dans ce clair-obscur, surgissent les monstres. (Antonio Gramsci). Ces monstres que toi Ousmane et moi Seydou, nous craignons tant et qui nous donnent l’insomnie, peuvent être nous-mêmes incarnés, en de formes diverses et variées, faisons donc gaffe !
Hier, Alpha Condé sévissant à tout va, l’Occident se taisait et maintenant le même Alpha subit l’exil et bien d’autres sévices, l’Occident sait tout mais regarde ailleurs. La RDC agressée par le M23 soutenu militairement par le Rwanda ; l’agression de l’Ukraine par la Russie et le cas de Gaza versus Israël, pour ne citer que ceux-là. Ne sont-ils pas, des exemples patents de ce dérèglement socio-politique qui, dans l’imaginaire nous fait croire de vivre dans un monde moderne et décent, alors qu’en réalité les esprits tordus qui se croient quand même malins à ton image, programment inlassablement et des fois inconsciemment, l’instabilité de notre cher monde de jour en jour. Le grand marabout qui prédit la fin du monde, demande lui où il ira si cela se réalise.
Le darwinisme social dans lequel nous vivons peut entrainer un obscurantisme partiel, ça doit être ton cas donc curable si tu le veux. Seul les plus malins vivent dans les conditions relativement confortables ; relativité, quand tu nous tiens. Pour toi neveu, l’avenir est trop loin et devient inexistant, pourtant tu dois pouvoir raison gardée, éviter de te saborder définitivement et avec toi toute ta descendance. Tu dois plutôt avoir peur d’être mal jugé par la postérité.
Cher neveu, arrête maintenant d’amuser la galerie !
Wassalam !
Ton oncle qui, franchement t’aime bien.
Thierno Seydou Bayo
Conakry, le 13 juillet 2024