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Le régime Doumbouya est enfermé dans une dérive despotique.

Le célèbre avocat William Bourdon ne mâche pas ses mots quand il s’agit de donner son opinion sur le régime établi en Guinée depuis le 5 septembre 2021. Lors d’une interview qu’il a accordée à Eric Bazin pour  «Opinion Internationale», l’avocat qui défend plusieurs victimes de la gouvernance du général Mamadi Doumbouya a déclaré que le régime est enfermé dans une dérive despotique.
A la question de savoir quelles sont ses premières actions en justice, lui qui est l’avocat du FNDC (Front national pour la défense de la constitution) et de familles guinéennes endeuillées, Me William Bourdon
a répondu que son associé, Vincent Brengarth, et lui-même,
ont saisi de nombreuses institutions internationales pour dénoncer la violation des droits humains en Guinée, dont le Procureur de la Cour pénale internationale, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme Michelle Bachelet, le Rapporteur spécial sur le droit de réunion pacifique et d’association… La plainte déposée en France des chefs de complicité d’homicides volontaires ainsi que de tortures, contre le colonel Mamadi Doumbouya, chef de la junte militaire en Guinée, constitue une nouvelle initiative qui s’ins-crit donc dans le prolongement de précédentes alertes.
L’avocat affirme qu’il est bien évidemment irréaliste d’imagi-ner que les juridictions de la Guinée poursuivent des investigations contre la junte militaire. Selon ses déclarations, il faut à son cabinet d’avocats se tourner vers les juridictions internationales compétentes et faire preuve d’inventivité pour que cesse l’impunité de la junte.
Il a ajouté que cette plainte en France fait notamment suite aux décès, tortures, blessures et arrestations survenus à l’occasion des manifestations des jeudi 28 et vendredi 29 juillet et mercredi 17 août 2022.
L’avocat note qu’il ne fait aucun doute que le colonel Mamadi Doumbouya a occupé un rôle central dans la répression actuellement à l’œuvre en Guinée contre le FNDC et ses alliés mais aussi les citoyens pro-démocratie.
En se basant sur les éléments en sa possession, Me William Bourdon révèle que le colonel Mamadi Doumbouya aurait la nationalité française, susceptible d’entraîner la compétence des juridictions françaises pour connaître d’éventuelles poursuites pénales à son encontre. En tout état de cause, ces mêmes juridictions peuvent être compétentes en vertu du principe de compétence universelle, compte tenu de la régularité des venues en France du Colonel Doumbouya.
Il dit disposer outre les rapports d’organisations internationales, des témoignages des familles et du travail réalisé de collecte d’éléments effectué par le FNDC.
Me William Bourdon note avoir été en Guinée à plusieurs reprises même si cela représente une mobilisation significative. Il était naturel pour son cabinet de mettre son expertise en droit pénal international à leur profit et de les accompagner dans leur combat pour la démocratie. Il est impossible de rester insensible à la gravité de la dérive autoritaire à l’œuvre qui s’abat contre tous les militants qui luttent pour la démocratie.
Me William Bourdon rappelle que la gouvernance de Mamadi Doumbouya a pu susciter, lors des premières semaines, une forme d’espoir, après des années de conservation du pouvoir par Alpha Condé. L’épreuve du temps a cependant eu raison de ces espoirs et on assiste à des mécaniques comparables à celles qui étaient à l’œuvre sous le régime d’Alpha Condé. Le régime au pouvoir ne donne aucune indication précise sur le calendrier de transition. Il est enfermé dans une dérive despotique.
L’avocat français pense qu’il est un rouage décisif dans la répression à l’œuvre. Il risque gros. Et il est déjà indispensable que des investigations indépendantes puissent avoir lieu.
A titre de rappel, Me William Bourdon souligne qu’en avril 2020, il a, entre autres initiatives, introduit devant la Cour Pénale Internationale un signalement de faits susceptibles de revêtir la qualification de crimes contre l’humanité au sujet des violences commises sous le régime d’Alpha Condé.
Après le coup d’Etat du 5 septembre 2021, le cabinet qu’il dirige s’est tourné vers les juridictions guinéennes. Cette initiative a abouti à l’annonce, par le procureur général de Conakry, de poursuites contre l’ex-président Alpha Condé et une trentaine d’anciens hauts responsables sous sa présidence, notamment pour assassinats, actes de torture et enlèvements.
Par Racine Dieng

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