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Au XIVe FIMA à RABAT/ J.-P. ELONG MBASSI, Président des Capitales Africaines de la Culture : « La Culture en Afrique retrouve ici toutes ses lettres de noblesse avec le FIMA d’Alphadi »

La XIVe édition du FIMA (Festival International de la Mode en Afrique) s’est ouvert mercredi à Rabat, dans le cadre somptueux du Palais Chellah, en présence de la Première Dame du Cap Vert et d’Olivia YACE, Miss Monde Afrique. Le Président Jean Pierre ELONG MBASSI explique le combat d’ALPHADI pour que la Culture et la mode deviennent un secteur rentable.
De notre envoyé spécial à Rabat,
Bruno FANUCCHI pour AfricaPresse.Paris (APP)
@africa_presse.
AfricaPresse.paris (APP) – Le XIVe FIMA s’ouvre aujourd’hui dans la capitale marocaine et cet événement vous doit beaucoup. Pourquoi et comment Rabat est-elle devenue Capitale Africaine de la Culture ?
Jean Pierre ELONG MBASSI – La décision de faire de Rabat la capitale africaine de la Culture a été prise par les maires et gouverneurs réunis lors de la VIIIe édition du Sommet Afrique Cités, qui a eu lieu en novembre 2018 à Marrakech. En qualité de Secrétaire Général de CGLU (Cités et Gouvernements Locaux Unis d’Afrique) et Président du Programme « Rabat capitale africaine de la Culture », j’ai contacté un certain nombre de personnalités incarnant l’excellence africaine, dont M. Alphadi, qui a accepté aussitôt ma proposition d’accueillir la prochaine édition du FIMA à Rabat.
Il met haut la barre de l’excellence africaine et je l’en remercie. Je me dois de remercier également Sa Majesté le Roi qui a accordé son haut patronage à cet événement, le gouvernement du Maroc et le Wali de Rabat, qui est le président du Comité de pilotage. Nous voilà pour quatre jours au sein du prestigieux Palais Chellah !
APP – Le Palais Chellah, qui accueille le FIMA avec de nombreux invités de marque…
Jean Pierre ELONG MBASSI – Je ne peux citer tout le monde, mais je dois rendre hommage tout d’abord à Mme Déborah Katisa Carvaloh, Première Dame du Cap Vert, qui nous fait l’honneur d’être présente à Rabat et d’avoir accepté d’être la Marraine de cette édition du FIMA. C’est une grande Dame et nous l’en remercions du fond du cœur. Car la vérité m’oblige à dire que la Culture – si longtemps délaissée en Afrique – retrouve aujourd’hui toutes ses lettres de noblesse avec le FIMA d’Alphadi. Son nouveau défi réunit au Maroc tant de personnalités dont la présence nous honore et nous réjouit comme la Togolaise Rebecca Ayoko, qui fut l’une des toutes premières mannequins noires internationalement reconnues, ou l’Ivoirienne Olivia Yacé, couronnée Miss Côte d’Ivoire en septembre 2021 et Miss Monde Afrique le 16 mars dernier.
APP – Que représente pour vous le FIMA ?
Jean Pierre ELONG MBASSI – Cet événement n’est pas seulement la rencontre de la beauté, de l’excellence et de la créativité africaines avec la découverte des tissus, de l’artisanat, de la bijouterie, de la maroquinerie, et même des top-model ! Cette rencontre a une autre essence : c’est de considérer que la mode est un secteur économique de très grande ampleur et que ce secteur a été trop longtemps négligé sur notre Continent, c’est de considérer qu’il y a un besoin d ’Afrique pour le renouvellement de la pensée créative.
C’est pour cela qu’une série de conférences vont être organisées au FIMA pour discuter de la mode comme secteur économique et voir comment les gouvernements africains, mais aussi le secteur privé, peuvent gagner de l’argent et créer des emplois avec la mode. Car la mode, ce n’est pas que de beaux défilés, mais tous les métiers qui participent à la créativité africaine.
Ce besoin d’Afrique est aussi un besoin de renouvellement dans tous les domaines, y compris de la population mondiale. Et la jeunesse est là. Un jeune de moins de 18 ans sur deux sur cette planète vit aujourd’hui en Afrique. Quand on dit que l’Afrique est l’avenir du monde, c’est la vérité de la démographie avant d’être une réalité économique et une vérité historique. Le premier être humain n’est-il pas né sur cette terre ? Voilà le poids et la vérité culturelle de l’Afrique qui doit retrouver toute sa place pour que le monde soit en paix.
APP – Comment expliquez-vous que la Culture ait toujours été l’un des parents pauvres des budgets africains ?
Jean Pierre ELONG MBASSI – La part de la Culture représente 25 % du PIB aux États-Unis, contre 5 % pour l’industrie automobile. Pendant très longtemps, les gens ont considéré que la culture c’était un luxe et que cela n’était pas la peine d’y investir et on l’a ramené au folklore. Y compris dans nos familles. Quand vous voulez vous engager dans l’industrie culturelle et créative, on vous dit : « Monsieur, cherchez un vrai travail ! Vous n’allez pas nourrir votre famille avec ça ».
C’est mal connaître le monde dans lequel nous sommes, où les gens ont besoin de récréation, c’est-à-dire de se recréer chaque jour, de se renouveler et de s’aérer l’esprit. Si l’on ne se divertit pas, on n’est « pas rentable », comme disent les économistes d’aujourd’hui.
APP – Des décisions importantes ont donc été prises à Marrakech ?
Jean Pierre ELONG MBASSI – À Marrakech en 2018, les maires africains ont constaté que la Culture était le maillon manquant des politiques locales, alors que cette Culture est porteuse d’identité, d’estime de soi, mais aussi d’activités économiques et d’emplois. Malheureusement, dans les politiques africaines, la Culture était ce qui reste quand on a déjà tout donné, y compris en termes budgétaires. La plupart des ministères de la Culture sont les les ministères les plus pauvres.
Les maires ont alors décidé que la Culture devait être honorée comme le quatrième pilier du développement durable, et ont décidé de lancer la célébration des Capitales africaines de la Culture.
Cette décision est en droite ligne par rapport à ce que le Royaume fait avec Rabat, capitale culturelle du Maroc, et aussi avec les options mêmes de Sa Majesté le Roi qui est de faire de la Culture l’un des ferments du développement du Maroc.
Vous êtes aujourd’hui au Palais Chellah, sur un des sites classés au patrimoine mondial de l’UNESCO et toute la ville de Rabat elle-même est ainsi classée. Il n’y avait par conséquent pas de meilleur endroit pour lancer les célébrations de « Rabat capitale africaine de la Culture » et organiser cette édition du FIMA.
APP – Pourquoi ce secteur culturel a-t-il été laissé si longtemps à l’abandon ?
Jean Pierre ELONG MBASSI – Parce que l’on avait dit et répété que l’Afrique était essentiellement agricole, assignée à produire des matières premières et à exploiter des mines. Tout ce qui n’est pas tangible, de l’ordre de l’intellect, était donc ce que l’on fait quand on a déjà fait le reste. La Culture était ainsi la dernière roue de la charrette, après l’agriculture, les mines, les ports, les infrastructures avec les routes, etc. Et s’il restait un peu d’argent, on pensait à la culture…
Mais on s’est aperçu que la Culture et plus singulièrement la mode, ce sont de très nombreux métiers qui offrent des tas d’emplois et devraient augmenter les chaînes de valeur. Pour le moment – hélas – la chaîne de valeurs de la culture est captée à l’extérieur de l’Afrique parce que la plupart des investisseurs négligent ce secteur et n’y croient pas. L’Afrique a pourtant quelques milliardaires. C’est donc une révolution culturelle qu’il convient de faire pour que tous les hommes d’affaires comprennent que c’est un secteur où ils peuvent gagner de l’argent.
APP – C’est donc en réalité un secteur qui peut être rentable ?
Jean Pierre ELONG MBASSI – Bien entendu. Pourquoi Jean-Paul Gauthier ou Pierre Bergé ont investi dans la Culture si ce n’est pour gagner de l’argent ? Je n’ai jamais vu un homme d’affaires investir pour perdre de l’argent, je n’ai jamais vu ça ! Il faut donc expliquer que c’est un secteur qui peut être extrêmement rentable, prometteur et certainement l’un des seuls qui peut employer beaucoup de jeunes et de femmes.
APP – Revenons, pour conclure, sur les autres festivités à venir…
Jean Pierre ELONG MBASSI – À cause de la Covid, on a dû différer ces célébrations devant initialement durer deux ans et les réduire sur un an. Elles ont commencé en réalité le 1er juin dernier et se poursuivront jusqu’au 31 mai prochain, voire un peu plus si nos budgets nous le permettent. Il y a deux programmations parallèles : un programme dit marocain, avec une série d’événements en direction de la jeunesse marocaine, pour qu’elle soit davantage connectée avec la culture africaine, et une série d’événements dits panafricains pour magnifier la place de Rabat comme capitale culturelle de l’Afrique.
D’ici à la fin mai, nous allons organiser une quinzaine d’événements à Rabat et parallèlement une semaine marocaine dans cinq villes d’Afrique. Une par région : Nouakchott pour l’Afrique du Nord, Lagos en Afrique de l’Ouest, Libreville ou Kinshasa en Afrique Centrale, Kigali ou Nairobi en Afrique de l’Est, Maputo ou Durban en Afrique australe.
Sans oublier de remercier l’UNESCO pour tout son travail et sa présence ici à Rabat, mais aussi et surtout pour avoir eu le courage en 2019 de proposer la commémoration tous les 24 janvier de la Journée mondiale de la Culture Africaine et afro-descendante (JMCA) qui est désormais fêtée dans le monde entier. Que vous soyez Africains ou amis de l’Afrique, rendez-vous où que vous soyez pour fêter dignement cet événement. Ce qui est très important car nous savons tous que nos racines, c’est notre Culture. Elle nous permet d’être en accord avec nous-mêmes.
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