La mobilisation des populations est visible partout le long de l’autoroute Fidel Catro. Les partisans du régime sont, pour la plupart, habillés en t-shirt à l’effigie du chef de l’Etat. Ils sont massés au bord de la route. En chantant et dansant, ils attendent avec impatience le président de la République, chef de la transition. Ils manifestent leur joie durant toute la journée de ce samedi à Conakry.
De Gbessia au palais présidentiel Mohamed V à Kaloum, ils congratulent «le libérateur» du peuple.
L’homme du 5 septembre 2021 qui vient de prononcer un discours historique à la tribune des Nations unies, le 21 septembre 2023, à New York est accueilli en héros dans les rues de Conakry. A la tribune de l’Onu, le colonel Mamadi Doumbouya présente dans le détail l’état des lieux de la démocratie en Afrique en indexant ce qu’il appelle les « vrais putschistes ». Il a déclaré que ce sont ceux-là qui « manipulent les textes de la Constitution afin de se maintenir éternellement au pouvoir».
Au pouvoir depuis le coup d’Etat du 5 septembre 2021 perpétré contre le troisième mandat du président Alpha Condé, le Colonel a ajouté que c’est le changement de constitution en vue de s’éterniser au pouvoir qui est la cause du coup d’Etat qui l’a conduit à diriger la Guinée d’aujourd’hui.
Agé de 43 ans, il annonce aux occidentaux que « l’Afrique de papa, la vieille Afrique, c’est terminé », a-t-il lancé. C’est le moment de prendre en compte nos droits, de nous donner notre place. Mais aussi et surtout le moment d’arrêter de nous faire la leçon, de nous prendre de haut, d’arrêter de nous traiter comme des enfants.»
Le Colonel a été franc et direct concernant la position de la Guinée actuelle.
«Nous ne sommes ni pros ni anti américains, ni pro ni anti chinois, ni pro ni anti français, ni pro ni anti russes, ni pro ni anti turcs. Nous sommes tout simplement pro africains. C’est tout. Nous mettre sous la coupe de telle ou telle puissance est une insulte, du mépris, du racisme vis-à-vis d’un continent de plus d’un milliard trois cent millions de personnes. Il est important dans cette prestigieuse et influente assemblée que l’on comprenne clairement, définitivement que l’Afrique de papa, la vieille Afrique, c’est terminé.» Le président de la transition a souligné qu’ «avec une population de plus d’un milliard d’africains dont environ 70% de jeunes totalement décomplexés, des jeunes ouverts sur le monde et décidés à prendre leur destin en main, il est venu le moment de prendre conscience que les structures, les règles issues de l’après seconde mondiale, en l’absence de nos Etats qui n’existaient pas encore sont obsolètes. C’est la fin d’une époque déséquilibrée, injuste où nous n’avions pas droit au chapitre. C’est le moment de prendre en compte nos droits, de nous donner notre place. Mais aussi et surtout le moment d’arrêter de nous faire la leçon, d’arrêter de nous traiter comme des enfants. Rassurez-vous, nous sommes suffisamment grands pour savoir ce qui est bien pour nous. Nous sommes suffisamment matures pour définir nos priorités, pour concevoir notre propre modèle qui correspond à notre identité, à la réalité de nos populations, à ce que nous sommes tout simplement. Nous vous serions fort reconnaissant de nous faire confiance et de nous laisser mener notre barque comme vous l’avez permis dans certaines régions du monde. En Asie, au Proche et Moyen Orient. Pour ne citer que ceux-là. Cette infantilisation est du plus mauvais effet pour une jeunesse africaine qui s’est émancipée.»
La Direction de communication et de l’information note que le chef de l’Etat est arrivé aux Etats-Unis «à bord d’un avion de type présidentiel floqué du symbole du Branding national».
Par Ahmed Tidiane Diallo