À Ambition Africa / Dr Anino EMUWA, CEO d’Avandis Consulting : « Nous accompagnons les PME françaises souhaitant investir et s’implanter au Nigeria »

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Par Bruno FANUCCHI pour AfricaPresse.Paris (APP)
@africa_presse

APP – Vous faites partie de l’importante délégation nigériane (plus d’une quarantaine de personnes) présente à la IV^e édition d’Ambition Africa, mais vous vivez en réalité en France. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre parcours d’excellence, à la fois professionnel et associatif?

D^r Anino EMUWA – Nigériane née à Lagos, mais vivant en France, mon port d’attache depuis 2004, je suis la fondatrice d’Avandis, société de consulting en stratégie et finances qui travaille avec les entrepreneurs et les «business leaders».
Mais je suis également la fondatrice d’un important réseau de femmes entrepreneures de haut niveau qui se décline en deux associations Africa Women CEOs Network et 100 Women@Davos. Notre but est de développer le «leadership» chez les femmes leaders en Afrique et dans le monde.

APP – Vous êtes donc une spécialiste de la finance…

D^r Anino EMUWA – En réalité, j ’ai été avant tout dans la banque. Après des études en économie à Londres, à la London School of Economics, j’ai ainsi commencé de travailler avec Citibank, la banque américaine où je m’occupais des crédits pour les grandes entreprises multinationales. Mais j’ai vite compris que les PME en Afrique manquaient d’accès au crédit pour grandir et ont aussi besoin d’accompagnement.

Il y a de grands groupes français présents au Nigeria comme Total Energies, mais les entreprises de taille moyenne ou certaines PME s’intéressent aussi aux opportunités d’affaires au Nigeria. D’où ma présence pour la seconde année consécutive à Ambition Africa. Car nous accompagnons les PME françaises qui souhaitent investir au Nigeria.

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«Les NTIC et Nollywood
pèsent plus que le secteur pétrolier»

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APP – Que vous apporte cette seconde participation à Ambition Africa à Bercy?

D^r Anino EMUWA – Ambition Africa est devenu un rendez-vous incontournable des affaires avec l’Afrique. Cela nous permet deux choses : développer les liens d’affaires entre l’Europe et l’Afrique et plus particulièrement bien sûr entre la France et le Nigeria, c’est du bilatéral; multiplier les contacts avec les «femmes leaders» dans les secteurs qui nous intéressent. C’est essentiellement du networking ou «réseautage», comme on dit en bon français. En deux jours, j’ai eu ainsi de nombreux contacts très positifs – grâce aux rendez-vous organisés en BtoB – avec des entreprises françaises qui souhaitent développer leur business au Nigeria. C’est pour nous une formidable «plus-value».

APP – Dans quels secteurs un grand pays anglophone comme le Nigeria peut-il être vraiment attractif pour les entreprises françaises?

D^r Anino EMUWA – C’est un grand marché qui se développe rapidement et que beaucoup regardent depuis des années sans toujours oser se lancer… Les points forts de notre pays sont bien entendu le secteur pétrolier, mais de plus en plus celui des nouvelles technologies, et aussi le secteur des industries créatives avec la culture, la musique, le cinéma, le design, la mode et les arts.

Autant de secteurs qui marchent et peuvent vraiment rapporter aux investisseurs qui ont le courage de venir chez nous.
Avec un PIB projeté pour 2022 de 445 billions de dollars, le Nigeria est l’économie numéro un en Afrique. Les industries créatives emploient 4,2 millions de personnes et génèrent à elles seules 4,5 billions de dollars avec notamment «Nollywood», l’industrie cinématographique nigériane connue dans le monde entier.

Le secteur technologique représente 18,4% du PIB au second trimestre 2022, avec une croissance de 6,5% en trois mois, une contribution maintenant plus importante que celle du pétrole.

APP – Que pèse aujourd’hui votre société et quels sont les secteurs que vous visez en priorité?

D^r Anino EMUWA – Nous sommes cinq collaborateurs avec un bureau à Lyon et un autre basé à Lagos (Nigeria). Nous faisons donc beaucoup de télétravail et cela marche bien, mais pourrait encore marcher beaucoup mieux. Notre objectif est en effet d’accroître encore nos réseaux. C’est pourquoi nous allons faire un focus dans quelques mois sur le network en ligne.

Pour l’instant, nous mettons l’accent sur les entreprises spécialisées en technologie et dans les services car, dans ce premier secteur du moins, il y a désormais en Afrique des sociétés qui présentent de grands avantages avec des valeurs d’un billion de dollars! Des «Unicornes». Ce ne sont encore que des startups, mais il y a déjà de belles opportunités pour ces entreprises de grandir très vite et il convient d’avoir les moyens de les accompagner.

Nous travaillons donc pour les aider à trouver non seulement les financements nécessaires, mais également les soutiens et solutions en «management development». Les deux sont liés.
Lors de mon doctorat de «Business administration» en financement des PME, fait à Londres, j’ai effectué des recherches précisément sur ces points très sensibles et pointus qui conditionnent la bonne marche d’une entreprise voulant réussir et percer sur le marché.

Le Grand reporter Bruno Fanucchi entouré de deux figures de proue de la délégation nigériane à Ambition Africa 2022 : Chinedu Rita Rosa et Anino Emuwa. © DR

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«Je serai à la french week
en novembre à Lagos»

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APP – Dans ce monde de la finance, n’êtes-vous pas aussi une véritable «globe-trotter»?

D^r Anino EMUWA – Je vis en France, mais mon travail est très international et m’amène à voyager beaucoup entre la France, l’Europe en général, l’Afrique et le Nigeria notamment, mais aussi maintenant les pays du Proche et du Moyen-Orient. La société que j’ai créée il y a sept ans, reste cependant basée à Lyon. Dans notre réseau, quand on fait le «leadership training» en digital, nous avons des femmes venant de plus d’une vingtaine de pays d’Afrique et d’ailleurs. Et, même quand nous sommes sur place, à Londres ou à Davos, nous avons des clients qui viennent de partout.

Quels sont vos prochains rendez-vous importants?

D^r Anino EMUWA – Il y en a deux : en janvier au Forum de Davos (Suisse) bien sûr, où je me rends régulièrement depuis cinq ans, et en mars 2023 à Kigali (Rwanda) où se tiendra la prochaine réunion d’Africa Women CEOs Network, car nous allons travailler désormais avec des partenaires locaux et – je l’espère bien aussi – avec le gouvernement rwandais.

Mais d’ici là, je serai à Lagos du 18 au 24 novembre pour participer à ce que l’on appelle la «french week», c’est-à-dire la réunion annuelle de la Chambre de Commerce franco-nigériane en présence de Son Excellence M^me Emmanuelle Blatmann, ambassadrice de France à Abuja, et d’un certain nombre de grandes sociétés françaises implantées au Nigeria comme Total-Energies, Air France-KLM, Bolloré Transport & Logistics et bien d’autres de taille plus modeste mais qui sont aussi très actives dans notre pays.