Le Professeur Lamarana-Petty Diallo, Président du CERAG-UFDG, offre une analyse éclairante sur les récents résultats de l’évaluation des partis politiques par le Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation. Au cœur des débats, la mise sous réserve de l’UFDG suscite des interrogations quant à l’avenir du parti et aux défis de son organisation interne.
Dans cette interview, le Professeur Diallo évoque les enjeux liés à la tenue d’un congrès, la nécessité d’une réconciliation interne et les perspectives de dialogue pour l’unité au sein de son parti.
Bonne lecture !
Bonjour, Professeur. Les résultats de l’évaluation des partis politiques par le Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation révèlent que l’UFDG (Union des Forces Démocratiques de Guinée) figure parmi les 24 partis mis sous réserve. Quelle est votre réaction ?
Professeur Lamarana-Petty Diallo : Nous nous réjouissons des résultats du MATD. Pour nous, la décision de mise sous réserve, malgré les critiques de certains, est salutaire. Elle évite la suspension du parti. J’y perçois personnellement une forme d’indulgence de la part du Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation. C’est l’une des opportunités qui nous soient offertes.
Votre parti est autorisé à poursuivre ses activités politiques, sous réserve de tenir son congrès dans 45 jours. Que comptez-vous faire ?
En complément de ce que je viens de mentionner, je perçois la décision du MATD sous divers aspects dont je tire trois leçons. Primo, cette décision est davantage une opportunité offerte au parti pour qu’il se ressaisisse qu’une sanction visant à le suspendre ou à le dissoudre. Secundo, elle résulte d’un travail administratif rigoureux et non d’une décision politique, comme certains le prétendent. Tertio, elle représente une alerte invitant à une prise de conscience. Globalement, il convient d’interpréter cette décision comme une seconde chance accordée à un candidat ayant échoué à son examen de passage, lui permettant de bénéficier d’une session de rattrapage. Pour moi, ceux qui affirment ici et là que les résultats du MATD sont influencés par la décision du TPI de Dixinn suspendant les congrès devraient plutôt saisir les 45 jours qui nous sont impartis pour accepter la main tendue du CERAG-UFDG. C’est l’une des meilleures opportunités qui nous sont offertes pour entamer un dialogue en vue de retrouvailles autour d’une table, pouvant mettre fin aux conflits internes.
Savez-vous pourquoi votre formation politique n’a pas été certifiée comme d’autres ? Qu’est-ce qui a manqué, selon vous ?
Les raisons sont probablement nombreuses. La principale étant le non-respect des statuts du parti. Depuis 2015, l’UFDG n’a pas organisé son congrès. Les instances et les mandats sont donc devenus caducs. À cela s’ajoutent des conflits internes, des exclusions abusives, ainsi que la convocation de deux congrès simultanés au sein d’un même parti, preuve de sa désorganisation, pour ne pas dire de son délitement et de sa dégradation.
Comment comptez-vous organiser le congrès de l’UFDG alors qu’il existe deux factions au sein du parti ?
Dans le contexte actuel, aucun congrès n’est envisageable.
Pourquoi ?
Eh bien, la décision du MATD demeure une décision administrative. Autrement dit, c’est une note attribuée à un parti après une évaluation conforme à la loi organique L/91/002/CTRN du 23 décembre 1990, portant organisation et fonctionnement des partis politiques. L’UFDG et le CERAG-UFDG, tout comme le MATD, sont tenus de respecter le jugement n°112 du 28 février 2025, ordonnant à l’UFDG de suspendre tous ses congrès, y compris celui de la présidence. Ce jugement prévaut sur la décision administrative du MATD, car il a été rendu au nom du peuple de Guinée. Dès lors, il ne peut faire l’objet d’aucune voie de recours. Pire encore, chercher à outrepasser ou à violer la décision du TPI de Dixinn exposerait l’UFDG à une dissolution pure et simple. Aucun congrès, donc, avant que le tribunal ne statue sur le fond, comme indiqué dans le verdict.
Ne craignez-vous pas une dissolution de votre parti si l’incompréhension persiste entre les responsables ?
La dissolution est évitable si l’UFDG et le CERAG-UFDG respectent les clauses énoncées par le TPI de Dixinn. Si les deux parties parviennent à mettre fin aux conflits en réintégrant les responsables injustement exclus, et en s’accordant sur un congrès unitaire que nous appelons de tous nos vœux, à travers le dialogue et la bonne foi des uns et des autres.
Aujourd’hui, peut-on s’attendre à une réconciliation entre le camp de Cellou Dalein et celui d’Ousmane Gaoual ?
Je viens de préciser les conditions à remplir. Par ailleurs, le CERAG-UFDG est un mouvement réformateur qui se bat pour l’entente de tous, afin de former une Alliance des Mouvements Réformateurs de l’UFDG en vue d’organiser un congrès unitaire pour réunifier l’UFDG.
Un mot pour clore cette interview ?
Que la raison l’emporte sur les comportements mesquins, sur le nombrilisme et son corollaire de « Si ce n’est moi, c’est le chaos ». Le parti doit être au-dessus des égos. C’est lui seul qui compte. Enfin, l’UFDG doit apprendre à s’adapter pour continuer d’exister, en sortant de l’opposition stérile, c’est-à-dire, s’opposer pour s’opposer.
Je vous remercie.
Tout le plaisir est pour moi.
Interview réalisée
par Malal Diallo,
Aboubacar Fadiga &
Abdoulaye Yanssané.