C’est dans la salle d’embarquement de l’Aéroport international Ahmed Sékou Touré que j’ai entrevu, le 30 octobre 2024, le titre d’un roman. En lecteur curieux, je me suis précipité vers le dieu google pour retrouver le titre. En ce laps de temps, mon voisin de droite s’était empressé de questionner l’occupante du troisième tabouret. Pour sa beauté? Son ouverture d’esprit qui saute à vue d’œil. A fleur de peau dirais-je ? Pour sa conversation facile, sa politesse qu’on rencontre rarement chez nos jeunes générations ?
Mes oreilles indiscrètes m’apprirent dans la conversation, entrecoupée d’un rire qui s’est vite installé entre mes deux voisins, que la jeune dame était l’auteure du livre pour lequel je questionnais google.
Je ne saurais dire par quel mystère, que ce fut au moment même où je découvrais le livre dans google que j’entendis: » C’est moi qui l’ai écrit ». Je répondis spontanément, je viens juste de voir le titre dans mon téléphone. J’enchaînais, comme pour me rassurer ou pour goûter davantage à mon bonheur, « c’est vous qui l’avez écrit » ? Oui, répéta-t-elle. J’ajoutai, je vais me hâter de le commander.
Entre-temps, le roman se retrouve entre trois mains : le curieux jeune homme qui aborde facilement, mais sans arrière-pensée, ai-je compris, ces frêles et angéliques jeunes filles guinéennes, un bien curieux prof de lettres et Mariam, la jeune écrivaine.
Qui est Mariam Goepogui, jeune pousse de la littérature africaine ?
La lumière naissante de nos belles lettres s’appelle Mariam Goepogui, née en 1997 à Conakry. Elle se définit comme fille de Guinée, née d’une harmonie entre la forêt verdoyante et les montagnes du Fouta. Dans ses veines, dit-elle, coule la mémoire de deux mondes qui, ensemble, racontent une Guinée plurielle, riche en histoire et en héritage. Une guinée diverse, mais une.
Mariam a obtenu son Baccalauréat au Lycée Saint Georges, en 2016. Sa licence en droit des affaires à l’Université Nongo Conakry (UNC), en 2019. Un Master en Communication digitale et business à l’Institut Africain de management, (IAM) de Dakar en 2023. Passionnée par la communication digitale et le monde des affaires, elle a également renforcé ses compétences en obtenant des attestations de formation via OtyiTech et Google Numérique.
En jeune fille engagée, et parallèlement à son parcours académique, Mariam s’investit activement dans la défense des droits de l’enfant et de la femme. Elle est cofondatrice de l’ONG Espoir 224, une cause qui lui tient profondément à cœur.
Cette guinéenne, d’une multiculturalité incontestable, goûte dès la tendre enfance à la lecture et ne tarde pas d’allier sa passion du livre à celle de l’informatique. Cette fusion conduit à son premier roman: Destins Entrelacés, paru le 24 octobre 2024, aux Éditions l’Harmattan.
Parlons quelque peu de ce roman
Le roman commence par le quotidien des personnages : au hasard d’une rencontre, qui pourrait faire penser à un coup de foudre. Dès les premières pages, le lecteur est confronté à cette interrogation qui n’en est pas une. C’est à lui d’en découdre. A lui d’aborder la thématique pour savoir comment classer cet excellent premier roman de Mariam Goepogui qui s’amuse, avec une plume alerte, à aiguiser la curiosité.
Au lecteur de voir sous quel angle de lecture peut-il percevoir ce superbe roman autobiographique, d’amour, d’aventure, d’apprentissage, de science-fiction, tout cela à la fois ? Il aura tout le loisir de découvrir ce qu’il en est dans ce roman qui se lit d’un trait et qui met en scène des personnages aux destins croisés. Un destin si enchevêtré qu’on pourrait parler de deux personnages en un. En tout état de cause, il y a quelque chose de kafkaïen en filigrane chez Mariam Goepogui.
Autour des personnages se joue une intrigue sentimentale
L’intrigue sur fond de sentiments bien humains se joue entre ce que j’appelle trois mondes : le monde des affaires, le monde des hommes ordinaires et le monde de la marge, des bas-fonds ou des lieux de mauvaises mœurs. Ces sentiments : amour, jalousie, altruisme, altérité, cupidité, trahison opèrent, se nouent et se dénouent tant entre les personnages principaux: Asmaou et Ismaël qu’entre les personnages secondaires.
Parmi ces derniers : Monsieur Koli, Madame Baldé Halimatou, Mohamed Conté, Blandine Goepogui, Madame Keita Diaka, Aicha Keita, etc. C’est avec empressement que le lecteur va découvrir et cerner chaque protagoniste pour s’y identifier ou s’en éloigner. C’est cela aussi la fonction du roman : nous renvoyer une image, la nôtre ou celle d’un autre. Mariam a su bien manier ses personnages afin qu’aucun lecteur ne soit indifférent.
Une auteure est née. Un talent aussi.
La lumière naissante de la littérature africaine, dire guinéenne, serait simpliste, mérite d’être découverte. Cette jeune auteure fera parler d’elle, je n’en doute point. Et le lecteur lui demandera d’autres écrits.
Mariam Goepogui vient agrandir la lignée de nos écrivains au féminin: Koumanthio Zeinab Diallo, Makémé Konaté, Binta Ann, Maimouna Diakhaby, Aissatou Barry, Irina Condé, Nadine Barry, Aissata Diallo, (de son nom d’écrivaine, Tissou Touré), etc.
Mariam, par une aisance qui lui est propre, montre comment les humains, tiraillés entre des sentiments et des liens sociaux divers, ne peuvent se passer les uns des autres. Cette interdépendance conduit le lecteur à une réflexion sur lui-même ; à un questionnement philosophique et existentiel, sur l’amour, les blessures de la vie, la condition de la femme et bien d’autres. Bref, sur tout ce qui touche à la dimension humaine.
Le lecteur est confronté dans Destins entrelacés, page après page, à lui-même, aux personnages, à leur univers, leur philosophie de la vie… Dans un enchevêtrement limpide se dessinent, se mêlent et s’enchevêtrent des sorts qui rappellent, à bien d’égard, « Noir indigo » de Tierno Monénembo.
Se terminant par une chute, à l’image de la Nouvelle, le roman conduit le lecteur à se poser une continuelle question: y aura-t-il une suite? Resterais-je longtemps suspendu à ma curiosité ? Et c’est encore une autre force de notre lumière naissante qui nous tient en haleine pendant et après la lecture. Et qui, surtout, nourrit l’envie de lire, dans d’autres parutions, la jeune romancière.
Indubitablement, Destins entrelacés enrichit les bibliothèques et s’inscrit dans notre mémoire de simple lecteur et dans notre culture collective.
Pr. Lamarana-Petty DIALLO
Professeur Classe Exceptionnelle de lettres- histoire.