Selon l’OIT, plus de 330 000 employés meurent chaque année dans des accidents qui se produisent dans les mines. C’est pour apporter des réflexions et proposer des pistes de solutions face à cette épineuse question que s’est tenu à Conakry du 4 au 8 septembre la deuxième édition du Congrès Africain sur la sécurité et la santé dans les mines et carrières (CASSMICA) sous le thème : «Quelles stratégies de promotion de santé et sécurité dans les mines et carrières dans l’espace IAPRP : défis et perspectives ?».
L’objectif est de promouvoir une approche stratégique dans la maîtrise globale des risques dans les mines et carrières dans l’espace Inter Africain de la promotion des risques professionnels (IAPRP). C’est la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) qui l’a organisé après le succès du 1er congrès en 2019. Ce congrès a réuni les représentants des pays membres de l’IAPRP que sont le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée Bissau, le Mali, la RDC Congo et le Sénégal.
Dans son discours de bienvenue, le Directeur Général de la CNSS, Bakary Sylla, est revenu sur l’intérêt que sa direction porte pour ce sujet. «Nous mesurons les enjeux de la prévention des risques professionnels pour protéger la santé des travailleurs et réduire les coûts associés aux accidents de travail et aux maladies professionnelles. Nous sommes également conscients qu’elle nécessite la collaboration de l’ensemble des parties prenantes, des directions d’entreprises, aux travailleurs eux-mêmes en passant par les organismes de réglementation et aux experts en sécurité au travail», a-t-il indiqué.
Pour lui, les mines et carrières en tant que pilier économique majeur ne doivent en aucun cas compromettre la santé et la sécurité des travailleurs. «Nous sommes conscients que la santé et la sécurité dans ce secteur ne peuvent être assurées de manière isolée au contraire ils sont des missions qui nécessite l’engagement actif de tous les acteurs impliqués c’est pourquoi nous devrions collaborer étroitement», a conclu M. Bakary Sylla.
Le Secrétaire général de l’IAPRP, Awa Nobou Alphonse, a promis que le CASSMICA sera une activité pérenne. «Notre stratégie pour ce faire est basée sur la mise en place d’observatoire des accidents de travail et professionnel et d’approche sectorielle de promotion. Les activités minières jouent un rôle majeur dans la croissance économique de nos pays. Cependant il est indéniable que ces activités engendrent des défis considérables en sécurité et santé au travail. Nous devrions prendre conscience de l’importance d’instaurer une culture de prévention et de sécurité au sein de nos entreprises», a-t-il insisté.
Dans son discours d’ouverture, le ministre du Travail et de la Fonction publique, Julien Yombouno, a souhaité que ce congrès permette de renforcer la coopération entre les organismes de sécurité sociale et les acteurs de la sécurité et de la santé au travail afin de garantir le respect des normes en milieu professionnel.
«Je tiens particulièrement à souligner que la question cruciale de la sécurité et de la santé au travail dans nos mines est au cœur des préoccupations du gouvernement. Nous reconnaissons l’importance de cette question non seulement pour la prospérité de notre nation, mais aussi pour la protection de nos précieux travailleurs qui contribuent au développement de notre secteur minier. La santé et la sécurité dans les mines ne sont pas seulement une question de conformité réglementaire, mais elles incarnent notre engagement envers le capital humain de notre nation. Les travailleurs de nos mines et carrières sont au cœur du développement économique, et leur bien-être est une priorité absolue», a souligné le ministre.
Les recommandations
Le congrès qui a duré cinq jours a réuni plus de 220 participants venus de 8 pays membres de l’IAPRP.
Les échanges ont été ponctués de conférences-débats, de Panels, de travaux techniques notamment les travaux en commission, des exposés, d’animation de stands. Les participants ont élaboré un rapport synthèse dans lequel ils ont formulé des recommandations dont entre autres : promouvoir des stratégies sectorielles en santé et sécurité au travail, au niveau national dans les mines et carrières ; susciter la participation active des ministère en charge des mines et carrières, de l’environnement et du travail ainsi que les chambres des mines dans les activités du CASSMICA pour améliorer les prises de décisions en santé et sécurité au travail dans les mines et carrières ; améliorer le partage d’expériences et les bonnes pratiques en santé sécurité au travail dans les mines et carrières dans les pays membres du IAPRP ; contribuer à la promotion des stratégies de lutte contre le travail des enfants dans les mines et carrières dans l’espace IAPRP ; Généraliser la création et appuyer les associations des personnes victimes d’accident de travail et maladies professionnelles dans tous les pays de l’IAPRP en vue de contribuer à la promotion de la sécurité santé au travail.
Présidant la cérémonie de clôture, le Premier ministre, chef du gouvernement, Dr Bernard Goumou, a indiqué que les recommandations formulées devraient inciter les pouvoirs publics à prendre des mesures pour renforcer le cadre légal et réglementaire dans les mines et carrières, afin d’encourager les entreprises et les partenaires institutionnels à respecter davantage les normes en milieu de travail.
«Nous croyons fermement que les discussions et les réflexions partagées ici au cours de ces derniers jours se traduisent par des améliorations significatives sur le terrain. Nous sommes déterminés à faire de la sécurité et de la santé du travail, une réalité pour tous les travailleurs des mines et carrières de notre pays et de la sous-région»,a-t-il conclu le Chef du gouvernement. La remise de certificats de satisfécits aux participants a mis fin à cette 2ème édition du CASSMICA.
Par Souleymane Doré