Mes pensées vont aux proches, les familles des disparus de la république, ceux qui mesurent et se confrontent au quotidien à l’absence de votre présence dans leur esprit.
Vos enfants privés de votre autorité parentale de votre affection et guidance
Comme tous les autres concernés des disparitions forcées et autres injustices de
cette nouvelle ère.
Faut-il le dire, la Guinée a déjà essayé l’arbitraire, les disparitions forcées, les
pendaisons et bien de choses depuis son indépendance. Ça nous caractérise
institutionnellement. Qui peut oser le penser à l’aube de cette nouvelle ère.
Toi, Foniké,
Il semble qu’une partie du peuple sinon qu’une grande partie pour laquelle tu t’es
battu à tendance à t’oublier, oublier ton sacrifice contre le troisième mandat. Les
injustices et bien d’autres morts dont nous sommes devenus par la pratique des
choses des spécialistes.
Votre cas me pose un problème de conscience sur le sacrifice qu’on peut faire et
jusqu’où aller au nom de ce peuple que nous chérissons , qui nous habite et nous fait
déloger de tout confort acquis par notre labeur. Nous faits renoncer des jouissances
de la vie telle que la famille , la progéniture dont on néglige si souvent à l’autel de
nos ambitions pour la maison commune.
Toi, à l’image de beaucoup de compagnons des indépendances frappés de rêveries
et finalement ensevelies sous cette terre dans une injustice béante , faisant fi de leur
sacrifice , aucune place leur est réserver dans la mémoire collective , ni une
reconnaissance pour leur bravoure , pis, un hommage.
DIEU, sait combien nous avons des différences de vues, des divergences
fondamentales sur la vue de l’histoire et sa lecture passionnée ou passionnante , tout
autant des valeurs et des principes que nous avons en commun.
Dans cette Guinée où le désaccord a toujours mené dans la tombe sans sommation,
où à subir des sévices sans réparations aucune. J’aimerai rappeler à l’esprit collectif
avec l’exigence qui sied que par rapport à une certaine jeunesse actuellement sous
les parfums de la république, couvées de draps de corruption à certains égards que
vous avez choisi l’honneur , la constance , la simplicité et la beauté de la vie.
Subséquemment, votre être nous manque sur la chaleur d’une citoyenneté
exigeante et de l’engagement incessant vers une Guinée meilleure.
Cet hommage est pour vous et vos compagnons mais aussi tous nos morts , disparus , et autres sacrifiés à chaque phase de notre histoire pour un désaccord ponctuel qui est devenu souvent permanent. Nous sommes par nature dans l’incapacité de construire une zone d’accord, un compromis dynamique sans s’éliminer.
C’est une de nos faiblesses sociale et institutionnelle, s’opposer ne veut pas dire se séparer fondamentalement. Il m’a semblé juste de vous dire si vous me lisez ou un de vos proches , que toute puissance est relative et contextuelle. Tout être à une échéance figée le jour de sa naissance, vous êtes la parmi les meilleures naissances de ce pays , que vous en
soyez convaincu et résigné à le penser au quotidien.
La violence institutionnelle, judiciaire voire même sociale que vous subissez vu
qu’une partie du peuple le justifie n’est pas définitive , c’est pour cette raison unique
Dieu connaissant ses créatures a décidé de les priver d’un pouvoir définitif.
Soyez rassurés que vos chemins vont converger avec la république et que ce jour s’il
est de notre vivant que vous restez si fidèle à ce que vous avez été . Vous l’avez sans doute senti ou ressenti en me lisant que ma confiance est relative , au contact du pouvoir j’ai vu tant de personnes se transformés en fossoyeurs de la république. Qu’il me soit donc permis affectueusement et amicalement de conserver
cette réserve.
Si ce jour arrive ce même peuple qui vous renie, oublie, il faut oser le dire, vous
élèvera et vous dira vous êtes le plus fort , qu’il le savait . N’est-ce pas là la nature
humaine et des relations sociales. L’opportunisme social. Je vous préviens du peuple
dont suis un des membres , il est l’instigateur de toutes les dérives et le confort de
toutes les injustices et dictatures soit par complaisance, opportunisme, indifférence
ou impuissance. La plupart du temps une combinaison de ces quatre malheurs du
pays.
Ce rêve que nous portons pour une vie dont l’horloge s’épuise , est semblable aux
combats de l’époque coloniale , l’époque des droits civiques de la colonisation de la
décolonisation, c’est un rêve qui nous aspire, nous les idéalistes actifs.
Cher Monsieur, si mon respect vous est destiné ce n’est pas pour votre beauté , ni
les couleurs de vos pensées mais par l’amour que j’ai pour une certaine éthique et
élégance intérieure et institutionnelle, un certain respect de la dignité humaine et des
valeurs traditionnelles de tolérance ainsi que du pardon.
Je prie Dieu de vous épargner et préserver votre intégrité morale physique et
intellectuelle Un de vos compatriotes qui pensent à vous et aux autres.
Boubacar Telly Diallo