Le mardi 26 août 2025, à Paris, comme à Antananarivo et à Conakry, restera gravé dans l’histoire comme le jour où le ministère français de la Culture à Paris a enfin remis à leurs descendants le crâne du roi Toera de Madagascar, ainsi que ceux de deux autres membres de sa cour.
Un moment qui, pour certains, pourrait sembler anodin, mais qui, en réalité, marque un jalon crucial dans cette longue et épuisante quête pour faire reconnaître la dignité de nos ancêtres, ces héros silencieux qui ont résisté vaillamment à l’occupation étrangère de leurs États, de leurs royaumes et de leurs entités nationales.
Ces crânes, rapportés en France à la fin du XIXe siècle, comme si nos ancêtres n’avaient pas déjà assez souffert, ont été conservés au Musée de l’Homme, au Trocadéro, comme des trophées d’un passé qu’on aurait préféré oublier. Parmi eux, celui de l’Almamy Bocar Biro Barry, dernier Almamy du Fouta-Djalon, tombé lors de la bataille sanglante de Pettel-Djiga, dans Porédaka, en 1896.
Nos ancêtres, ces cavaliers fiers à l’image du mien, Thierno Oury Bara’at de Karakan, ont combattu pour défendre un royaume théocratique, symbole de notre histoire et de notre fierté. Et aujourd’hui, nous réclamons la restitution du crâne décapité de l’Almamy Biro, comme si la mémoire pouvait ainsi être rachetée. Mais voilà ! Dans ce théâtre de l’absurde, la législation évolue, encourageant la restitution des restes humains issus des collections coloniales. Une occasion en or – ou plutôt en fer – pour réclamer ce qui nous revient de droit. Le crâne de notre héros doit retrouver sa place parmi nous, pour que justice soit faite.
Ignorer cette demande serait non seulement un affront à notre histoire, mais une véritable trahison des valeurs humaines et républicaines que nous sommes censés défendre. C’est une question morale. Une étape nécessaire pour panser les blessures du passé et, comme les Français sont devenus nos cousins, bâtir une réconciliation sincère.
Oui, sans hypocrisie et sans rancune aucune ! Il est temps de faire entendre notre voix !
Il est urgent que chaque mot, chaque geste, compte dans cette lutte légitime ! Les Français nous ont enseigné dans leur école que l’histoire ne se réécrit pas sans effort. Pourtant, certains d’entre nous préfèrent suivre les traces des autres plutôt que de tracer leur propre voie.
À cet égard, restituer cette relique n’est pas simplement une option, mais un devoir moral. Une manière d’honorer la mémoire de nos ancêtres. Alors, levons-nous, car notre dignité en dépend…
À moins que l’indifférence et le fatalisme ne soient le seul héritage que notre génération ait le droit de laisser derrière elle. J’ai dit.
Par Alpha Abdoulaye Diallo in Le Populaire du 1er septembre 2025