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Le CNRD face à l’histoire : Contribution d’un fils, à la refondation de la mère patrie (par Moussa Daraba)

L’avènement du CNRD – la junte militaire au pouvoir en Guinée – annonce une ère nouvelle qui interpelle désormais tous les guinéens, se sentant en capacité d’apporter leur pierre à la construction de l’édifice commun. Une aubaine à saisir pour refaire la Guinée dont nous rêvons. Mais les chantiers sont énormes, puisque l’institution étatique, depuis plusieurs décennies n’a été que l’ombre d’elle-même.

Je ne saurai à cet effet aborder tous les segments à refonder, je n’en suis pas expert. Je reste conscient du fait que notre État, notre Nation, est convalescente et qu’il lui faille des soins.

Dans ce fleuve de défis à relever, quelques cinq axes au total m’interpellent. Et pour ma gouverne, elles restent indispensables pour aboutir à une Guinée refondée.

Qu’il me soit permis, avant de les égrener, de rassurer que cette réflexion n’a nullement la prétention d’être parfaite. C’est le simple apport d’un fils de la République.

1- Des relations entre l’exécutif et les autres institutions constitutionnelles

Ne dit-on pas que la main qui donne est au-dessus de celle qui reçoit ?

Dans la prochaine architecture de notre État, l’exécutif ne devra plus avoir le pouvoir exclusif de doter les autres institutions constitutionnelles de leurs budgets ou d’en donner l’ordre d’exécution. Un mécanisme devra être réfléchi pour permettre à celles-ci de fonctionner indépendamment des humeurs du pouvoir exécutif.

La justice, une institution sensible et centrale, qui reste un des talons d’Achille de la Guinée, devra, après les procédures de contrôle et d’adoption budgétaire, être immédiatement dotée de ressources pour qu’elle fonctionne. Comme l’a souligné en gras, le président du CNRD, le pouvoir judiciaire devra refléter cette boussole qui guidera tous les guinéens. Tant que son sort budgétaire sera défini par l’exécutif, elle lui restera inféodée.

Que dire des autres institutions ? Nul besoin d’être un spécialiste en macroéconomie ou en comptabilité pour suggérer qu’à la fin de chaque exercice budgétaire, soit fait un bilan rigoureux, qui déterminera l’état des finances, l’usage fait des fonds. Le principe de reddition étant consacré par la constitution.

L’ordonnancement des dépenses pourrait être assorti d’une co-signature. Les acteurs seront éventuellement définis par des esprits plus brillants et mieux avertis. La cour des comptes dont le choix du président doit faire l’objet d’une élection pour lui consacrer sa vraie indépendance, devra réguler toutes ces opérations budgétaires.

2- Quid du fonctionnement de l’administration publique ?

Deux fonctions principales lui sont dévolues. Celle d’assurer la production des biens et services non marchands, et celle d’assurer la police administrative qui consiste au maintien de l’ordre. D’autres fonctions lui sont reconnues mais j’ai préféré m’en tenir à cette dualité fonctionnelle.

Par conséquent, le choix de ses agents, vu l’importance des missions qui leur seront assignées, devra obéir à une procédure rigoureusement sélective et non à leurs efforts militants.

Les nominations à la tête des différentes entités, surtout les plus sensibles, comme le trésor public, la banque centrale, la cour des comptes, et à d’autres hautes fonctions : secrétariat général, direction de cabinet, direction nationale ou générale, direction des régies financières doit obéir a minima, à un concours ouvert à tous les guinéens et des tests d’aptitude qui ne reposeront exclusivement que sur le MÉRITE. Des enquêtes de moralité peuvent être la dernière étape à franchir avant l’entrée en fonction.

A l’issue de cette procédure aussi rigoureuse, ceux qui y seront portés, ne se sentiraient redevables qu’à la Guinée et à leurs seules compétences.

3- L’autre chantier, l’éducation civique

Il est préférable de construire des citoyens, que des ponts et chaussées puisque l’investissement le plus sûr est celui fait en l’humain. Mon avis est discutable, heureusement que la conviction n’engage que celui ou celle qui y croit. Je crois en la mienne.

Il faudrait donc repenser notre système éducatif. Bien que discutable, l’école guinéenne enseigne encore la science, mais elle n’éduque plus, elle ne produit plus de citoyens. Pourtant, le meilleur gage pour assurer l’avenir radieux d’un pays reste l’éducation et pas que scientifique, elle doit surtout porter sur l’humain. Apprendre aux jeunes et autres catégories sociales le savoir vivre, stimuler en eux le sentiment de patriotisme, de redevabilité à la Nation, et l’esprit d’initiative en faveur de la communauté.

Le guinéen est devenu haineux et nerveux, du fait de sa condition sociale d’une part et d’autre part du fait des pièges tendus par les politiques. Le champ des relations sociales pourrait être encadré par des instruments juridiques répressifs.

4- Ouvrir le champ politique en instituant les candidatures indépendantes

Les partis politiques orthodoxes ont montré leurs limites depuis l’avènement du multipartisme en Guinée dans les années 90. Ils sont le reflet de nos sociétés, et ont la responsabilité de diriger dans le sens du progrès et de l’unité du pays, les masses populaires.

Les acteurs qui animent cette sphère, la plupart depuis plusieurs décennies à la tête de leurs partis, sont comptables du retard de la Guinée, d’une manière ou d’une autre. Leurs combines, à travers des alliances contre nature, des groupes et lobbies parlementaires qui s’effritent et se raccordent au grand dam du guinéen et selon les intérêts en jeu, des accords signés au mépris de nos lois, sont l’illustration la plus éloquente de la nécessité d’ouvrir le champ démocratique.

Les candidatures indépendantes peuvent à cet effet incarner un sérieux contrepoids. Ainsi, dans des institutions comme la présidence de la République et l’Assemblée nationale, le choix sera donné aux guinéens de se faire représenter par leurs concitoyens, qu’ils estiment à même de mieux porter leur voix.

5- L’État guinéen doit refaire son branding

L’image de l’État guinéen est souillée. Il paraît plus aux yeux des populations comme une machine à les broyer et à les appauvrir, qu’une institution censée les protéger et promouvoir leurs activités, par le partage équitable des richesses notamment. Aussi, son action est guidée par le fait, que ses acteurs ne se sont jamais véritablement souciés de ce que les populations pensent d’eux et des actions qu’ils entreprennent.

Un dépositaire de l’autorité publique, quelle qu’en soit la portion, doit être le premier bon exemple, l’émissaire d’un État présent, pas que par ses muscles, mais par sa compassion, par son sens de l’écoute et de l’action en faveur des gouvernés. Des initiatives doivent être prises à cet effet en vue d’une remobilisation nationale qui rassurera tous les fils et filles du pays d’être chez eux et de s’y sentir protégés.

Ça y va de la légitimité de la République
Ça y va de sa crédibilité
Ça y va de sa survie.
La Guinée mérite mieux.

Moussa Daraba
Journaliste

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