Le 27 février 2025, la Cour de répression des infractions économiques et financières (Crief) a rendu son verdict dans une affaire qui a tenu en haleine la Guinée depuis avril 2022. L’ancien Premier ministre Ibrahima Kassory Fofana, qui a occupé ce poste sous le régime d’Alpha Condé, a été condamné à cinq ans de prison pour avoir siphonné jusqu’à 15 milliards de francs guinéens des fonds destinés à des programmes sociaux. Lisez !
Le 27 février dernier, la Cour de répression des infractions économiques et financières (Crief) a prononcé son jugement dans une affaire qui a captivé l’attention de la Guinée durant de longs mois. Ibrahima Kassory Fofana, ancien Premier ministre sous le régime d’Alpha Condé, a été condamné à une peine de cinq ans d’emprisonnement pour des faits de détournement de deniers publics, d’enrichissement illicite et de blanchiment de capitaux. Ce jugement a été prononcé en l’absence de l’accusé, qui dénonce un « procès politique ».
La Crief, un tribunal spécial instauré après le coup d’État militaire de 2021, a infligé à Kassory Fofana une amende de 2 milliards de francs guinéens après l’avoir reconnu coupable d’avoir siphonné jusqu’à 15 milliards de francs guinéens des fonds destinés à des programmes sociaux, y compris ceux mis en place durant la pandémie de COVID-19.
Arrêté en avril 2022, Kassory Fofana clame son innocence, qualifiant les poursuites de campagne de dénigrement orchestrée à son encontre. Son procès, prolongé par des problèmes de santé, a soulevé des interrogations sur l’équité du système judiciaire guinéen, d’autant plus que ses demandes de soins à l’étranger ont été systématiquement rejetées.
La Guinée se trouve à un carrefour délicat, à l’instar de plusieurs pays de l’Afrique de l’Ouest comme le Mali et le Niger, où les coups d’État militaires ont redéfini le paysage politique. Le colonel Mamadi Doumbouya, à la tête de la junte, a promis de lutter contre la corruption et la mauvaise gouvernance. Cependant, des organisations de défense des droits humains mettent en garde contre une répression croissante des libertés, remettant en question les réelles intentions de cette transition. Le cas Kassory, emblématique de ces tensions, révèle les fractures au sein d’une nation en quête de justice tout en naviguant entre promesses et réalités de pouvoir.
Par Gordio Kane