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Drame du stade de Nzérékoré : Un cri de douleur, un serment de justice

Il convient dans le contexte funeste actuel d’endosser encore une fois la responsabilité très inconfortable de dénoncer le cynisme et la traîtrise de ceux qui continuent à confisquer le destin collectif des guinéens.

Pour rappel, le gouvernorat de Conakry a communiqué ce 15 décembre 2024 sur le lancement d’un autre tournoi de “La Refondation”, qui se déroulera du 17 décembre au 04 Janvier 2025, alors que les tombes des victimes de Nzérékoré sont encore fraîches, sans qu’aucun responsable, à date ne soit inculpé par la justice.

Et pourtant ! Le stade préfectoral du 3 avril de Nzérékoré, dont la construction est arrêtée depuis 2010, a été récemment le théâtre d’un carnage indicible. Plus de 150 âmes fauchées, selon les organisations des droits de l’homme. 150 vies broyées dans la fureur d’une tragédie que le pouvoir réduit cyniquement à 56 victimes. Un chiffre froid et distant, insultant la mémoire des disparus et la douleur des familles. Ce drame de Nzérékoré n’est pas un accident. C’est la funeste conséquence de l’irresponsabilité et du cynisme qui gangrènent ceux qui prétendent gouverner la Guinée. C’est le visage hideux d’une politique du pire, qui piétine l’histoire depuis l’indépendance et bafoue l’espoir.

« Plus jamais ça ! », avait promis le CNRD le 05 septembre 2021. Des mots vides, balayés par le vent de la trahison. La justice, brandie comme un étendard, s’est muée en une parodie macabre. On devait « faire l’amour » à la Guinée ; on la viole depuis trois ans avec une violence inouïe.

Cynisme ! Trahison ! Ces mots résonnent comme un glas funèbre. Ils hantent les consciences et déchirent le voile des illusions. Les âmes averties nous avaient prévenus. Nous y avons pourtant  cru, avec d’autres, qu’il fallait laisser une chance à ces militaires, les accompagner sur le chemin d’un avenir meilleur. La Nouvelle Donne a agit dans ce sens au plus hauts lieux en France notamment. Aujourd’hui, l’amertume est à la hauteur de la désillusion. L’équation politique imposée au pays est un labyrinthe obscur, une spirale infernale qui nous mène droit au désastre. Le CNRD avance masqué, au propre comme au figuré, entouré d’une cour de profiteurs, prêts à sacrifier l’intérêt national sur l’autel de leurs ambitions personnelles.

Le spectre de la traîtrise plane, comme toujours, sur la Guinée. Hier, on l’instrumentalisait pour persécuter des patriotes sincères. Aujourd’hui, elle se pare des oripeaux de la légitimité pour justifier l’injustifiable. Les récentes déclarations publiques sur les médias de MM. Bah Oury (interview radio RFI[1]), Kabiné Komara (sur mosaiqueguinee.com[2]) et Abdoulaye Condé (sur mediaguinee.com[3]), pathétiques tentatives de blanchiment du CNRD et son président, apparemment candidat non déclaré aux prochaines élections, sont une insulte à la mémoire des victimes du stade de Nzérékoré, une trahison envers le peuple guinéen. L’un, actuel Premier ministre et cofondateur de l’Organisation Guinéenne des Droits de l’Homme, le second,  confirmant ainsi le statut de conseiller occulte, était Premier ministre au moment du drame du 28 Septembre 2009. Et le dernier, ex-journaliste, soutient d’alors du régime du président Alpha Condé, aujourd’hui thuriféraire du pouvoir de la junte du CNRD. Leurs paroles empoisonnées souillent la vérité et alimentent le cycle infernal de l’impunité.

Cynisme ! Trahison ! Ces mots brûlent comme une blessure ouverte. Ils expriment la rage et le désespoir face à l’inacceptable. Nzérékoré, et toute la Guinée, ne méritent pas ce calvaire. Un de nos membres a arpenté cette terre forestière en août dernier, a vibré au rythme de ses villages, a partagé la fraternité de ses habitants. Il a alors vu la misère ronger nos frontières face à la rutilante Côte d’Ivoire, nos forêts devenues clairières, agressées quotidiennement par les activités, en particulier de l’entreprise Forêt Forte qui transporte ses employés comme du bétail dans des camions bâchés, l’indifférence et la complicité des autorités face cette souffrance. Le peuple guinéen n’est pas résigné, il est meurtri, blessé au plus profond de son âme.

Pendant que les fastes et les cérémonies s’enchaînent, pendant que les ministres omniprésents paradent et que le chef de la junte reste silencieux face au deuil national, pendant que le Premier ministre, au nom du gouvernement, minimise l’ampleur de la tragédie et que les « sages » autoproclamés cautionnent l’indécence, le peuple pleure ses morts.

L’économie guinéenne, confisquée par une poignée de privilégiés, affiche des chiffres trompeurs axés sur le seul taux de croissance macroéconomique et non sur le mieux parlant indice de développement, masquant une réalité crue : 43% des guinéens, selon les chiffres mêmes du gouvernement, vivent en dessous du seuil national de pauvreté qui est estimé à 16 423 GNF/personne/jour (1,6 €) en 2020. Au gré des visites du FMI et de la Banque Mondiale, on nous distille croissance par ci, inflation maîtrisée par là, mais les familles peinent à survivre. On nous promet des omelettes, fruit de nos mines et du projet Simandou opportunément inséré dans une virtuelle et très fumeuse vision Simandou 2040, mais on ne voit que les œufs brisés.

La Guinée est prisonnière d’une gueule de bois permanente, entretenue par un pouvoir qui s’accroche à ses privilèges. On muselle les contre pouvoirs, on bâillonne la presse, on intimide la société civile. Le pouvoir solitaire du CNRD, illustré par une avalanche de décrets (record battu de loin !), ignore le dialogue et piétine l’inclusion. Le CNT, simple chambre d’enregistrement, applaudit béatement le spectacle. Son président, M. Dansa Kourouma, nommé par la junte, ne s’est toujours pas rendu au chevet des victimes de Nzérékoré, et ose affirmer lors de la présentation du projet de Budget National 2025 que le peuple « continue de croire » en un avenir meilleur. Pire, il n’a pas hésité à se précipiter le 15 Décembre à Paris, sur deniers publics guinéens, accompagné de M. Sorel Keita, conseiller au CNT, pour recevoir “le prix de l’africaniste” décerné par une simple association Loi 1901 d’Île de France, et créée il y a tout juste 2 ans, au nom grandiloquent de Haut-commissariat des diasporas africaines de France[4]. Un cynisme glaçant !

On n’arrêtera pas d’insister: la haine ne construira rien ! Dit autrement, elle ne construira que le Néant ! Elle ne fera qu’entraîner la Guinée dans l’abîme. Le passé continue de hanter le présent. La Guinée n’est pas faite d’une page blanche, elle a une histoire. Les images du Colonel, chef des forces spéciales, devenu Général de corps d’armée,  traînant les corps de ses frères d’armes de l’arrière d’une pick-up suite à la mutinerie de Kindia de Juillet 2020, sont gravées dans les mémoires. La complaisance envers les forces de défense et de sécurité, violentes, kidnappant les voix dissonantes, maintient le pays dans un état de narco-corruption.

Mais, heureusement que tout a une fin ! L’homme est condamné à être libre, disait un écrivain. La Guinée est construite sur cette notion. En témoigne son hymne: Liberté ! Bien que ses dirigeants successifs ont trahi cet idéal. Les Guinéens retrouveront leur pays, meurtri et en lambeaux certes, mais debout. Les tyrans tomberont, comme hier Sékou Touré, Lansana Conté, Dadis Camara et plus récemment Alpha Condé. L’espoir renaîtra des cendres de la douleur. La justice triomphera du cynisme et de la trahison.

Déclaration faite le 18 Décembre 2024
La Nouvelle Donne

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