Portrait des 15 parmi les 27 personnalités du régime Alpha Condé poursuivies pour «assassinat et complicité de meurtre et d’assassinat ».
Le Procureur général de la Cour d’appel de Conakry Alphonse Charles Wright a annoncé le 4 mai 2022 le déclenchement de poursuites judiciaires contre 27 personnalités du régime du 3e mandat pour de crimes de sang commis dans le contexte du double scrutin référendaire et présidentiel en 2020.
Alpha Condé, Mohamed Lamine Bangoura, Dr Mohamed Diané, Amadou Damaro Camara, Naby Youssouf Kiridi Bangoura, Claude Kory Kondiano, Damantang Albert Camara, Ibrahima Kalil Kaba, Tibou Camara, Mouctar Diallo, Général Bouréma Condé, Sanoussy Bantama Sow, Zeinab Camara, Domani Doré, et Général de division Toumany Sangaré et les autres présumés criminels ne sont plus à présenter.
Ils sont connus du grand public pour avoir été des acteurs de premier plan. Portrait des quinze décideurs perchés dans les hautes sphères du pouvoir exécutif, administratif, économique, financier et législatif durant le régime déchu.
Alpha Condé. Opposant historique tel qu’il aime à se présenter lui-même, il est le principal responsable du crime de sang perpétré sous son magistère de 2010 à 2021. L’ancien chef d’Etat réside actuellement à Conakry après un séjour médical à Abu Dhabi aux Emirats Arabes Unis.
Mohamed Lamine Bangoura. Universitaire, ancien membre de l’équipe de feu Kèlèfa Sall premier président de la Cour Constitutionnelle de Guinée. L’avènement de Mohamed Lamine Bangoura à la tête de la Cour Constitutionnelle a dégagé l’obstacle constitutionnel de la réalisation du 3e mandat en faveur d’Alpha Condé.
Dr Mohamed Diané. Universitaire lui aussi comme le président de la Cour Constitutionnelle pro-3è-mandat, cet ancien gardien du temple RPG était dans les faits le principal numéro deux du régime Alpha Condé. Il a géré les portefeuilles de ministre d’Etat et de ministre de la Défense nationale. Il compte de nombreux immeubles et villas acquis durant ces dix dernières années à Conakry et dans les villes les plus touristiques de la Guinée.
Amadou Damaro Camara. Sécurocrate, grand tribun, ancien président du groupe parlementaire Rpg, il est le dernier président de l’Assemblée nationale de l’ère Alpha Condé.
Naby Youssouf Kiridi Bangou-ra. Sociologue et écrivain, ancien cacique du régime Lansana Conté, il a tenu le Secrétariat général de la Présidence durant le règne Alpha Condé.
Claude Kory Kondiano. Brillant économiste et formateur en comptabilité, cet apparatchik du RPG originel, toujours resté loyal au parti, a précédé Amadou Damaro Camara à la présidence de l’Assemblée nationale.
Damantang Albert Camara. Ancien employé de Total Guinée, il a été le porte-parole du gouvernement. Son dernier poste occupé a été celui de ministre de la Sécurité et de la protection civile.
Ibrahima Kalil Kaba. Mathématicien formé aux Etats-Unis, il a occupé le poste stratégique de directeur de Cabinet à la présidence avant d’être fait ministre des Affaires Etrangères et des Guinéens de l’étranger.
Tibou Camara. Journaliste, il a été ministre sous le régime Conté, puis ministre d’Etat, ministre conseiller spécial d’Alpha Condé, ministre de l’Industrie et porte-parole du gouvernement.
Mouctar Diallo. Activiste, leader de modeste formation politique dénommée NFD, il a été ministre de l’Elevage dans le gouvernement de la Transition de 2010. Sous Alpha Condé, il a bénéficié d’un décret pour occuper les fonctions de ministre de la Jeunesse.
Général Bouréma Condé. Militaire de profession, il a été préfet puis gouverneur de région. Malgré sa réputation de botteur de fesses de militants du RPG, il a occupé le poste de ministre de l’Administration du territoire jusqu’à la chute du régime Alpha Condé.
Sanoussy Bantama Sow. Membre de l’aile dure du RPG, cet ancien ministre des Sports et de la Culture fait partie des principaux lieutenants qu’Alpha Condé a fait fuir le pays durant les années Conté. Réfugié aux Etats-Unis, il a rejoint le pays à la faveur des élections présidentielles de 2010. Depuis, il fait partie du cercle des incontournables du régime Condé et du Rpg Arc-en-ciel.
Zeinab Camara. Présidente du Women in mining et du club de football Fatala FC, elle a été cheffe de Cabinet du ministère de l’Enseignement supérieur et député de la préfecture de Boffa pour le compte du RPG dans le parlement dirigé par Damaro Camara.
Domani Doré. Ancienne membre du secrétariat de la compagnie Batax-Bouna International dirigée par l’homme d’affaires Elhadj Bouna Kéita, elle a été députée à l’Assemblée nationale et fait actuellement partie du groupe des porte-voix du RPG.
Général de division Toumany Sangaré. Paramilitaire, ce soldat de l’économie a été Directeur général des Douanes durant le régime déchu.
Les autres coaccusés
Ils sont 27 personnalités sur la liste des accusés de crime de sang publiée par le procureur. Il s’agit, entre autres, « des atteintes volontaires à la vie humaine notamment le meurtre, assassinat et complicité de meurtre et d’assassinat, des atteintes involontaires à la vie et complicité d’atteinte involontaire à la vie et de complicité, des atteintes à la personne constituées par les disparitions forcées, détention, enlèvement ou tout autre forme de privation de liberté et de complicité, des atteintes volontaires à l’intégrité physique ou psychique de la personne, la torture ou traitements cruels inhumains ou dégradants et de complicité ».
Leurs autres coaccusés sont les anciens députés de la dernière législature Alhousseny Makanéra Kaké et Souleymane Dounoh Keita, l’ancien Premier ministre Kassory Fofana, l’ancien Haut commandant de la Gendarmerie nationale général Ibrahima Baldé, l’ancien Directeur général de la police général Ansoumane Camara alias Baffoé, l’ancien Directeur central de la police judiciaire, le contrôleur général Aboubacar Fabou Camara, l’ancien Commandant de la Brigade d’intervention rapide, Mohamed Lamine Simakan, l’ancien Gouverneur de Labé, Madifing Diané, l’ancien Préfet de Coyah Aziz Diop, l’ancien Directeur général du Fond d’entretien routier Souleymane Traoré, les anciens ministre Alpha Ibrahima Keira de la Sécurité et de la protection civile, Zénab Nabaya Dramé de l’Enseignement technique et de la formation professionnelle, la dame citée dans le scandale portant sur un détournement de 200 milliards de FG.
Par Gordio Kane