Le collectif des avocats du président de l’AMG (Association des magistrats de Guinée) déclare qu’en lieu et place de lui accorder son pardon, c’est plutôt à Alphonse Charles Wright de demander pardon au magistrat Mohamed Diawara pour l’avoir «illégalement sus-pendu» de ses fonctions.
«Ce mercredi 19 juillet 2023, Monsieur Alphonse Charles Wright, Ministre de la Justice, Garde des Sceaux et des droits de l’Homme, a, lors d’un point de presse, déclaré pardonner les magistrats suspendus pour des faits de corruption et annoncé la levée de leur suspen-sion», écrit le collectif dans un communiqué de presse publié le même jour.
Le Garde des Sceaux, Alphonse Charles Wright, s’exprimait le 19 juillet 2023, à l’occasion de la présentation du Prix International Padel 2023 remporté au Maroc et qui le sacre Meilleur Ministre de la justice et super Grand prix de mérite et de l’excellence de nov’afrique.
Il a déclaré en substance que « quand on est modèle africain, il faut être modèle de pardon. Ce moment de pardon, chez moi, doit commencer afin d’accepter la faute des autres. Kpogomou (Abdoulaye Israël, Nldr), je lui pardonne. Je prends le cas de Diawara (Mohamed, Nldr) , je leur pardonne tous. Sur ce, je pardonne tout le monde.»
En réaction à cette sortie médiatique, le collectif écrit qu’il «re-grette que le nom de M. Mohamed Diawara ait été cité, à l’occasion, parmi ces magistrats alors que le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) a, à son audience du 15 décembre 2022, rendu la décision N° 008/2022 rejetant, en la forme, com-me irrecevable, la saisine directe formulée à son encontre».
Le CSM a déjà blanchi Mohamed Diawara
Le collectif «condamne cette déclaration qui, en plus de souiller l’honneur et la considération de M. Mohamed Diawara, méprise l’autorité et la portée des décisions de la formation disci-plinaire» du CSM, souligne le communiqué.
Les avocats ajoutent que «mal-gré l’intervention de cette décision prise en faveur de» leur client, «ce dernier n’est toujours pas rétabli dans ses droits du fait de l’arrêté de suspension illégale et arbitraire pris contre lui, le 16 août 2022», par M. Wright.
En conclusion, la victime du ministre «rejette le pardon de M.Alphonse Charles Wright qui ne vaut pas mieux que la décision de la formation disciplinaire du CSM l’ayant débouté».
Et pour boucler la boucle, le collectif des avocats, composé de Me Pépé Antoine Lama et Me Almamy Samory Traoré AST, note que M. Diawara «est un magistrat exemplaire qui ne s’est jamais associé à une quelconque pratique contraire à l’honneur, à la dignité de sa profession ou à son serment de magistrat». Il «est d’ailleurs disposé à le pardonner à cause de Dieu et pour le bien-être de la Justice de son pays». Mais, «c’est plutôt M. Alphonse Charles Wright qui doit demander, publiquement, pardon à M.Mohamed Diawara pour l’avoir illégalement suspendu et maintenu dans cette situation malgré l’intervention de la décision du CSM qui le blanchit..