« Nous avons les compétences, la volonté et l’expertise nécessaires pour bâtir la Guinée. Il est temps que les entreprises locales soient reconnues comme des acteurs incontournables du développement national. » C’est avec cette conviction que Kékoura Touré, président de la Fédération nationale des Bâtiments et Travaux Publics (BTP) de Guinée, a lancé un appel aux autorités et aux partenaires du secteur. Le BTP est l’un des piliers du développement socio-économique de la Guinée. Routes, ponts, logements sociaux, infrastructures énergétiques : autant de projets indispensables à la modernisation du pays. « Nous ne pouvons pas parler de développement sans infrastructures de qualité. Et ces infrastructures doivent être construites par des entreprises nationales capables de créer de la valeur et des emplois sur place », insiste Kékoura Touré.
Pourtant, le secteur est confronté à des défis majeurs : accès difficile aux financements, faible implication dans les grands chantiers et une concurrence inégale face aux multinationales mieux structurées. C’est dans cette optique que la fédération a décidé de jouer un rôle plus actif, en plaidant pour une politique qui favorise l’intégration des entreprises locales dans les projets d’envergure.
Renforcer les entreprises locales
« Nous devons être prêts à relever le défi. Le gouvernement peut nous soutenir, mais c’est à nous, entrepreneurs, d’élever nos standards et de montrer que nous sommes à la hauteur », affirme Kékoura Touré. Pour cela, plusieurs axes sont prioritaires :
- La professionnalisation du secteur, avec des entreprises mieux organisées et respectant les normes internationales.
- Un accès facilité au crédit, pour permettre aux entreprises locales d’investir dans du matériel moderne et d’honorer leurs contrats dans les délais.
- Un cadre réglementaire plus incitatif, encourageant la sous-traitance locale et la préférence nationale dans les marchés publics.
Une opportunité à saisir
L’exploitation du gigantesque gisement de fer de Simandou représente un tournant pour la Guinée. La construction d’un chemin de fer de 670 km et d’un port en eau profonde à Forécariah offre des opportunités sans précédent pour le BTP national. « Nous devons être au cœur de ce projet ! Il n’est pas question que Simandou soit un simple passage pour des entreprises étrangères pendant que nos compétences locales restent sous-exploitées », martèle le président de la fédération.
L’intégration des entreprises guinéennes dans ce projet passe par une mobilisation collective et un engagement des autorités à garantir des parts de marché aux acteurs nationaux. Pour faire face aux exigences des grands projets, la fédération met également un accent particulier sur la formation. « Nous ne voulons pas seulement construire des routes, nous voulons construire des carrières et des compétences durables », souligne Kékoura Touré.
Le défi est clair : combler le déficit de main-d’œuvre qualifiée par des programmes adaptés aux besoins du secteur. En renforçant la formation technique et en encourageant les jeunes à s’orienter vers les métiers du BTP, la Guinée pourra compter sur une génération de bâtisseurs compétents et ambitieux.
L’initiative de la Fédération nationale des BTP marque un tournant décisif. Avec le soutien des autorités et une mobilisation accrue des entrepreneurs locaux, le secteur peut jouer pleinement son rôle dans le développement du pays. « Nous avons une mission : bâtir une Guinée moderne, avec des infrastructures solides et un tissu économique dynamique. Ce combat, nous devons le mener ensemble », conclut Kékoura Touré.
Par Alpha Abdoulaye Diallo