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Entretien avec Sana Bangoura, alias Banani : « Il est essentiel de promouvoir nos artistes, nos écrivains et nos footballeurs à l’international. »

Sana Bangoura, affectueusement surnommé Banani, est un jeune talent prometteur aux aspirations audacieuses sur la scène guinéenne. Bien qu’il ait longtemps œuvré dans l’ombre, aux côtés des organisateurs et des artistes, il a su, au fil des années, se forger une solide réputation d’expert en programmation et en organisation de concerts, ainsi que d’événements culturels, artistiques et musicaux d’envergure dans l’industrie du spectacle.

Dans cette interview exclusive, Banani se livre à nous. Partage ses réflexions profondes et ses expériences enrichissantes au sein du milieu culturel. Il nous offre un aperçu de son parcours, de ses défis et de ses ambitions, tout en mettant en lumière l’importance de la créativité et de l’innovation dans l’industrie du spectacle.

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Le Populaire : Bonjour Sana. Vous êtes l’un des rares acteurs de la nouvelle génération à mener des activités à la fois sur le plan national et international. Pouvez-vous nous expliquer comment vous parvenez à exceller sur ces différents fronts ?

Sana Bangoura : Tout d’abord, il faut croire en ses rêves. J’ai toujours eu une passion pour le showbiz, et j’ai su l’appréhender en restant à l’écoute des autres. Mon secret réside dans l’apprentissage auprès de ceux qui ont plus d’expérience que moi, ce qui m’a permis de tisser des liens précieux. Dans le monde du showbiz, il est crucial de posséder un bon carnet d’adresses. Comme je le dis souvent, pour bâtir une entreprise, il faut d’abord une équipe solide. Ainsi, dans le showbiz, il est indispensable d’avoir une formation adéquate, des connexions tant internes qu’externes, ainsi que les ressources nécessaires pour concevoir et réaliser des projets.

Avec votre expérience, quel est votre avis sur la situation actuelle du showbiz guinéen, tant à l’intérieur du pays qu’à l’étranger ?

Les acteurs culturels investissent énormément d’énergie dans leurs projets, mais ils font face à de nombreux défis : le manque de sponsors, l’absence de lieux de spectacles adaptés, et peu de festivals ou d’événements susceptibles de faire émerger des talents à l’international. De plus, le soutien des autorités est souvent insuffisant pour redorer l’image du showbiz guinéen, qui souffre d’un manque d’unité. À l’étranger, la situation est encore plus préoccupante. Il est difficile de citer cinq artistes guinéens qui se distinguent sur la scène internationale, alors que notre pays regorge de talents à valoriser. Nous devons apprendre à promouvoir nos artistes et nos concepts au-delà de notre communauté. Prenons exemple sur le branding : il est crucial de mettre en avant nos artistes, écrivains et footballeurs. Des figures comme Les ballets africains de Guinée, Sehrou Guirassy, Gazo, ou encore le Cirque Kalabanté, sont des exemples parfaits de ce que nous pouvons accomplir. Un repositionnement est donc nécessaire.

Qu’est-ce qui vous a motivé à faire carrière dans le showbiz?

Pour être honnête, c’était un véritable défi pour moi de me lancer dans le showbiz dès 1994. J’ai commencé de manière amateur dans un petit village, Kataco, dans la sous-préfecture de Bintimodia. Grâce à un oncle, Guillaume Bangoura, qui possédait du matériel de sonorisation, j’ai pu organiser des événements dans des boîtes de nuit à Kamsar. Cependant, cela n’a pas été facile, car ma famille ne voyait pas cela comme une véritable carrière. En 2004, j’ai été envoyé à Conakry pour poursuivre mes études, et c’est là que j’ai plongé dans le monde du showbiz. J’ai commencé à établir des contacts avec des artistes et des promoteurs, et j’ai même intégré un studio d’enregistrement. Malgré les critiques de certains membres de ma famille, j’ai décidé de me consacrer pleinement à ma passion.

Avez-vous été inspiré par un modèle de réussite ? Si oui, lequel ?

J’ai toujours aimé le showbiz, mais j’avais besoin d’une structure pour apprendre et évoluer. J’ai eu la chance de croiser la route d’un homme exceptionnel, Michel Balamou, à qui je rends hommage aujourd’hui. Il m’a pris sous son aile au sein de la structure Contacts Évolutions, et c’est grâce à lui que j’ai pu faire mes premiers pas dans le milieu.

Par la suite, j’ai eu l’opportunité de travailler avec Bazil Condé de Danf Productions, puis avec Mamoudou Dioumessy de Mass Productions. Mon dévouement m’a permis d’être sollicité pour de nombreuses activités culturelles.

Quel message souhaitez-vous transmettre à la nouvelle génération évoluant dans le milieu culturel guinéen ?

Je leur dirais d’avoir des repères, de respecter et d’écouter les anciens pour mieux se préparer à l’avenir. Bien qu’ils aient aujourd’hui plus facilement accès à des financements, ils doivent être conscients qu’il y a des lacunes à combler. Les étapes du succès ne doivent pas être négligées, et il est important de comprendre que l’argent ne résout pas tout. La solidarité et l’entraide sont essentielles pour progresser ensemble.

Réalisée par Tidiane Diallo 

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