Le président de l’organe législatif de la transition et son équipe ont été installés samedi 5 février 2022. Sous une pluie d’applaudissements. Alors que le débat sur le décret nommant certains conseillers nationaux et lui-même nourrit la controverse, Dansa Kourouma a livré un discours applaudi par ceux qui le perçoivent comme cadré dans la bonne voie et foncièrement disposé à faciliter la tâche aux membres de la communauté nationale et internationale travaillant à garantir une transition sans accroc et à réaliser le rêve d’un retour à l’ordre constitutionnel fondé sur le respect des principes de l’alternance au pouvoir par les urnes.
Elus, choisis, proposés par leurs structures ou parrainés, les 81 membres du Conseil national de transition (Cnt) nommés par décret, le 22 janvier 2022, ont été installés dans leurs nouvelles fonctions de conseillers nationaux ce samedi 5 février au Palais du peuple, siège de cet organe législatif.
La cérémonie d’installation a réuni des représentants des parlements de la Sierra Leone et du Mali autour des présidents des institutions républicaines, des dignitaires de la junte au pouvoir, des membres du gouvernement et du corps diplomatique accrédité en Guinée, ainsi que de nombreux invités issus des milieux professionnels, des partis politiques et des organisations régleuses ou encore de la société civile.
Retour à l’ordre constitutionnel
Des discours prononcés, celui du président du Parlement de Sierra Leone, Abass Bundu, a retenu l’attention. En ce sens que l’hôte de marque a exprimé le souhait de la communauté internationale d’un retour rapide «à l’ordre constitutionnel et à la restauration de la démocratie».
L’autre discours marquant est celui président du Cnt, Dr Dansa Kourouma. Il a fait un diagnostic réalité de la situation sociopolitique dans laquelle patauge la Guinée et qui explique, selon lui, le coup d’Etat perpétré le 5 septembre 2021 par le colonel Mamadi Doumbouya.
En sa qualité de président du Cnt nommé par décret du chef de la junte au pouvoir, Dr Dansa Kourouma déclare avoir «conscience que le changement radical des mécanismes qui amènent les élites au pouvoir et qui leur permettent de s’y maintenir quasi indéfiniment, doit être définitivement résolu». Pour ce faire, il appelle à «écrire une Constitution qui ne sera pas facilement modifiable». Le «travail» des membres du Cnt, est, selon lui, de faire «en sorte qu’il n’y ait plus une nouvelle transition» en Guinée. «Ce sera l’indice de la réussite de (leurs) travaux», ajoute-t-il.
En livrant un tel discours de prise de fonctions, accueilli par une pluie d’applaudissements, Dr Kourouma se présente comme un activiste de la société civile au visage nouveau, au boubou blanchi, à la conscience de se recadrer dans la bonne voie et foncièrement disposé à faciliter la tâche aux membres de la communauté nationale et internationale qui travaillent à garantir une transition sans accroc et à réaliser le rêve d’un retour à l’ordre constitutionnel fondé sur le respect des principes de l’alternance au pouvoir par les urnes.
Et quand il appelle les législateurs à « se serrer les coudes (et) travailler» pour ramener la Guinée dans le cercle des pays à constitutions inviolables, le nouveau Dr Dansa Kourouma –ayant comme première Vice-présidente, dame Maïmouna Yombouno choisis parmi les personnes ressources, et deuxième Vice-président, Elhadj Sény Facinet Sylla issu des organisations religieuses – a la présence d’esprit de rappeler que l’article 57 de la charte de la transition accorde au Cnt la mission historique « d’élaborer et de soumettre pour adoption, par référendum, le projet de Constitution».
Propos plaisants
Discours bien à propos. Ovationné même par les acteurs bons teints de la société civile. Alors que beaucoup de guinéens et amis de la Guinée doutent encore de la sincérité d’un Dr Dansa Kourouma accusé par ses détracteurs de porter le boubou, les lunettes et la casquette d’activiste social uniquement pour pouvoir mettre les bâtons dans les roues des combattants de l’axe de la démocratie.
Toutefois, si ce discours, d’un Dansa au visage qui se présente décrassé, a crayonné un portrait plutôt réaliste de la Guinée d’aujourd’hui, il laisse les observateurs avertis sur leur faim. Tout simplement, parce qu’à bien analyser le discours lu, ils s’accordent sur le fait qu’il a été conçu pour rester et demeurer au stade de simple discours de prise de fonction.
C’est dans les actions à venir de Dansa et des autres conseillers nationaux que se révélera au grand jour le vrai visage de leur engagement patriotique à joindre l’acte à la parole. La communauté nationale et internationale aura là la preuve matérielle permettant de déterminer le rythme sur quel danser avec les décideurs du régime Mamadi Doumbouya et les pas à effectuer pour aider le pays à adopter un agenda devant mettre fin à la longue et harassante attente du nombre de mois qu’il faudra pour fixer la durée exacte de la transition en cours.
Par Diallo Alpha Abdoulaye (in Le Populaire du 7 février 2022)