L’incompréhension et les questionnements autour du décret du samedi 22 janvier 2022 validant les élus et les désignés siégeant au Conseil national de la transition (CNT) se situent au niveau de la Coordination des associations guinéennes de France qui a vu ses deux représentants, Thierno Camara et Thierno Diallo, retirés de la liste des 81 conseillers nationaux. En plus, sans raison probante.
Bien évidemment, le débat aurait été ailleurs, si les deux élus n’avaient été délégués après un scrutin électoral inclusif, ouvert et transparent, approuvé par l’Ambassadeur de Guinée en France, Son Excellence Monsieur Amara Camara. Du moins pour tout légaliste soucieux de la respectabilité d’une institution faisant office de Parlement dans un régime d’exception.
Dès lors, la diaspora guinéenne de France ne comprend pas pour quelles raisons évidentes, les sieurs Thierno Camara et Thierno Diallo n’ont pas eu le même privilège d’être sur la liste officielle décrétée par le président de la transition.
Nous sommes d’accord que l’établissement d’une liste est en soi soumis à des règles tout comme la prise de décision de signer un décret conformément aux termes édictées par la Charte de la Transition. Nous sommes tous aussi consentants qu’élus et désignés n’ont pas tous la même valeur d’honorabilité dans une société organisée et respectueuse de ses valeurs. C’est là où se situe la responsabilité de chaque entité. A commencer par celle de la Présidence de la Transition, jusqu’à atteindre l’institution diplomatique garante de la liste officielle paraphée transmise par la Coordination des associations guinéennes de France.
Loin de jeter l’opprobre sur qui que ce soit, il est tout à fait normal de demander des comptes à l’Ambassadeur Amara Camara qui, à son tour, doit rendre compte à ses collaborateurs, à ses compatriotes, en un mot, à ses administrés des structures faîtières de base ici en France. La Secrétaire générale du Ministère des Affaires étrangères, Mme Aminata Cissé et le Ministre de tutelle, le Chef de la diplomatie guinéenne, Dr Mory Sanda Kouyaté, doivent également s’expliquer devant la diaspora guinéenne de France pour ne pas que leur engagement moral, leur énergie et leur combat soient de vains espoirs.
On le sait, le changement de comportement est difficile, mais il est important que chaque guinéen de l’intérieur et de l’extérieur prenne sa place dans le train du renouveau afin d’y jouer son rôle de citoyen honnête et digne de confiance.
Nul besoin de rappeler ici que la Coordination des associations guinéennes de France a tout fait dans la transparence. Les cinq (5) représentants des guinéens de l’étranger figurant sur la liste officielle étaient tous acceptables, mais à la grande surprise des membres de la diaspora, le népotisme a pris le dessus.
Malheureusement, même la Charte de la Transition n’a pas été respectée. Certaines de ses dispositions immanentes à sa valeur, notamment sur l’honnêteté et le respect qui dresse le choix des membres du CNT, ont été foulées au sol par les adeptes du favoritisme et de l’exclusion. Dans un tel contexte marqué par l’irrespect de la loi suprême qui devrait être au-dessus de tous, le message à passer au Président de la Transition est le suivant :
- A chaque instant qui passe, vos compatriotes se demandent s’ils peuvent encore croire à la restauration de l’Etat de droit promis aux guinéens qui rêvent encore et toujours. Alors, de grâce, ne rendez pas utopique votre «Boussole » qu’est « la justice » ;
- Votre mission étant de mener une politique d’égalité, de rétablir les services publics, d’empêcher les mécanismes d’exclusions, de promouvoir la justice sociale dans les secteurs d’activités qui soit juste et décente, figurez-vous, il y a des personnes mal intentionnées dans votre entourage qui ne cessent de vous mettre les battons dans les roues ;
- Acceptez d’être une référence pour les nouvelles générations, parce qu’il vous incombe la responsabilité de réussir la Transition ;
- Mettez votre énergie contre les maux qui gangrènent notre société, contre la domination de l’autre par le pouvoir ;
- Trouvez l’idéal d’une société libre et démocratique dans laquelle les Guinéens vivront en harmonie.
- Donnez à tous nos compatriotes évoluant à l’intérieur et à l’extérieur des chances égales de contribuer positivement à la bonne marche de la société guinéenne.
On le voit, l’appel à rectifier le tir peut sembler vain. Le plus important pour les responsables de la mise à l’écart des représentants de la diaspora française au CNT, c’est de voir dans les vertus pour lesquelles ils sont tous prêts à mourir comme ils l’ont déclaré au sortir du coup d’Etat du 5 septembre 2021, l’essentiel de ce que l’on attend d’eux sur le cas précis de Thierno Camara et Thierno Diallo victimes d’iniquité.
Par Ahmed Tidiane Diallo,
représentant Europe de l’hebdomadaire « Le Populaire ».