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Que faire des anciens ponts métalliques de Tanènè ? Cinq idées pour une reconversion utile et durable

Avec la mise en service du nouveau pont de 126 mètres à Tanènè, assurant désormais le trafic principal sur la route nationale n°3 (RN3), les quatre anciens ponts métalliques construits en 1957 par la société française Péchiney pour faciliter l’accès à l’usine d’alumine de Fria voient leur rôle initial remplacé. Initialement conçus pour des charges de 30 tonnes, ces ponts supportent aujourd’hui un trafic quotidien de plus de 20 000 véhicules, avec des charges pouvant atteindre 80 tonnes, ce qui dépasse largement leur capacité d’origine.

Face à cette surcharge et à la dégradation progressive des structures, les autorités guinéennes ont lancé en janvier 2023 la construction d’un nouveau pont de 126 mètres de long pour remplacer ces quatre ponts métalliques. Ce projet, financé par le Fonds d’entretien routier (FER) et exécuté par le groupement d’entreprises Leduc Guinée/SOGEA SATOM, vise à améliorer la fluidité du trafic sur la route nationale n°3, un axe stratégique reliant Conakry à Fria, Boffa et Boké.

Le nouveau pont, baptisé « Pont à péage Général-Mamadi-Doumbouya », lancé ce dimanche 27 avril 2025 est un ouvrage mixte en acier et béton, comportant deux voies de circulation. Sa mise en service pourrait améliorer significativement la circulation et soutenir le développement économique DE LA Guinée en général et de la région de Boké en particulier.

La question qu’on se pose désormais est de savoir, que faire des 4 ponts métalliques ? Plutôt que de les laisser à l’abandon, il est pertinent de réfléchir à leur reconversion. Voici cinq propositions concrètes :

Patrimoine historique et culturel :

Ces ponts, construits en 1957, sont bien plus que de simples structures utilitaires : ils témoignent d’une époque clé de l’histoire de l’infrastructure en Guinée, marquant les débuts de l’industrialisation et du développement routier sous la période coloniale. En les conservant dans leur état d’origine ou en les restaurant partiellement, l’État pourrait les inscrire à l’inventaire du patrimoine national. Ils deviendraient alors des lieux de mémoire, permettant aux nouvelles générations de comprendre l’histoire technique et économique du pays. Leur intégration dans un circuit touristique axé sur l’histoire industrielle de la Basse-Guinée pourrait dynamiser l’économie locale.

Voies piétonnes et cyclables :

Avec la mise en service du nouveau pont, ces anciens ponts peuvent être réaffectés à des usages non motorisés. La Guinée, comme de nombreux pays africains, fait face à des enjeux de mobilité urbaine durable. Transformer ces ponts en passerelles piétonnes et pistes cyclables permettrait non seulement de désengorger la circulation locale mais aussi de promouvoir une mobilité verte. Cela encouragerait les habitants à adopter des modes de déplacement plus sains, tout en assurant un lien sécurisé entre les différentes rives pour les riverains, les enfants allant à l’école ou les petits commerçants.

Espaces communautaires

Avec des aménagements adaptés (bancs, kiosques, éclairage, sécurité), ces ponts pourraient devenir des espaces de vie sociale. Des marchés artisanaux y pourraient être organisés le week-end, des expositions culturelles temporaires ou encore des activités festives. Cette reconversion favoriserait l’économie locale et renforcerait le lien social. En soirée, ces espaces pourraient aussi devenir des lieux de rencontre, de promenade ou de loisirs pour les jeunes et les familles. Ce serait une manière innovante de redonner une utilité citoyenne à ces structures.

Projets éducatifs et de formation

Les ponts peuvent aussi servir de cas d’étude pour les écoles d’ingénierie, les instituts techniques ou les universités guinéennes. En les intégrant à des modules de formation sur la résistance des matériaux, la rénovation d’infrastructure ou la gestion du patrimoine industriel, ces structures deviennent des « laboratoires à ciel ouvert ». Elles permettraient aux étudiants de réaliser des diagnostics, des simulations ou des projets de réhabilitation en conditions réelles, renforçant ainsi les capacités techniques locales. Des partenariats avec des institutions internationales pourraient même être envisagés pour enrichir ces formations.

Réutilisation des matériaux

Si les études techniques révèlent que les ponts ne peuvent plus être utilisés en l’état, une option économique et écologique consisterait à les démonter proprement pour en recycler les matériaux métalliques. Le fer de structure, s’il est en bon état, pourrait être réemployé dans la construction d’ouvrages secondaires : passerelles, hangars, ou même des bâtiments à usage communautaire. Ce recyclage limiterait les coûts d’achat de matériaux neufs et soutiendrait les entreprises locales du secteur du bâtiment et des travaux publics.

Conclusion : Avec l’ouverture du nouveau pont de Tanènè, les quatre anciens ponts métalliques peuvent désormais être réaffectés. Plutôt que de les abandonner, ils pourraient être transformés en passerelles piétonnes, espaces communautaires, supports pédagogiques ou même être conservés comme patrimoine historique. Une belle opportunité d’allier mémoire, utilité et développement durable.

Mamadou Djouldé DIALLO
Jeune Citoyen.

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