Au gré de la météo et de la conjoncture politique guinéenne avec ses turbulences, ses tempêtes, ses vagues, sa grisaille et ses éclaircies, mes rapports avec Ahmed Kourouma, ont été changeants; tantôt proches; tantôt, divergents et distants. N’empêche, notre relation était solidement cimentée par un fil rouge qui a pour nom, le sens de l’engagement.
Nous partagions au-delà de la fluctuation de la température de notre relation, une seule valeur, à savoir l’abstinence à défendre nos idées et nos convictions personnelles. Ahmed était une grande gueule. Il ne pouvait donc être mieux ailleurs que dans l’émission ’’les grandes gueules’’ d’EspaceFM. J’aimais souvent dire qu’avec Ahmed Kourouma, il est préférable de l’écouter oralement que de lire ses écrits.
Parfois, il m’arrivait de le taquiner en lui disant que chacun de nous avait son avantage comparatif; lui sachant mieux parler et moi, sachant mieux écrire. Il en rigolait en disant voilà pourquoi, j’aime te lire malgré nos divergences. Nos discussions sur la situation socio-politique guinéenne étaient souvent houleuses, mais toujours respectueuses et profondes. Je retiens de l’homme, le sens de l’engagement et le courage de dire ce qu’il pense sans égard.
Je vais me permettre de divulguer quelques échanges en Inbox qu’on a eu, sachant qu’il n’y trouverait pas d’inconvénient. L’objectif étant de prouver qu’au-delà des divergences d’opinions qu’on peut avoir avec quelqu’un, le dialogue peut se maintenir sans animosité.
Je ne peux terminer ce bref hommage, sans adresser mes sincères condoléances à la famille biologique et professionnelle d’Ahmed Kourouma. Pas plus tard qu’hier, tu étais comme nous et avec nous; demain, un jour, nous serons comme toi. En attendant, je prie le tout puissant Allah, de t’accorder son paradis Firdaws ! Amen.
Sow Boubacar, Switzerland