Le Président de la Fédération guinéenne de jeu de dames et d’échecs, maître Sinkoun Kaba (sur la photo) et les 700 pratiquants licenciés à travers le pays ont les yeux et le cœur tournés vers 2024. L’année du grand challenge du Championnat africain de cette discipline sportive à Conakry. Quels sont les tours et les contours de ce projet ? Plus précisément, comment se prépare l’événement ? Quelles sont les retombées attendues de cet événement pour la Guinée et ses athlètes ? Entrevue.
Le Populaire : La Guinée est la prochaine destination du monde damiste. Comment avez-vous gagné la confiance de vos pairs pour accueillir cette compétition sur la terre africaine de Guinée ?
Sinkoun Kaba: Merci pour l’opportunité que vous m’offrez pour parler de cet événement qui nous tient à cœur et pour lequel nous sommes débout depuis notre élection en 2005. Lors du tout dernier congrès de la Conférence africaine de jeux de dames, la Guinée a postulé pour l’organisation du championnat d’Afrique individuel sénior ici à Conakry. Fort heureusement la demande de la Guinée a été avalisée par le congrès. Cela me tient à cœur. Au moment où je vous parle, il m’a été envoyé le cahier de charges que mes services vont bientôt soumettre à notre département de tutelle afin qu’il puisse prendre les dispositions idoines.
Un défi de taille, n’est-ce pas ?
Comme je le dis souvent, et j’insiste là-dessus, en matière sportive, notre pays a deux grands défis fondamentaux à relever. Le premier, c’est le défi de la participation. Le second, c’est celui de l’organisation. Au niveau de la participation, si vous faites une remontée historique, vous vous rendrez compte que nous ne rencontrons pas assez de problèmes. Tous les grands événements sportifs organisés à travers le monde, la Guinée y participe malgré que les résultats soient souvent mi-figue, mi-raisin. Le second défi que notre pays doit chercher à relever à tout point de vue, c’est celui de l’organisation. Et c’est là le talon d’Achille de notre sport. La Guinée est l’un des pays fondateurs de la Cajd, entendez la Confédération africaine de jeux de dames. Notre fédération a été affiliée à la Cajd en 1981. Deux ans après, la Guinée a été le premier pays à organiser un championnat d’Afrique à l’Hôtel Ibis d’alors Gbessia, en banlieue de Conakry. Vous imaginez? De mon élection en 2005 à aujourd’hui, je me bats contre vents et marrées pour organiser un événement sportif d’envergure continentale chez nous ici. Parce que réussir l’organisation de grandes compétitions ici a des avantages pour notre pays et ses athlètes. Cela nous permet de bien promouvoir l’image de marque de notre pays et rehausser le niveau de nos sportifs.
Où et sur quels sites de quel standard la Cajd prévoit cette compétition continentale à dimension mondiale ?
Ce sera dans les sites des hôtels cinq étoiles. C’est l’une des conditions posées par la Fédération mondiale de jeu de dames et échecs à tout pays organisateur. A ce niveau, la Guinée est bien lotie. Nous avons l’avantage d’avoir plusieurs cinq étoiles dans la capitale. C’est un atout. C’est d’ailleurs ce qui a prévalu l’acceptation de notre candidature par le congrès. Accueillir ici l’Afrique et le reste du monde est un véritable challenge et nous en sommes conscients. Mais l’autre défi qui se pose à notre fédération c’est celui d’obtenir le précieux soutien et l’accompagnement de l’Etat pour accueillir tout ce beau monde de participants venant des pays africains et des membres des délégations et des représentants à la fois des fédérations nationales, de la Cajd, et de la confédération mondiale. Nous sommes persuadés que l’Etat ne doit pas perdre de vue que le sport est devenu une industrie des temps modernes génératrice de profits. L’Etat est nanti, c’est vrai, mais pour un tel événement de cette dimension, nous sollicitons humblement le soutien et l’accompagnement de sponsors. L’apport de l’Etat est un appoint. C’est le lieu et le moment de lancer un appel pressant à l’endroit des mécènes et des entreprises de la place. Nous souhaitons vivement qu’ils associent leur image à cet événement sportif à venir.
Un événement de cette taille offre l’opportunité aux athlètes et autres participants de visiter d’autres villes et de fabuleux sites touristiques du pays. A part Conakry, quelles sont les autres villes et sites que pourraient visiter les participants pendant cette compétition africaine ?
Cette question peut être examinée et intégrée. Il est fort possible que le comité d’organisation prévoit une programmation des compétitions qui permette à certaines de nos villes de la Guinée profonde d’abriter des étapes importantes de l’événement. Ce serait intéressant de donner l’occasion aux participants et au monde damiste à découvrir nos potentialités touristiques et nos sites historiques.
Nous sommes en 2022. Dites-nous comment se porte la Fédération guinéenne de jeux de dames et échecs aujourd’hui qui va accueillir le monde damiste en 2024 ?
Merci pour votre question. C’est l’opportunité que vous m’offrez pour qu’ensemble nous puissions éplucher les grands dossiers de la Fédération guinéenne de jeux de dames et échecs. Comme vous le savez, depuis 2005, j’ai pris les rênes de cette fédération. De cette date à aujourd’hui, toute modestie mise en part, la fédé se porte bien. Cela n’est pas un fait fortuit. C’est plutôt le résultat d’énormes sacrifices consentis par l’équipe dirigeante dont j’assure la présidence, et de temps à autre le soutien et l’accompagnement de l’Etat à travers le ministère des Sports. Ces efforts conjugués nous ont permis d’apporter à notre pays en 2009 le trophée de champion d’Afrique par équipe. Au niveau continental, cela a également permis à nos athlètes d’accroître leur capital point et d’évoluer en grade. Pour la petite histoire, je tiens à vous préciser que la Fédération mondiale de jeux de dames décerne trois titres fondamentaux aux pratiquants et fait un classement. Le premier titre, c’est celui de FM, entendez : Maître fédéral. Notre pays en a eu deux. L’un est en activité, c’est la Laye Oussou Diawara double champion de Guinée. L’autre, Jean-Jacques Théa, ancien champion de Guinée. Il a intégré le bureau exécutif de la fédération. Pour le second titre de MI, Maître international, l’ossature nationale de jeux de dames échecs présente deux maîtres de ce niveau. C’est Moussa Camara dit Bebimous en activité et feu Sékou Cissé dit Petit Chérif. Au classement Volmac qui est le plus élevé au monde, Moussa Camara occupe la première place pour la Guinée.
Revenons sur la situation qui prévalait au moment où vous preniez les rênes de la fédération. Dites-nous, comment se présentait-elle en 2005 ?
Au moment où je prenais les rênes de cette fédération, elle n’existait que de nom, parce qu’elle ne parvenait pas organiser un tournoi informel dans les grands coins de jeu à plus forte raison un championnat ou une couple nationale. C’est au vu de cet état de fait que les damistes guinéens ont fait appel à un congrès électif à l’issue duquel je fus plébiscité président de la fédération.
Qu’est-ce que votre élection a apporté au monde damiste ?
Mon challenge a été de sortir la fédération de l’ornière, de relancer les activités ensuite renouer avec le monde extérieur. Dès l’entrée de fonction de la nouvelle équipe dirigeante, nous avons entrepris une mission à l’étranger pour annoncer le re-tour de la Guinée dans le monde damiste. A Utrecht, en Hollande, j’ai eu le privilège d’être reçu au Comité exécutif de la Fédération mondiale du jeu de dames. Au terme de moult négociations, fort heureusement, le dossier guinéen a été reçu favorablement. La fédération guinéenne a été admise dans la catégorie des fédérations en situation de reprise. Toutefois, le comité a demandé à la nouvelle équipe dirigeante d’éponger les impayés des dix dernières années au titre des frais de cotisation de la fédération guinéenne. Ce que nous avons fait en fonds propre. Cela nous a permis de participer au championnat du monde individuel et au championnat du monde par équipe qu’organisait l’Italie en 2005. Au cours de cette compétition, tenez-vous bien, la Guinée a obtenu le trophée de la régulation.
Au niveau national, quel est le calendrier des compétitions de la Fgjd ?
Je voudrais commencer par préciser que la Fgjd fait partie des meilleures fédérations du pays et des mieux appréciées au niveau de notre département de tutelle. Parce que, à l’exception des années de la covid-19, depuis notre arrivée à la tête de la fédération, nous organisons un championnat national de jeux de dames et une coupe nationale chaque année. Et pour rehausser le niveau de nos athlètes, chaque fin de semaine, on organise des tournois dans les grands coins de jeu. Nous faisons tout cela sur fonds propres.
Réalisée par Alpha Abdoulaye Diallo
(avec l’aimable collaboration de Mbaye Diagne Shuster, journaliste sportif)