Pour des élections réussies, la solution d’instituer une Commission nationale électorale indépendante (Ceni) n’a pas répondu aux attentes de transparence et de sincérité des résultats des urnes en Guinée. Après une décennie d’expériences amères, les nouvelles autorités de la transition ont redonné au Ministère chargé de l’Administration du territoire et des collectivités la mission d’expérimenter le modèle en vigueur au Sénégal et dans d’autres pays à démocratie civilisée. Tout un challenge.
La décision a été publiée dans un décret paru jeudi 30 décembre 2021. Le décret définit les missions du ministère. En lieu et place de la Ceni, il lui revient «d’appuyer l’élaboration des textes législatifs et règlementaires relatifs au processus électoral » et notamment d’organiser les « élections politiques et des référendums ».
Selon le décret, le Ministère de l’Administration du territoire et de la décentralisation (MATD) est particulièrement chargé «d’appuyer l’élaboration des textes législatifs et règlementaires relatifs au processus électoral, l’organisation des élections politiques et des référendums en république de Guinée, ainsi que l’établissement de la mise à jour du fichier électoral. D’élaborer des textes législatifs et réglementaires relatifs à l’administration du territoire et à la décentralisation et de veiller à leur application. D’élaborer des textes législatifs et réglementaires relatifs aux mouvements associatifs et organisations non gouvernementales et de veiller à leur application.
D’assurer la tutelle des partis politiques. De coordonner les actions de l’État dans les circonscriptions territoriales et des collectivités locales. D’élaborer et de mettre en œuvre les réformes relatives à l’administration déconcentrées et décentralisées. D’assurer la tutelle des collectivités locales et de promouvoir le développement local.
Le challenge est de parvenir à « restaurer la responsabilité de l’Etat», explique le ministre en charge de l’Habitat et porte-parole du gouvernement, Ousmane Gaoual Diallo. Belle intention. Sous le régime de feu le général Lansana Conté, père de la démocratie guinéenne, l’organisation d’élections et référendums était une prérogative attribuée au ministère chargé de l’Administration du territoire.
Après des expériences amères, l’opposition politique et les partenaires du pays ont trouvé que les fonctionnaires de l’Etat aussi experts soient-ils n’étaient pas bien lotis pour faire triompher la vérité des urnes, de peur d’écoper de punitions de la part de la hiérarchie.
La solution d’instituer une Commission nationale électorale indépendante (Ceni) n’a pas non plus répondu aux attentes. L’intention des autorités de la transition est de redonner à ce ministère la mission de réussir ce modèle en vigueur au Sénégal et dans d’autres pays à démocratie civilisée dans lesquels l’alternance au pouvoir par les urnes est devenue coutume. Pour le moment, cela n’est qu’au stade d’intention. Les Guinéens attendent de vivre la réalité pour y croire.
Par Gordio Kane
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