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La quête du butin : entre corruption et imposture

Au regard des mouvements de soutien qui se multiplient partout en Guinée, notamment à Conakry, pour arranger la majorité de la population au référendum prévu le 21 septembre 2025, suite à la prétendue candidature de l’homme fort du Palais Mohamed V à l’élection présidentielle prochaine, je me pose des questions.

Comme bon nombre de mes compatriotes, je me demande si appartenir à la mouvance présidentielle est synonyme d’être parmi les privilégiés pour bénéficier de la largesse des dirigeants. Obtenir un poste à la fonction publique est-il l’équivalent d’appartenir à ceux qui sont habilités à se partager l’argent du contribuable guinéen, sans s’inquiéter des pauvres citoyens qui subissent le dur labeur de leur quotidien ?

Remontons le temps à l’époque de la deuxième république sous Lansana Conté. Il me semble que c’est à cette époque que certaines élites se sont habituées à la vie opulente de l’État. Alors qu’elles devraient être des personnalités intègres au service du peuple, elles empêchent le détournement des deniers publics et œuvrent pour la bonne marche des institutions républicaines.

C’est aberrant d’apprendre que des intellectuels doués, approchés pour développer la réflexion sur des thématiques cruciales pour faire avancer la machine de l’État, trahissent leur conscience. C’est absurde de constater que des technocrates qualifiés pour promouvoir des mutations futuristes trompent leur sujet. Ces manquements sont pourtant des freins au développement économique du pays.

Malgré cela, il existe d’autres catégories de citoyens, connus sous le nom de « frappeurs ». Ils évoluent souvent dans les secteurs formels et informels, où ils trouvent leur gagne-pain à travers des mouvements de soutien, incitant les pouvoirs publics à la parjure de leur serment. Ce sont des imposteurs très doués pour le montage de dossiers solidement fallacieux, souvent au nom de l’unité et de la réconciliation nationale, qu’ils soumettent aux autorités pour accompagner les initiatives auxquelles celles-ci sont sensibles.

Les mouvements de soutien sont des pratiques courantes dans la société guinéenne, ce qui contribue d’ailleurs à gangrener le bon partage du contribuable guinéen et la bonne marche des initiatives à caractère socio-éducatif. Parce que chacun pense à ses propres intérêts, chaque individu manigance pour sa propre gourmandise ; personne n’est insatiable et personne n’est indulgent envers son prochain, encore moins envers les pauvres citoyens.

Cette pratique est-elle devenue un véritable phénomène culturel, ancré parmi les obligations des commis de l’État et de nos concitoyens qui bénéficient de postes de hautes responsabilités ? Est-il vrai que les nominations à des postes de responsabilité sont célébrées avec faste par les familles des nouveaux promus, persuadées qu’ils seront dans le beurre et mangeront l’argent du beurre sans gêne ni remords ?

La Guinée se vide de sa substance initiale, me semble-t-il, parce qu’elle n’arrive pas à se définir, à démêler l’intégrité de l’imposture, loin de dialoguer avec un peuple qui refuse de se laisser embarquer. Certes, les autorités guinéennes aspirent à apporter des changements profonds tout en étant à la tête de l’État. Il n’est pas encore trop tard pour faire face à cette question qui permet aux arnaqueurs sans vergogne de continuer à souiller l’administration et le bien collectif des Guinéens.

Par Tidiane Diallo
Journaliste

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