Le ministre Ousmane Gaoual Diallo fait une mise au point sans ambiguïté sur le calendrier électoral. Lors de sa conférence de presse du mercredi 29 janvier 2025, Ousmane Gaoual Diallo, ministre des Transports et porte-parole du gouvernement, a fait preuve d’une rare franchise sur le calendrier électoral.
En affirmant l’impossibilité de tenir toutes les élections prévues cette année, il a pris le contre-pied de certaines attentes, soulignant les réalités logistiques et institutionnelles qui encadrent le processus.
Cette prise de parole, loin d’être un simple ajustement politique, révèle une volonté d’installer un débat lucide et pragmatique sur la transition en cours.
Le référendum, priorité absolue
La première étape confirmée par le gouvernement est l’organisation d’un référendum avant la fin du premier semestre 2025, sur instruction du chef de l’État. Ousmane Gaoual Diallo a insisté sur la nécessité d’une loi spécifique pour encadrer ce scrutin et sur l’importance du RAVEC (Recensement administratif à vocation d’état civil), qui servira de base à la future liste électorale. Ce message vise à rassurer quant à la fiabilité du processus et à inciter les citoyens à participer activement à leur enrôlement, condition essentielle à la crédibilité du vote.
Qu’en est-il des délais incompressibles pour les autres scrutins ? Le ministre a reconnu qu’un enchaînement rapide des scrutins après le référendum est hautement improbable. Si celui-ci se tient en mai, l’adoption du Code électoral nécessitera trois semaines supplémentaires. Or, organiser une élection en pleine saison des pluies (juin à septembre) est difficilement envisageable. La fenêtre la plus réaliste pour une présidentielle ou des législatives s’ouvrirait donc en octobre, avec la possibilité que certaines élections soient repoussées à 2026.
Le Porte-parole du gouvernement a livré un discours de vérité face aux attentes politiques. En mettant en avant ces contraintes, Ousmane Gaoual Diallo s’éloigne des promesses irréalistes pour offrir une lecture pragmatique du calendrier.
Son discours, loin d’être une esquive, traduit une volonté de gestion progressive et méthodique du retour à l’ordre constitutionnel. Toutefois, il laisse entrevoir une marge d’ajustement politique, notamment si les autorités militaires décidaient de regrouper plusieurs scrutins à la même date.
Cette sortie marque ainsi un tournant : elle met fin aux spéculations sur une transition éclair et impose une approche plus rationnelle du processus électoral. Reste à savoir si cette sincérité sera perçue comme un gage de crédibilité ou comme un aveu d’incertitude sur l’avenir du pays.
Verbatim : « Sauf si on décidait de regrouper les élections… »
Le Porte-parole du gouvernement, Ousmane Gaoual Diallo, à la présentation des vœux du nouvel an à la presse le 29 janvier 2025: «Dans un premier temps et sur instruction du chef de l’Etat, avant la fin du premier semestre, c’est l’élection référendaire. (…)Le fichier qui va être utilisé, c’est le fichier qui est actuellement en cours de construction. Il sera issu du RAVEC. Cela ne fait l’objet d’aucun doute. C’est pour cela que nous invitons nos concitoyens à accorder une importance particulière à leur enrôlement qui est en cours. (..) Nous encourageons les organisations de la société civile, les acteurs politiques à faire une campagne pour que les guinéens s’intéressent à cette activité et s’enrôlent. Ça va réduire les sources de tensions demain. L’organe de gestion des élections sera prévu dans la constitution, parce qu’il y a un certain nombre de choses qu’on ne peut pas anticiper. On ne peut pas à ce stade parler de l’organe de gestion des élections dans le pays alors que la constitution doit créer cet organe. La constitution pourrait, éventuellement, confier ça au MATD ou créer un organe spécifique. (..)Dans le meilleur des cas, si on arrive à faire l’élection au mois de mai, ça va être difficile d’enchainer les élections présidentielles tout de suite. Il y a un code électoral qu’il faut adopter. Il faut compter à peu près trois semaines. On sera au mois de juin. Il n’est pas possible d’organiser des élections en Guinée au mois de juillet, d’août, peut-être même en septembre. Ça veut dire qu’il faut répartir soit en septembre ou en octobre pour les élections suivantes (…), suivant la déclinaison qui sera issue de la constitution et du chronogramme que l’administration du territoire va prononcer. Donc, il faut compter peut-être deux élections majeures cette année et les autres vont suivre (..). Sauf si on décidait de regrouper toutes les élections à la même date. Ça, c’est un autre choix. Mais si les élections devraient être séquentielles, ça veut dire qu’on ne peut pas faire toutes les élections en 2025.»
Par Alpha Abdoulaye Diallo