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Déni civique à Bissau

I y a huit jours, nous lancions un avertissement sans appel. La Guinée-Bissau n’avait plus droit à l’erreur, plus droit à l’hésitation. La démocratie restait l’ultime bouée de sauvetage pour un pays déjà vidé de sa substance. Mais voilà ! Ce qui est hypocritement baptisé passation de pouvoir entre galonnés, ce 26 novembre 2025, ou plus justement un énième putsch croupion, n’est rien d’autre que le vol crapuleux du vote exprimé le 23 novembre 2025.

Ce pays magnifique, fier producteur de noix de cajou, dont la richesse devrait servir de tremplin, est en droit d’exiger une administration inébranlable pour arracher ses citoyens à la misère crasse et garantir leur droit sacré de choisir leurs chefs.

Au lieu de cette espérance, le pays est livré aux mains des prédateurs de la vérité des urnes, étranglé par le narcotrafic et soumis à une énième, et grotesque, imposture politique. Le processus électoral normal est jeté aux orties. L’attente des résultats, l’expression même de la souveraineté populaire, est repoussée aux calendes grecques.

Le désormais ancien président le général Umaro Sissoco Embaló, pourtant l’élu d’un peuple qu’il a servi durant cinq ans, a pris la poudre d’escampette. Exfiltré le jeudi 27 novembre à bord d’un vol de la CEDEAO, il est désormais hors de portée du chaos qu’il laisse derrière lui. Il abandonne un peuple orphelin, floué de la vérité des urnes, trahissant les bulletins accordés avec espoir aux représentants qu’ils avaient choisis.

C’est là que réside la tragédie! Le général Horta N’Tam, jusqu’ici chef d’état-major, s’autoproclame président de la transition et du Haut commandement militaire. Une manœuvre d’une arrogance folle. Où des autorités s’arrogent le droit de bafouer l’expression démocratique et de confisquer la transmission du pouvoir qui n’appartient qu’au scrutin légitime.

Loin d’apaiser, les actions actuelles attisent l’incendie dans la capitale Bissau. Même les figures de la défense des droits, comme les membres de la LGDH du très populaire Bubacar Turé, ne sont pas épargnées par cette chasse à l’homme ignoble. Les sièges du PAIGC et du PRS sont attaqués. Leurs leaders menacés.

Et la CEDEAO ? Ce lion sans crocs ni griffes est impuissant face à la contagion putschiste. Sa mission de stabilisation n’est plus que l’ombre d’elle-même. Ici à Bissau, elle est réduite à une force fantoche.

L’arrivée d’un comité de médiation restreint et prévue dans le courant de cette semaine du 1er décembre 2025. Tel le pompier qui arrive toujours après l’incendie, ne fera que constater froidement les dégâts et se fendre d’un communiqué d’une stérilité affligeante.

Pourtant, la Guinée-Bissau mérite d’être libérée de cette boucle infernale d’instabilité et d’autoritarisme. Le déni démocratique actuel n’est pas une réponse viable pour cette nation, voisine de la Guinée et du Sénégal. C’est, en réalité, une bombe à retardement dont l’amorçage menace toute la stabilité régionale.

Par Alpha Abdoulaye Diallo in Le Populaire du 1er décembre 2025

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