ActualitésInternationalSports

Christophe Dubi, directeur exécutif des Jeux Olympiques : « Les effets bénéfiques des Jeux Olympiques de la jeunesse Dakar 2026 se font ressentir à travers l’ensemble du continent»

À l’approche des Jeux Olympiques de la jeunesse, qui se dérouleront au Sénégal du 31 octobre au 13 novembre 2026, Le Populaire, en collaboration avec deux autres médias de renom sur le continent africain, Actualité.cd et IFM, a eu l’honneur d’interviewer Christophe Dubi, directeur exécutif des Jeux Olympiques au sein du Comité International Olympique (CIO). Cette rencontre fait suite à sa récente visite à Dakar pour la réunion de la Commission de coordination.

Fort d’une carrière exemplaire et animé d’une passion indéfectible pour le mouvement olympique, M. Dubi partage avec nous sa vision des préparatifs de cet événement d’envergure mondiale. Il met en avant l’importance cruciale de bâtir un héritage durable, destiné à bénéficier aux générations futures.

Bonne lecture !

Le Populaire : Dakar 2026 sera le premier événement olympique organisé en Afrique. Pourquoi s’agit-il d’un moment si important pour le continent et pour le mouvement olympique?

Christophe Dubi : Le mouvement olympique est riche de par sa diversité. La participation aux Jeux Olympiques est universelle et le continent africain a toujours été un grand pourvoyeur d’athlètes de première qualité.

Ce qui fait la grandeur et la magie des Jeux, où qu’ils se déroulent, c’est cette, cette incroyable diversité, c’est la réunion des peuples quel que soit, quel que soit le passeport, la couleur, le système politique, tout le monde est aux Jeux Olympiques. Et puis, ce qui fait également la richesse, c’est que à chaque édition des Jeux ou des Jeux de la Jeunesse, c’est un endroit donné, à un moment donné, donc une culture, des citoyens qui accueillent le reste du monde.

Alors, on l’a fait aujourd’hui dans tous les continents. C’est pour cela qu’on a tous des images des Jeux de Rio, de Munich, d’Atlanta ou d’ailleurs. Et pour la première fois, nous aurons cette imagerie, cette identification de l’événement par rapport au continent africain. Et c’est pour cela que c’est incroyablement important parce que le Sénégal, Dakar, le continent africain, rejoignent le concert de ce que l’on pourrait considérer comme des souvenirs universels. Pour la première fois, nous aurons cette association de l’image et des valeurs olympiques par rapport au continent africain, au Sénégal et à Dakar.

Après votre récente visite à Dakar pour la réunion de la Commission de coordination, comment voyez-vous l’avancement des préparatifs des Jeux ?

Avec confiance. Les préparatifs vont bon train. Il y a deux aspects qu’il faut souligner. Un, ce sont les constructions avec des chantiers qui sont extrêmement ambitieux et je rajouterais un qualificatif très intelligent aussi. Pourquoi? Parce que, que ce soit le Tour de l’œuf ou Iba Mar Diop, deux grands complexes sportifs, ils sont implantés au centre de la ville de Dakar. Préserver les terrains de jeu dans des développements urbains qui sont conséquents, c’est toujours une vraie gageure. Et là, je dois dire que les autorités de la ville de Dakar, le gouvernement du Sénégal, le fait d’avoir conservé ces deux grandes infrastructures sportives qui bénéficieront à la fois pour les sportifs d’élite, mais également pour tous les jeunes qui pratiquent le sport au quotidien, c’est une vraie vision pour le sport et pour la ville de Dakar. Donc, de ce point de vue-là, l’avancement des travaux est conforme à nos attentes. Et puis, il y a l’organisation des Jeux elle-même, avec toute la gestion de cette complexité des transports, en passant par le sport, les domaines créatifs comme les cérémonies. Eh bien là, nous avons fait un travail conséquent entre le CIO, le Mouvement Olympique, mais surtout les organisateurs de Dakar pour s’assurer qu’on respecte tous les jalons, ce qui est le cas aujourd’hui. Je dirais qu’il y a un point tout particulier, et c’est peut-être un thème que nous allons couvrir par ailleurs, mais c’est le fait qu’aujourd’hui, on a créé cette Learning Academy à Dakar qui permet au Comité d’Organisation d’avoir le staff nécessaire pour tous les développements à venir, et ils sont nombreux.

Quels sont les principaux objectifs en matière d’héritage pour Dakar 2026 et comment des programmes tels que la Learning Academy aideront les jeunes au Sénégal et au-delà ?

Alors, je commencerai par la Learning Academy puisque c’était la fin de la réponse précédente. C’est quelque chose de formidable parce que l’événementiel a, a ceci de particulier que c’est un domaine hautement spécialisé, mais qui paradoxalement, réunit tous les métiers que l’on connaît dans la vie courante des gens qui s’occupent de la comptabilité jusqu’aux domaines créatifs du design. Mais c’est un vrai savoir-faire que de savoir assembler toutes ces expertises pour atteindre un objectif commun à un moment donné, à un endroit donné.

C’est très complexe. C’est pour ça que l’académie, elle est formidable dans le sens où on va donner à tous ces jeunes les clés pour grandir dans un environnement qui s’appelle l’événementiel. Et de le faire dans le cadre des Jeux Olympiques de la Jeunesse, ça permet non seulement de former des jeunes qui vont participer à l’organisation des Jeux de la Jeunesse, mais que l’on retrouvera peut-être dans le cadre d’un festival de musique ou encore d’une exhibition d’art.

Peut-être au Sénégal, peut-être ailleurs, parce que les principes d’organisation événementielle sont les mêmes. Et quand on a su le faire dans le cadre d’un événement comme les Jeux de la Jeunesse, on saura le faire sur tous les autres types d’événements. Donc c’est un véritable héritage profond pour tous les jeunes qui participeront et là nous devons tous ressentir une certaine fierté, c’est que tous les Comités Nationaux Olympiques africains ont été sollicités pour envoyer des candidats et des participants dans le cadre de la Learning Academy.

Donc, voilà, les effets bénéfiques se font sentir dans l’ensemble du continent. Et puis, il y aura un héritage bien entendu matériel, on l’a abordé, pour la ville de Dakar, des hébergements pour des étudiants, de nouveaux complexes sportifs, avec de nouvelles ambitions pour le sport sénégalais, sans aucun doute, à la fois au niveau du sport d’élite, mais pour la pratique au quotidien de tous, et en particulier les jeunes.

On sait à quel point un investissement dans le sport a des répercussions bénéfiques au niveau social, au niveau de la santé, donc au point de vue économique aussi. Ça sera un héritage en matière de savoir-faire d’organisation, sans aucun doute. Il y aura d’autres événements à Dakar dans le futur et probablement au Sénégal grâce à la Learning Academy. Et puis finalement, ce sera un héritage aussi pour un certain nombre d’athlètes qui deviendront de vrais champions dans des catégories d’âge supérieur qu’on retrouvera aux Jeux Olympiques, probablement médaillés aux Jeux Olympiques dans le futur.

Donc oui, les héritages sont multiples. C’est les Jeux qui ont, pour reprendre deux termes qui se complètent à mon avis, qui ont beaucoup d’ambition et qui ont une vraie intention, celle de laisser un héritage positif pour toutes ces dimensions-là.

Les Jeux olympiques de la jeunesse sont connus pour inspirer les générations futures. Comment Dakar 2026 impliquerait-il et engagerait-il les jeunes à travers l’Afrique ?

Imaginez que vous avez contribué à l’organisation des Jeux en quelconque capacité ou que vous ayez participé en tant qu’athlète. C’est la première fois que votre travail sera exposé aux yeux de tous. C’est une fierté incroyable. Tous ces gens que l’on retrouve dans l’organisation ou qui vont participer comme délégués techniques, souvent on emploie des plus jeunes dans les délégations de Comités nationaux, les athlètes bien entendu, tous sont des ambassadeurs, tous reviendront chez eux, dans tout le continent africain, avec cette idée de faire quelque chose d’extraordinaire, de similaire, peut-être dans leur pays, dans leur sport. Peut-être deviendront-ils de grands champions et seront de vrais ambassadeurs du Mouvement Olympique et de ces Jeux de Dakar. Ou alors certains se reconvertiront parce qu’ils sont passionnés par l’olympisme dans l’organisation d’événements.

Donc voilà, ils vont être très inspirants parce que ceux qui vont vivre l’expérience au cœur de l’événement vont être marqués à tout jamais. Et ce seront, j’en suis convaincu, des ambassadeurs de bonne volonté pour le futur.

En quoi Dakar 2026 distingue-t-il des précédents Jeux olympiques de la jeunesse? Et comment le CIO contribue-t-il à faire en sorte que cette édition reflète, reflète véritablement l’Afrique ?

La deuxième partie de la question en premier lieu, parce qu’elle va naturellement amener la réponse à la première. Le CIO se doit d’imposer un certain nombre d’éléments qui doivent être constants d’une édition à l’autre des Jeux et des Jeux de la Jeunesse. Un cent mètres en athlétisme, c’est un cent mètres. Le chronométrage au centième, ça n’est pas au dixième, c’est un chronométrage au centième. Ça, on doit l’imposer. Par contre, quelle musique accompagnera les athlètes lorsqu’ils vont monter sur le podium ? Comment est-ce qu’on va décorer les stades avec ce que l’on appelle le Look des Jeux? Quelle nourriture sera servie au Village Olympique? Comment est-ce qu’on va animer les rues de Dakar? Ça, c’est réellement ce qui fait la différence d’une édition à l’autre, des Jeux Olympiques et des Jeux de la Jeunesse. Et le cahier des charges du CIO être extrêmement précis sur les premiers éléments et laisser au total libre arbitre des organisateurs sur la deuxième dimension.

Pourquoi? Parce que la grandeur des Jeux Olympiques, c’est le fait qu’ils ne soient jamais au même endroit, toujours dans des cultures différentes, avec ce qu’elles ont de richesse à amener. Et par conséquent, les Jeux vont se distinguer à Dakar, simplement parce que les précédents étaient dans des villes, donc dans des cultures complètement différentes. Et c’est cette volonté du CIO de donner cette flexibilité pour que les organisateurs soient fiers de ce qu’ils montrent au reste du monde, que chaque édition est incroyablement unique.

Quel message souhaiteriez-vous transmettre aux jeunes Africains qui attendent avec impatience les prochains Jeux ?

Soyez, soyez fières, enthousiastes. Soutenez les athlètes, soyez présents dans les stades et sur les réseaux sociaux. Faites que cette édition des Jeux Olympiques de la Jeunesse soit rayonnante bien au-delà du continent. C’est une opportunité unique, c’est une plateforme qui peut vous faire briller.

Pour probablement les jeunes Sénégalais, montrer ce que l’hospitalité veut dire chez vous, je l’ai vécu à plusieurs reprises et c’est quelque chose de formidable. Démontrez votre savoir-faire, votre créativité aussi. Et puis, soyez ambitieux. Soyez ambitieux parce que c’est un continent jeune avec des opportunités quasi infinies. Donc voilà, c’est tout cela et surtout de profiter de ce qui est une incroyable opportunité de montrer ce que vous êtes, qui vous êtes au reste du monde.

A un peu moins d’une année et demie du coup d’envoi des JOJ Dakar 2026, que peut-on retenir aujourd’hui des préparatifs dans l’ensemble ?

D’aujourd’hui à la livraison des Jeux, avec des points de passage forts, notamment au mois de novembre cette année, qui verra les organisateurs tenir une nouvelle édition Dakar en Jeux. C’est toujours un test grandeur nature très important, mais également des épreuves tests dans un certain nombre de sports. Et puis finalement, ce que l’on appelle une journée porte ouverte pour les Comités nationaux olympiques qui seront soit à distance, soit sur place pour discuter des derniers préparatifs. Donc voilà un gros point de passage en novembre. Et puis ensuite, on sera très rapidement sur la mise en œuvre du dispositif avec les constructions temporaires. Et puis la formation du personnel qui va travailler au moment des Jeux, notamment les volontaires. Donc ça va très très vite entre aujourd’hui et les Jeux, mais avec encore une fois des points de passage qui sont extrêmement clairs.

Comment le Sénégal, ou mieux l’Afrique tout entière, peut-elle profiter de ces JOJ pour renforcer sa visibilité ainsi que son image sur l’échiquier mondial ?

Je crois qu’il y a plusieurs niveaux de réponse là. La première chose pour renforcer la visibilité, c’est que ces Jeux doivent être populaires. Ils seront populaires si deux conditions sont réunies. La première, c’est que les stades soient pleins et que ce soit la grande fête de la jeunesse. Donc les stades, mais tout ce qui se passera en dehors également à Saly, à Diamniadio, à Dakar bien entendu. Premier élément clé. Deuxième élément clé, c’est une couverture médiatique à la hauteur de l’événement. Il est important que les médias sénégalais et africains mettent en lumière les performances de ces jeunes athlètes, mais également les performances des organisateurs, parce que c’est ce que l’on pourra mettre en valeur.

Et je dirais que c’est cette dimension-là qu’il va falloir utiliser pour la question de l’image sur l’échiquier mondial. Réussir l’organisation des Jeux Olympiques et des Jeux Olympiques de la Jeunesse, c’est réussir un défi majeur, celui de la complexité et de la sophistication. Alors, c’est une superbe opportunité pour le Sénégal de démontrer que en matière de sécurité, de transport, de logistique, mais également dans les éléments les plus créatifs comme le design ou une cérémonie d’ouverture, le Sénégal, Dakar sont, sont des zones de première qualité.

Et ça sur l’échiquier, c’est une vraie carte à jouer. Et lorsqu’on a su faire des Jeux Olympiques de la Jeunesse, lorsqu’on a su faire rayonner les Jeux Olympiques de la Jeunesse, alors on se positionne différemment sur la carte, notamment pour l’accueil de futures manifestations sportives de grande ampleur.

Peut-on en savoir plus sur les partenaires locaux (sénégalais) et/ou africains qui soutiennent l’organisation de ces JOJ 2026 ?

Un comité d’organisation, ça doit être vu dans son sens le plus large possible, à savoir un vrai partenariat entre différents acteurs. Le mouvement sportif a commencé avec un Comité National Olympique sénégalais qui a toujours été au plus haut niveau pour accompagner. La deuxième pièce très importante, c’est le comité d’organisation.

Le comité d’organisation, très performant aussi avec des dirigeants de grande qualité et une équipe exécutive, honnêtement, que j’ai rarement vu à un niveau comme celui-ci. Mais ce n’est pas tout. Les partenaires, ce sont aussi les autorités publiques. On ne peut pas être un comité d’organisation au sens large sans avoir dans la grande équipe les autorités. Et là, dans toutes les séances, et je peux en témoigner, nous avons toujours des représentants des autorités locales, régionales, nationales.

Nous avons vu les plans. Les plans démontrent que cette intégration fonctionne aujourd’hui. Et puis finalement, il y a d’autres partenaires, des partenaires plus commerciaux, ceux-ci qui sont souvent des sponsors de l’organisation, mais qui amènent également des solutions. Alors, les partenaires du Mouvement Olympique sont très fiers de ce qu’ils peuvent amener aux Jeux Olympiques de Dakar, notamment dans les domaines techniques. Et puis, évidemment, au niveau des partenaires commerciaux que le comité d’organisation a su mobiliser avec Sonatel Orange, partenaire domestique.

Réalisée par Thierno Ousmane Diallo
pour Le Populaire (Guinée)

Related posts

Le Festival international du djembé renforce l’offre touristique en célébrant le rythme et les pas de danse

Diallo Tidian

Gaoual Diallo réintégré à l’UFDG: et maintenant ?

Diallo Tidian

CNT : le sentiment du devoir accompli

Diallo Tidian