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Cellou Dalein Diallo sur ce que le régime en place fait de l’Or blanc guinéen : Alpha Condé file un mauvais coton

C’est connu. Quand il décrypte la gestion de l’économie du pays, le principal opposant guinéen se fait écouter. Religieusement. Sans chuchotements. C’est ce qu’il a fait ce samedi 24 juillet à Conakry. Cellou Dalein Diallo a diagnostiqué la situation dans laquelle sont trempés les producteurs de l’Or blanc en Guinée. Il a aligné les chiffres de la production année après année. Le tableau présenté est illustratif et révélateur.

Quand l’économie se porte bien, le pays ira mieux. Mais ce n’est pas le cas. Cellou Dalein Diallo qui a une pensée pour ses compatriotes« engagés dans la culture du coton » et «qui souffrent dans l’indifférence notamment des autorités guinéennes », a démontré que le système Alpha Condé file un mauvais coton.

Sa gestion a rendu vulnérables les acteurs de ce secteur de production qui a pourtant du potentiel. « La promotion de la culture industrielle du coton a été engagée aux débuts des années 90 avec le soutien de la coopération française et l’assistance technique de ce qui s’appelait à l’époque Cfdt (Compagnie française pour le développement des fibres textiles) qui est devenue aujourd’hui Géocoton. Lorsqu’Alpha Condé est arrivé (au pouvoir en 2010), vous le connaissez: « Je vais relancer la coton-culture et on va dépasser le Mali et le Burkina !»

Il crée un projet avec une nouvelle appellation : le Projet de développement de la filière cotonnière en Guinée (Pdfcg)», dont le siège se trouve au boulevard du commerce face Ministère de la Santé dans le quartier Almamya à Kaloum.

De 15 000, la production chute à 1 900 tonnes …

Economiste spécialisé en contrôle financier et ancien Premier ministre, Cellou Dalein Diallo explique qu’en 2011-2012, le régime Alpha Condé ne fait que 2 777 tonnes. Entre 2012 et 2013, 4 mille tonnes. En 2015 et 2016, il atteint le pic de 15 mille tonnes. Et plouf ! Depuis, ça ne fait que baisser. Cette année ils n’ont fait que 1 900 tonnes.

  1. Diallo aligne les chiffres des quelques pays africains pour démontrer la situation des productions guinéennes.

« Nous sommes à 1 905 tonnes cette année, fait savoir l’ancien chef du gouvernement sous le régime du général Lansana Conté. Le Burkina est à 491 000 tonnes, la Côte d’ivoire à 548 000 tonnes, le Mali, malgré la menace terroriste, est à 156 522 tonnes, mais c’est un pays qui avait atteint 700 000 tonnes avant la guerre contre les djihadisme. Le Sénégal, qui n’a pas beaucoup de vocation, est à 20 000 tonnes, le Togo à 68 000 tonnes, alors que nous nous sommes à 1 900 tonnes. Ces pays-là, pour montrer à quel point le développement de cette filière contribue à la réduction de la pauvreté. Si vous prenez le nombre de producteurs, c’est-à-dire les paysans engagés, vous avez 417 591 paysans. Au Burkina, il y a 52 000 femmes qui ont leurs exploitations. La Côte d’ivoire 132 000, dont 3250 femmes. Et la Guinée 2 300. Je parle de maintenant-là, parce que les gens ont quitté la filière pour l’orpaillage et d’autres, puisqu’il n’y a pas de soutien et d’accompagnement » de la part du gouvernement.

Cette filière est développée en Haute Guinée, particulièrement dans la sous-préfecture de Sinko à Beyla, et en Moyenne Guinée dans les préfectures de Gaoual, Koundara et Mali. Le constat est que, «tous les paysans se sont débrouillés seuls sans aide pour cultiver et entretenir leurs champs de coton ».

Le principal leader de l’opposition guinéenne, note et salue le courage des paysans dont certains, comme ceux de Kankan, ont accès à des ateliers d’égrenage. Ceux qui n’en ont pas, le gouvernement avait décidé, compte-tenu de la proximité avec Sénégal, d’y envoyer leurs productions en vertu d’un accord conclu avec ce pays.

Cependant, avec la fermeture des frontières. Ils ne peuvent « transporter ni vers le Sénégal, ni vers Kankan, parce qu’il n’y a pas d’acheteurs ». «Ensuite, ce n’est pas la préoccupation du gouvernement, commente M. Diallo qui conclut en ces termes : « voilà un peu dans quelle détresse les coton-culteurs se trouvent aujourd’hui».

Aspect financier

  1. Diallo persiste à démontrer que«le secteur est à l’agonie»en donnant l’aspect financier de la situation. «En créant le projet, c’était dans les perspectives d’en faire une entreprise viable. Or, pour que cette entreprise soit viable, il faut que le niveau de la production atteigne au moins 25 000 tonnes. Aujourd’hui, on en est à 1 900. Mais rien n’est fait pour aller vers cette direction», fait observer l’opposant.

«Les perspectives sont sombres (avec la gouvernance Alpha Condé), parce qu’actuellement le projet est criblé de dettes à la Caisse nationale de sécurité sociale (Cnss) et endettée à hauteur de 120 milliards de FG notamment vis-à-vis de la Chambre nationale d’agriculture».

Ce qui aggrave la situation du projet et contribue à « tuer la production de coton» en Guinée. Avec à la clé le «désordre» entretenu, Cellou Dalein Diallo rappelle que ce projet est empêtré dans un contentieux non encore résolu avec Géocoton et un autre actionnaire dénommé Mamadou Tounkara, Mama pour les intimes.

 Par D. Alpha

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