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Affaire Mme Aïssatou Doukouré en Belgique : Conakry plaide, Bruxelles s’explique

Affaire de droits humains et de relations internationales. L’arrestation de l’ex-ambassadrice guinéenne Mme Aïssatou Doukouré à Bruxelles, le 16 juin 2025, prétendant bénéficier d’une immunité diplomatique, crée une onde de choc à Conakry.

Le ministère des Affaires étrangères, de l’Intégration africaine et des guinéens établis à l’étranger, dirigé par SE Dr Morissanda Kouyaté, demande une résolution diplomatique, tandis que Bruxelles conteste cette immunité, affirmant que la fin de son mandat a été notifiée.

L’affaire est complexifiée par des allégations de maltraitance envers une adolescente de 16 ans originaire de Sierra Leone.

L’ex-ambassadrice de la République de Guinée près les pays de l’Union Benelux, Aïssatou Doukouré, a été arrêtée à Bruxelles, suscitant une onde de choc au sein des autorités guinéennes. Cette arrestation s’est produite à la résidence des ambassadeurs, alors même qu’elle jouissait d’une immunité diplomatique. Le ministère des Affaires Étrangères de Guinée a annoncé cette nouvelle dans une note datée du 25 juin, plaidant pour une solution diplomatique à ce « contentieux », sans fournir de détails supplémentaires.

Nommée en février 2022, Aïssatou Doukouré avait été rappelée par le président Mamadi Doumbouya en novembre 2024, sans que les raisons de cette décision ne soient précisées.

Cette arrestation de l’ex-ambassadrice continue de susciter des controverses. Tandis que les autorités guinéennes insistent sur le fait qu’elle bénéficiait d’une immunité diplomatique au moment de son arrestation, les autorités belges affirment le contraire. Le porte-parole du service public fédéral Affaires étrangères, Pierre Steverlynck, a déclaré que la fin du mandat de Mme Doukouré avait été notifiée par note verbale le 27 novembre 2024. Selon lui, Mme Aïssatou Doukouré ne bénéficie plus que de l’immunité fonctionnelle, qui ne s’applique pas dans cette affaire, considérée comme relevant de sa vie privée.

Une affaire troublante

Au cœur de cette affaire se trouve une adolescente originaire de Sierra Leone, qui aurait été confiée à l’ancienne ambassadrice. Des allégations de maltraitance et de séquestration émergent, alors que l’adolescente, après avoir été rappelée en Guinée, entre en contact avec des Sierra-Léonais qui lui déconseillent de retourner en Afrique, selon de bonnes sources.

«Sa situation devient préoccupante lorsque le mari de Mme Doukouré, un homme d’affaires basé à Dubaï, tente de convaincre la jeune fille de quitter la Belgique en lui promettant un voyage vers Dubaï», selon les médias.

«Refusant catégoriquement cette proposition, l’adolescente fait preuve de courage en se rendant finalement à la police» pour relater, selon son propre récit, les circonstances troublantes entourant cette affaire, empreintes d’allégations de maltraitance qu’elle aurait subies.

Selon nos informations, elle partage avec la police belge les détails de sa situation. «Tout en donnant des détails sur les abus dont elle a été victime. Son témoignage est riche en émotions et en précisions.»

Ses révélations «concernant la gravité de son expérience constituent un élément essentiel» pour les autorités belges, leur «permettant d’appréhender pleinement la complexité de cette affaire et les enjeux sous-jacents».

En partageant «son histoire», l’adolescente de 16 ans livre un éclairage précieux sur ce que les défenseurs des droits humains appellent: «des dynamiques souvent dissimulées, mettant en exergue l’urgence d’une enquête approfondie (…) sur des réalités complexes et des problématiques systémiques qui méritent une attention particulière. Elle révèle les mécanismes de silence et de complicité qui peuvent entourer de telles situations.»  D’où des questions plus larges liées à la protection des mineurs et aux responsabilités des adultes dans des situations de vulnérabilité.

Dans l’intervalle, le ministère des Affaires Étrangères maintient sa demande «pour une résolution diplomatique» de ce dossier sensible.

Conscient des implications potentielles sur les relations bilatérales, l’équipe de SE Dr Morissanda Kouyaté s’efforce de trouver une issue pacifique qui respecte les droits de toutes les parties impliquées.

Nos sources indiquent que cette initiative vise à maintenir l’intégrité de la diplomatie guinéenne tout en garantissant la protection des droits de la jeune fille de 16 ans, qui est actuellement placée dans un centre d’accueil belge.

«En déployant des efforts diplomatiques soutenus, le ministère espère instaurer un dialogue constructif avec les autorités belges» afin de «clarifier les malentendus».

Par Racine Dieng

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