La Cédéao a ordonné dimanche le déploiement immédiat d’éléments de sa force d’attente en République du Bénin, composée de contingents du Nigéria , de la Sierra Léone, de la Côte d’Ivoire et du Ghana, après la tentative de coup d’État qui a ébranlé Cotonou dans la matinée, mettant à exécution sa menace formulée quelques heures plus tôt.
Dans un deuxième communiqué publié dimanche 7 décembre 2025 depuis Abuja, la Commission de la Cédéao informe le grand public que le président de l’Autorité des chefs d’État et de gouvernement de la Cédéao dirigée par le président sierra-léonais, Julius Maada Bio a ordonné le déploiement d’éléments de la force régionale en attente vers la République du Bénin avec effet immédiat.
Cette décision a été prise conformément aux dispositions des instruments pertinents de la Cédéao, en particulier l’article 25(e) du Protocole de 1999 relatif au mécanisme de prévention, de gestion et de règlement des conflits, de maintien de la paix et de la sécurité, et après consultation entre les membres du Conseil de médiation et de sécurité au niveau des chefs d’État et de gouvernement.
La force régionale sera composée de troupes en provenance de la République fédérale du Nigéria, de la République de Sierra Léone, de la République de Côte d’Ivoire et de la République du Ghana. La mission assignée à cette force consiste à soutenir le gouvernement et l’armée républicaine du Bénin afin de préserver l’ordre constitutionnel et l’intégrité territoriale de la République du Bénin.
Cette annonce concrétise la menace formulée plus tôt dans la journée par la Commission de la Cédéao, qui avait affirmé qu’elle soutiendrait « le gouvernement et le peuple par tous les moyens nécessaires, y compris le déploiement de la force régionale en attente », afin de défendre la Constitution du Bénin.
Le déploiement de cette force régionale intervient quelques minutes après que le président béninois Patrice Talon s’est adressé à la nation pour affirmer avoir repris le contrôle de la situation, tout en révélant que des personnes sont encore retenues par les mutins en fuite.
Plus tôt dans la journée, un groupe de militaires se présentant comme le Comité militaire pour la refondation (CMR) avait diffusé un communiqué sur la télévision nationale annonçant la prise du pouvoir et la destitution du président Patrice Talon. L’homme se présentant comme le colonel Tigri Pascal, désigné président du CMR, a réapparu dans une vidéo diffusée par l’activiste Kemi Seba malgré des informations médiatiques faisant état d’arrestations de putschistes présumés.
Le Nigéria, principal contributeur présumé de cette force régionale en tant que puissance militaire de la sous-région, avait condamné dimanche dans les termes les plus fermes la tentative de prise de pouvoir par la force, qualifiant l’acte de « déstabilisation » représentant « une agression directe contre la démocratie, l’ordre constitutionnel et la volonté collective du peuple béninois ».
L’Union africaine, par la voix du président de la Commission, Mahmoud Ali Yousouf, a également condamné « fermement et sans équivoque » la tentative de putsch, appelant tous les acteurs impliqués « à cesser immédiatement toute action illégale, à respecter pleinement la Constitution du Bénin et à regagner sans délai leurs casernes ».
Cette crise intervient dans un contexte politique marqué par l’exclusion du principal parti d’opposition, Les Démocrates, de la présidentielle prévue en avril 2026, et alors que le pays fait face depuis plusieurs années à des attaques jihadistes dans le nord, dont la plus meurtrière en avril 2025 a officiellement fait 54 morts parmi les forces armées.
AC/Sf/APA