Face aux enjeux qui hypothèquent l’avenir de leur cité, la diaspora mobilisée à Lille pour débattre des défis cruciaux de Fria. L’Association des Ressortissants de Fria (Friakas) de Lille a tenu la deuxième édition de son rassemblement annuel le samedi 25 octobre 2025, dans la capitale des Hauts-de-France. Cet événement a suscité une forte mobilisation, attirant des ressortissants de Fria (Guinée) ainsi que de l’Europe, des États-Unis et de diverses villes françaises, tous réunis par un objectif commun.
La journée de retrouvailles s’est articulée autour de trois temps forts : une conférence-débat stratégique pour analyser les défis et envisager l’avenir de Fria, un tournoi de football fédérateur entre la diaspora guinéenne de Lille et une soirée de gala festive, conçue comme une parenthèse pour oublier les affres de la ville natale et le stress de l’exil.
Changer de paradigme pour l’avenir de Fria
Ouvrant la cérémonie, la présidente des Friakas de Lille, Mme Aissata Soumah, a souhaité une chaleureuse bienvenue aux nombreux invités, avant de céder la parole au modérateur, M. Mohamed Touré. L’assemblée a ensuite entendu les félicitations et les encouragements des sages de Lille, notamment M. Guirassy, qui a salué l’initiative et formulé des prières pour les Friakas et l’ensemble des Guinéens.
Mamadou Djan Diallo, président d’Arsif-France, a longuement développé le panel sur « La crise de l’usine de Fria ». Il a retracé l’histoire de la ville, depuis sa création et ses périodes fastes, jusqu’aux premières tensions sociales et aux grèves incessantes provoquées par la chute de l’activité. Il a ainsi éclairé les efforts passés pour que les Friakas puissent retrouver leur dignité d’antan.
Mme Diallo Hawa Barry, Marraine de cette deuxième édition, a posé un diagnostic sans concession : l’extrême dépendance psychologique et économique de la population envers l’usine. « Nos parents et la nouvelle génération sont conditionnés à penser qu’ils dépendent de cette usine, a affirmé la fondatrice de Guinean Excellence Awards USA et Miss Guinée Amérique du Nord. Ce qui fait que, lorsque l’on se rend à Fria, il n’y a pas de vision ; tout le monde attend la providence pour que l’usine redémarre. »
Mme Diallo, a insisté sur la nécessité de mettre en place des groupes de pression stratégiques, lobbies, impliquant les ressortissants occupant des postes de responsabilité, pour élaborer une solution durable. Elle s’est dite convaincue qu’avec le concours de la diaspora et des acteurs socio-économiques locaux, il est possible de faire renaître Fria en opérant un changement de paradigme, notamment en orientant la jeunesse vers des métiers techniques pour une meilleure adaptation aux autres secteurs de l’économie.
Dans le même élan, Souadou Baldé, Directrice générale du Patrimoine bâti-public, a préconisé de développer des activités annexes et complémentaires pour les jeunes, les femmes et les familles, dans l’attente de solutions pérennes.
Préparation politique
Le panel sur « La problématique de l’emploi des jeunes, opportunités et stratégies » a été confié à Madi Diawandou. L’ancien membre de la société civile a d’abord appelé à la résilience des Friakas, citant en exemple les grandes nations qui ont connu des revers avant de trouver de nouvelles voies de développement. « Je suis convaincu que ce sont les politiques qui doivent régler le véritable problème de Fria», a déclaré M. Diawandou. Il a fermement encouragé la jeunesse de Fria à se préparer politiquement en proposant un programme socio-économique et éducatif cohérent aux futurs maires et députés de la circonscription.
Enfin, M. Lamarana Gocky Barry, Directeur des Ressources Humaines, a exhorté les Friakas à se structurer en associations afin de créer des mouvements sociaux influents pour défendre activement les intérêts de leur ville.
Clôture festive
Après cette session de travail intensive, la journée s’est poursuivie avec le tournoi de football et la soirée de gala. Ce qui ont permis de mêler l’utile à l’agréable. Et ce fut une édition particulièrement riche pour les organisateurs et pour tous ceux qui avaient fait le déplacement pour vivre ce moment d’engagement et de convivialité.
Par Tidiane Diallo,
envoyé spécial à Lille
