Alpha Oumar Bah, alias Oumar Bongo, est un passionné du septième art et une figure montante du cinéma guinéen. Ce diplômé en art dramatique de l’Institut Supérieur des Arts de Guinée (ISAG de Dubréka), a su s’imposer en tant qu’acteur, scénariste et réalisateur.
Suite à ses études à l’ISAG, Bah Alpha Oumar n’a pas tardé à se faire remarquer. « J’ai eu l’opportunité de participer à plusieurs projets », confie-t-il. Son baptême du feu a eu lieu dans “Note coupable”, un long-métrage de Boubacar N’Gnessa, où il a brillamment incarné le rôle principal, Tom, un personnage confronté au harcèlement universitaire.
Il a également joué dans des courts-métrages comme “Le sort de Mingui” et “Que j’en crève”, ainsi que dans le long-métrage “Dongal”. Un parcours éclectique qui témoigne de son talent, de son audace et de sa polyvalence. Bah Alpha Oumar ne se contente pas de jouer la comédie ; il est un ardent défenseur de la culture. Il est convaincu du potentiel de son cinéma, qu’il souhaite porter au niveau international.
Pour ce faire, il mise sur la collaboration et la transmission. Il anime des ateliers d’art dramatique pour les jeunes de son quartier, partageant les connaissances acquises durant ses études. « Pour faire avancer notre cinéma au niveau international, je sais que cela nécessite un travail d’équipe », insiste-t-il, appelant à l’unité et au soutien des pouvoirs publics.
Un film poignant
Sa carrière franchit une nouvelle étape avec la réalisation de son premier long-métrage, “Mamadjan, Jamais sans ma mère”. C’est un film au cœur du drame familial. Il raconte l’histoire de Mamadjan, un jeune homme de 19 ans maltraité par sa marâtre et dont la seule obsession est de retrouver sa mère, chassée de la maison des années plus tôt.
Le film explore les thèmes de l’injustice, des rivalités familiales et de l’amour maternel. La quête de Mamadjan s’achève de manière tragique : il retrouve sa mère, affaiblie par une maladie, qui meurt dans ses bras, submergée par l’émotion. Cette scène bouleversante souligne la puissance des liens familiaux et les conséquences dévastatrices des malentendus.
Un acteur engagé
Face à la question de l’état du cinéma guinéen, Bah Alpha Oumar fait preuve de lucidité. Il reconnaît que son cinéma ne bénéficie pas encore de la même renommée que ceux de la Côte d’Ivoire ou du Burkina Faso, mais il refuse de se décourager. Il considère le cinéma comme le « septième art », une discipline complexe qui est le reflet de la société.
Son message est clair et direct : « Tant que l’État ne s’implique pas, qu’il n’y aura pas de volonté politique et de suivi, notre cinéma guinéen sera limité ». Pour lui, la reconnaissance internationale passe par un engagement ferme des autorités. Il garde néanmoins espoir, convaincu que la passion et la cohésion des acteurs du secteur finiront par porter leurs fruits.
Bah Alpha Oumar perçoit le cinéma comme un « miroir caricatural de notre société », un outil puissant pour dénoncer les injustices, corriger les mœurs et célébrer la dignité humaine. Il salue l’attention portée à son travail et appelle à un soutien continu pour un art qui a tant à offrir.
Par Léon Kolié