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Pour des motifs liés à une «situation irrégulière», l’UFDG, le RPG Arc-en-ciel et le PRP suspendus pour 3 mois

Avec cette suspension, l’UFDG, le RPG et le PRP se retrouvent sous le feu des accusations du régime, tels des lapins pris dans les phares d’une voiture, contraints de se battre pour leur survie.

Les observateurs, toujours très attentifs, s’accordent à dire que la campagne pour le référendum du 21 septembre 2025 devrait constituer une tribune ouverte pour engager un débat contradictoire entre les différentes formations politiques sur la Constitution qui, espèrent-ils, sera l’occasion de façonner les institutions républicaines en fonction de l’intérêt général et pour longtemps.

Les partis d’opposition dirigés par Cellou Dalein Diallo, Alpha Condé et Rafiou Sow viennent d’être suspendus pour une durée de trois mois. Le ministère de l’Administration du territoire et de la décentralisation leur reproche de ne pas avoir respecté les conditions stipulées par la loi en vigueur ainsi que par la Charte des partis politiques.

L’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), dont le leader est le principal opposant en exil, Cellou Dalein Diallo, le Rassemblement du  peuple de Guinée (RPG-Arc-en-ciel) du président exilé, Alpha Condé ; ainsi que le Parti pour le renouveau et progrès (PRP) de Rafiou Sow, sont accusés d’être dans une « situation irrégulière » en raison du non-respect des obligations de conformité imposées par la charte, malgré un délai de 45 jours accordé par les autorités compétentes.

Le courrier émanant du ministre précise que durant cette période de suspension, ces trois formations sont interdites de mener toute activité, incluant l’organisation de réunions, de manifestations de rue ou de campagnes politiques.

Au sein de l’état-major de l’UFDG, on évoque un conflit accentué entre le ministère, dirigé par le général à la retraite Ibrahima Kalil Condé, et Cellou Dalein Diallo, lequel est en désaccord avec l’actuel ministre porte-parole du gouvernement, Ousmane Gaoual Diallo, ainsi qu’avec d’autres membres de l’UFDG qui ont été exclus ou suspendus.

Selon une source proche du dossier au ministère de l’Administration du territoire, cette crise, qui ébranle les structures de l’UFDG, est actuellement soumise à l’examen des tribunaux, en lien avec l’organisation de son congrès. À cet égard,  la Cour suprême devrait se prononcer sur cette affaire le 28 août 2025.

Pour ce qui est du RPG Arc-en-ciel, ancien parti au pouvoir, un de ses responsables conteste les accusations, affirmant que le courrier de l’administration du territoire n’est pas correctement référencé. Pour sa part, le PRP manifeste sa surprise face à l’interdiction de mener des activités sur le territoire national pour une durée de trois mois.

Cette décision surprend d’autant plus que le PRP formule des critiques à l’encontre du régime actuel, lesquelles se fondent sur des abus de pouvoir avérés et sont soutenues par des propositions concrètes et réalisables, loin de tout fantasme. Ces trois partis d’opposition, sous le poids des accusations étatiques, mènent une lutte pour leur survie.

Dans ce contexte délicat, les observateurs de la scène politique estiment que, quelle que soit l’issue de la situation actuelle, l’organisation de la campagne pour le référendum du 21 septembre 2025, qui se déroulera du 22 au 31 août 2025, devrait impérativement inclure un espace dédié à l’opposition au projet de nouvelle constitution.

Cela aurait eu l’avantage d’offrir l’opportunité d’engager un débat constructif et contradictoire entre les différentes formations et mouvements politiques sur cette loi fondamentale, qui régira le fonctionnement même des institutions républicaines.

Un tel échange ne viserait pas à obtenir un boycott massif du projet dans les urnes, étant donné que le OUI à la constitution est devenu inéluctable, mais jouerait un rôle crucial en favorisant un véritable jeu politique. Et renforcerait aussi la légitimité du processus, essentiel pour garantir une démocratie vivante et inclusive, dans laquelle toutes les voix, même celles en désaccord, peuvent être entendues et prises en compte.

Par Alpha A. Diallo

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