La Guinée est une terre d’immense richesse, tant dans son sol que son sous-sol. Pourtant, de manière tragique, la majorité de sa population continue de vivre dans une précarité criante. Depuis son indépendance, une succession de dirigeants, civils et militaires – d’Ahmed Sékou Touré au Général Mamadi Doumbouya, en passant par Lansana Conté, Moussa Dadis Camara, Sékouba Konaté et Alpha Condé – s’est retrouvée aux commandes.
Sous chacun de ces régimes, un triste constat s’impose : la plupart des ministres et hauts cadres se sont distingués par des détournements de fonds publics, le bradage du patrimoine national et la dilapidation des ressources du pays. Tout cela s’est déroulé sous les yeux d’une population impuissante et meurtrie, dont le seul recours semble être de se tourner vers le ciel, implorant une intervention divine.
Ce cycle sans fin soulève une question fondamentale : à qui se fier lorsque même ceux en qui nous avions placé nos espoirs, nos « braves pionniers », semblent déchanter ? Et si ceux qui devraient être les gardiens de la justice se mettent à piller à leur tour, comment les juger ? Ce sentiment d’impuissance est palpable chez l’observateur que je suis, ma plume étant presque trop lourde pour continuer à dénoncer.
Cette situation, où le présent regrette si amèrement le passé, compromet irrémédiablement notre avenir. Elle doit interpeller chacun d’entre nous. Il est impératif qu’un changement de mentalité profond s’opère chez tous les dirigeants, qu’ils soient civils ou militaires. L’objectif doit être de créer des conditions qui permettent de partager équitablement la richesse du pays entre toutes ses filles et tous ses fils, sans distinction d’ethnie, de région, de religion ou de classe sociale.
Il est absurde et incompréhensible que les Guinéens, avec tant de ressources naturelles, soient réduits à vivoter. Pendant que l’élite au pouvoir s’enrichit de manière insolente, l’écrasante majorité de la population peine à joindre les deux bouts, à manger dignement, à se loger ou à se soigner. Un sursaut patriotique s’impose, du sommet à la base, pour transformer cette réalité et garantir un avenir meilleur pour tous.
Par Kèfina Diakité
