La récente condamnation d’Ibrahima Kassory Fofana continue de susciter des interrogations et des critiques sur la solidité des arguments avancés par la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF).
L’ancien Premier ministre, reconnu «coupable de détournement de fonds publics et de blanchiment d’argent», voit pourtant sa défense dénoncer une décision infondée, basée sur des amalgames et un manque d’analyse approfondie des faits.
Selon ses conseils, Kassory Fofana, avant d’être rappelé au gouvernement par Alpha Condé, exerçait des activités de consultant international. Les montants retrouvés dans ses comptes proviennent de cette activité, bien avant sa nomination au poste de Premier ministre. Ses avocats insistent sur le fait que la CRIEF n’a pas pris en compte les dates des transactions bancaires, qui démontreraient que ces fonds étaient déjà présents avant son entrée en fonction.
Si l’accusation repose sur l’idée d’un enrichissement illicite, où sont les preuves d’un détournement effectif de deniers publics ? Quel document, quel virement ou quel acte atteste qu’il aurait soustrait un seul franc des caisses de l’État à son profit ? Ensuite, la question du blanchiment de capitaux apparaît encore plus discutable, selon ses avocats.
La CRIEF affirme que 15 milliards de francs guinéens auraient été blanchis via des sociétés supposément utilisées comme écrans. Pourtant, aucune preuve tangible ne vient appuyer cette thèse. Et la défense de Kassory Fofana réfute catégoriquement l’existence même de ces 15 milliards détournés.
« Ce qu’on n’a pas pris, comment peut-on le blanchir ? », s’interrogent ses avocats. Ils rappellent que les fonds mentionnés proviennent en grande partie des contributions de militants et sympathisants en 2020, lors de sa candidature à l’élection présidentielle.
Enfin, le volet des sociétés dites « de prête-nom » renforce la polémique. La CRIEF évoque des entreprises comme Gomba Transit, Haïdako et Egico SARL, censées avoir servi de véhicules de blanchiment. Mais là encore, la défense démontre que ces accusations reposent sur des présomptions fragiles.
Egico SARL, par exemple, est une entreprise bien établie depuis 1986, qui remporte des appels d’offres et réalise des projets d’infrastructure. Son directeur général a fourni des documents prouvant l’origine légale de ses revenus. Pourquoi ces éléments n’ont-ils pas été pris en compte ? Cette affaire pose une question essentielle sur la manière dont la justice économique est rendue.
Par Racine Dieng