Leadership. Ancien ministre des Travaux publics, Bah Ousmane est une figure politique marquante dans l’histoire de la Guinée.
Des années 90 à maintenant, cet homme d’une persévérance calme et tenace a su s’imposer par sa capacité à naviguer dans les eaux parfois tumultueuses de la politique nationale sans se laisser noyer par ses concurrents de tout poids et de tout calibre.
C’est un vieux routier de la politique. Bah Ousmane est issu de la cour royale de Gongorè, une cité du Fouta Théocratique blottie entre les montagnes et les bowés de la belle et touristique préfecture de Pita en Moyenne Guinée.
Né couronné
Né et grandi à Conakry en de bonnes mains de la notabilité politique et administrative de la Guinée indépendante, il a très rapidement compris l’importance de l’éducation, du savoir-être, du savoir-vivre pour être un meneur d’hommes dans un monde de défis et d’opportunités. Il se fait remarquer très tôt comme un étudiant diplômé qui fut très laborieux, studieux et qui avait pris au sérieux ses études à l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry.
Pendant qu’il exerce au sein de la fonction publique guinéenne et après dans le secteur privé, Bah Ousmane n’a eu de cesse d’œuvrer en faveur de la justice et de l’amélioration des conditions de vie de ses collaborateurs.
Avec cet esprit de partage, il s’engage dans la bataille pour l’avènement de la démocratie aux côtés du doyen Ba Mamadou, un ancien fonctionnaire de la Banque mondiale qui venait de créer l’Union pour la nouvelle république (UNR) en qualité de secrétaire général de cette formation. Cela a jeté les bases de sa carrière politique. Son statut de numéro deux de l’Unr et de député durant plusieurs législatures lui a permis de développer une vision éclairée des enjeux sociopolitiques de la Guinée.
Persévérance calme et tenace
Bah Ousmane débute sa carrière politique en tant que numéro deux de l’Unr et conseiller auprès de plusieurs grandes figures politiques. Il se construit l’image d’un leader d’une grande patience et en même temps d’une persévérance calme et tenace.
En 1998, il est au cœur de la fusion entre l’Union pour la nouvelle République (UNR) du doyen Ba Mamadou, le Parti du renouveau et du progrès (PRP) de l’économiste et journaliste Siradiou Diallo et le Rassemblement national pour la prospérité (RNP) de l’enseignant et commis de l’administration publique Dr Aliou V Diallo.
Aux élections législatives de 2002, l’Upr fait élire 20 députés sur un total de 114, en obtenant plus de 20% des suffrages, un résultat qui place le parti au second rang derrière le Parti de l’unité et du progrès (PUP) au pouvoir, qui dispose de 85 députés.
Au sein du nouveau paysage politique ainsi redessiné par les résultats électoraux, Bah Ousmane occupe une place stratégique de Secrétaire général de l’Upr et député à l’Assemblée nationale. Lorsque le leader charismatique de l’Upr et député de la Guinée siégeant au Parlement de la Cédéao à Abuja décède le 14 mars 2004 à Paris, en France, il assure la période de transition avec habilité, bénéficiant du soutien actif de la puissante fédération Upr de Labé dont est originaire feu Siradiou Diallo.
En 2006, l’Upr renouvelle ses instances. Bah est élu au poste de président de l’Upr lors du congrès historique organisé à Labé. Son point fort est qu’il est considéré comme un fidèle incontesté de feu Siradiou Diallo et un pilier fondamental autour duquel le parti a été bâti par ses pères fondateurs. Mais il doit faire face désormais à une opposition interne. Ba Mamadou, le président d’honneur, qui avait été présenté candidat du parti aux élections présidentielles de 2018 avec comme directeur de campagne Siradiou Diallo, conteste son leadership. Il crée l’Upr-bis sans succès.
Bah Ousmane tient la barque face à la tempête et retrouve de la sérénité, du courage et de l’allant. Lorsque le président Lansana Conté décède le 22 décembre 2008, le Parlement est dissous. La junte dirigée par le capitaine Moussa Dadis Camara promet d’organiser des élections. Le 3 décembre 2009, le Capitane Dadis échappe à une tentative d’assassinat.
Envoyé au Maroc pour des soins, Dadis est placé en résidence de convalescence au Burkina Faso alors dirigé par le président Blaise Compaoré. Le général Sékouba Konaté prend la direction de la transition en janvier 2010. L’Upr et 23 autres partis participent à l’élection présidentielle du 27 juin 2010.
Son candidat, Ousmane Bah, est éliminé dès le premier tour, avec 0,68 pour cent des suffrages. Face à la situation qui prévaut dans le paysage politique, l’Upr décide de rejoindre au second tour l’alliance Arc-en-ciel qui a soutenu Alpha Condé le candidat du RPG (Rassemblement du peuple de Guinée) avec ses 18,25 pour cent des suffrages et désigné comme étant le seul opposant historique en lice face à Cellou Dalein Diallo le candidat de l’Ufdg (Union des forces démocratiques de Guinée) arrivé avec 43,60 pour cent des suffrages.
Le 15 novembre 2010, le candidat de l’Alliance Arc-en-ciel est déclaré vainqueur du second tour par 52,52 pour cent des voix. Le lundi 27 décembre 2010, Bah Ousmane est parmi les personnalités appelées dans l’équipe dirigeante du pays par Alpha Condé le président élu. Il entre dans le gouvernement en qualité de Ministre d’État pour occuper les fonctions de Ministre des Travaux publics.
En 2014, il quitte ce poste pour entrer au cabinet de la présidence de la République comme Ministre d’État, conseiller spécial chargé des infrastructures. En 2019, il est nommé président du conseil d’administration d’Electricité de Guinée (EDG) suite à l’arrivée à terme du contrat de gestion qui lie VEOLIA à EDG.
Après le coup d’état du 5 septembre 2021 contre le troisième mandat d’Alpha Condé, l’Upr envoie un représentant au CNT (Conseil national de la transition).
Le parcours du ministre Bah Ousmane n’est pas que jalonné de succès mais sa passion de servir la Guinée est son fort. Il reflète celui d’un homme mieux préparé à porter les espoirs de nos concitoyens, aguerri qu’il est par des dizaines d’années de propositions, de débats, de victoires sans lendemain sur tous les terrains, mais aussi d’écrasantes défaites au sein des pouvoirs législatif et exécutif.
Modèle de leadership inspirant
En tant que leader politique expérimenté et parlementaire rompu à la tâche, Bah Ousmane dédie aussi son action à l’inclusivité et au développement durable à travers son soutien aux initiatives sociales et locales.
Son aura d’ancien ministre au cœur du développement local aide à améliorer les conditions de vie des citoyens dans le pays profond. Bah joue un rôle crucial dans la mise en œuvre de politiques publiques, le soutien aux initiatives communautaires et la promotion du développement durable.
Il offre un modèle inspirant à un grand nombre d’anciens ministres en utilisant son expérience et ses réseaux de relations pour aider les collectivités locales à mobiliser des ressources, à établir des partenariats fiables mettant les citoyens au cœur du processus de prise de décision et de promotion d’activités d’intérêt public visant à renforcer les revenus des acteurs du monde rural avec tous les avantages évidents que cela procure à la paix sociale et à la stabilité de la Guinée en termes lutte contre la pauvreté et l’exode rural, l’abandon scolaire et les mariages précoces, la délinquance et l’exposition au VIH/sida, le trafic et la traite d’êtres humains qui alimentent et soutiennent le terrorisme et l’immigration illégale. Eh bien, Ousmane est toujours prêt à servir la Guinée.
Par Gabriel de Kouibly