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Affaire Habib Marouane Camara : l’enquête est en cours à la Police judiciaire

Officiel. Les appels à retrouver et libérer le journaliste Habib Marouane Camara, enlevé par un commando en tenue de gendarmes, mardi 3 décembre 2024 soir à Lambanyi, ne sont pas tombés dans l’oreille d’un sourd. Le 6 décembre 2024, le Parquet près le tribunal de première instance de Dixinn à Conakry a informé l’opinion publique que l’enquête est en cours à la Direction Centrale de la Police Judicaire.

Le substitut du procureur de la république près le tribunal de première instance de Dixinn, Biwon Millimono, signe un communiqué daté du 6 décembre 2024 et relatif à «l’arrestation du journaliste», en ces termes: «Le Parquet près le Tribunal de première instance de Dixinn a appris par voie de Presse, que dans la soirée du Mardi, 03 décembre 2024, le nommé Habib Marouane CA-MARA, Journaliste et Administrateur Général du site d’informations dénommé www.lerevelateur224.com a été arrêté au quartier Lambanyi, Commune de Lambanyi, par des individus qui arboreraient des tenues gendarmes ou militaires.

Cette arrestation opérée, sans ordres des autorités constituées et hors les cas prévus par la loi, a amené le Parquet à requérir la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ) à l’effet de procéder à une enquête complète et minutieuse par rapport aux faits d’arrestation arbitraire, séquestration de Monsieur Habib Marouane CAMARA.

Ainsi, pour faire prospérer les enquêtes déjà ouvertes, le Parquet de Dixinn rappelle à toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire, tout citoyen, qui, dans l’exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d’un quelconque élément de dénouement de cette affaire, qu’il est tenu de l’en donner avis sans délai, et de lui transmettre tous les renseignements, procès-verbaux et actes qui y sont relatifs.

Le Procureur de la République informe l’opinion publique que l’enquête est en cours à la Direction Centrale de la Police Judicaire et qu’il rendra public ultérieurement, des éléments objectifs résultant de ladite enquête ce, conformément aux dispositions de l’article 8 du Code de procédure pénale.»

Levée de boucliers

L’enlèvement du journaliste Habib Marouane Camara a provoqué une levée de boucliers principalement dans la presse et les milieux sociopolitiques et diplomatiques. Son enlèvement par un commando est annoncé par son épouse sur Facebook. Son site internet Lererevelateur224.com publie un communiqué qui explique qu’il a été enlevé par  des gendarmes qui l’ont emmené «vers une destination inconnue».

Le Sppg (Syndicat des professionnels de la presse de Guinée) «condamne fermement ce kidnapping (…) enregistré seulement quelques heures après la libération ce même mardi, d’un autre journaliste d’investigation Bakary Gamalo Bamba qui a passé près de 2 mois en prison». 

Tous «préoccupés du sort de Marouane» 

Le syndicat qui regroupe la presse publique et privée «demande au haut commandant de la gendarmerie nationale dont les éléments ont commis cet autre crime de prendre toutes les mesures nécessaires pour préserver l’intégrité physique et morale du journaliste qui, jusque-là, n’a jamais refusé de répondre à une convocation.»

Le lendemain, le Secrétaire général du SPPG, Sékou Jamal Pendessa et ses camarades sont reçus par le Premier ministre Bah Oury.

L’Ujpla (Union des journalistes de la presse libre africaine) «demande que les autorités compétentes veillent à ce que les droits de Habib Marouane Camara soient respectés. (Et)  rappelle aux organisations de la presse africaine et aux autorités guinéennes que le respect du plein exercice de la liberté de la presse et des droits fondamentaux de la personne humaine est essentiel dans un Etat de droit.»

De son côté, Rsf (Reporters sans frontières) « appelle les autorités à se prononcer sur le sort du journaliste Habib Marouane Camara ».

Presse Solidaire «condamne fermement cet enlèvement, qui constitue une violation flagrante des droits humains». L’ONG appelle «les autorités de la transition à tout mettre en œuvre pour localiser Habib Marouane Camara, garantir sa libération immédiate ou expliquer clairement les raisons de cette détention, conformément aux dispositions légales.»

Dans une déclaration postée le 5 décembre 2024, «l’Ambassade des États-Unis à Conakry exprime sa vive inquiétude suite aux informations faisant état de l’enlèvement forcé de Habib Marouane Camara, mardi soir, par des assaillants masqués et armés en uniforme.»

L’institution diplomatique exhorte «le gouvernement guinéen à identifier les responsables, à mener une enquête approfondie et à défendre l’État de droit en Guinée». Elle ajoute que «les États-Unis restent fermement engagés à soutenir les progrès de la Guinée en matière de justice, de droits de l’Homme et d’État de droit. M. Camara, récent participant au programme International Visitor Leadership Program (IVLP) du Département d’État, incarne les valeurs de liberté, d’indépendance et de droits fondamentaux que les États-Unis et la Guinée considèrent comme essentielles.»

Les Forces vives de Guinée «expriment leur profonde indignation». Le samedi 7 décembre 2024, elles « saluent les prises de position responsables de certains partenaires bilatéraux et multilatéraux de la Guinée, notamment l’ambassade des États-Unis et les Nations unies, ainsi que des organisations de défense des droits de l’homme, des associations et des syndicats de professionnels de la presse. Ces acteurs, à travers des déclarations et des communiqués rendus publics, se sont préoccupés du sort du journaliste Marouane Camara. Certains n’ont pas manqué d’exprimer leur indignation et d’interpeller les autorités». 

Par Tidiane Diallo

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