Coordinateur du FNDC (Front national de défense de la constitution) au Canada, Hamidou Bah, est l’invité de l’émission Le monde aujourd’hui de la chaîne de radio et télévision La Voix de l’Amérique le 7 septembre 2021 pour donner des clés de lecture des événements marquants le coup d’Etat contre le 3e mandat d’Alpha Condé.
Au journaliste présentateur de l’émission qui lui demande comment réagit-il à la destitution d’Alpha Condé par l’armée, Hamidou Bah répond que c’est par un «sentiment de joie » mêlé « de tristesse ». Parce que si « le peuple de Guinée vient d’être libéré d’une dictature qui a atteint, aujourd’hui, son paroxysme », c’est que « le peuple avait aspiré à cela, (et) a lutté pour que partent M. Alpha Condé et son clan ».
«De ce côté-là, nous sommes heureux, le peuple est content.» De l’autre, enchaîne M.Bah, «nous sommes tristes. C’est un gâchis, parce que nous n’aurions pas dû en arriver là si M. Alpha Condé avait écouté, d’un côté lui-même à travers ses quarante années de combat pour la démocratie; s’il avait écouté feu M. Kèlèfa Sall, président de la Cour constitutionnelle à l’époque, qui l’avait mis en garde contre ce qui est arrivé aujourd’hui ; et surtout s’il avait écouté l’aspiration de la population. »
«Il s’agit justement d’une prise de pouvoir anticonstitutionnelle pour vous qui défendez la constitution bec et ongle, relance le journaliste. C’est exactement ce qu’il ne faut pas faire, n’est-ce pas ? » Le coordinateur du Fndc relativise en plaçant l’événement dans son contexte. «M. Alpha Condé a lui-même usé d’un coup d’Etat qui était sous une forme plus constitutionnelle. Donc, celui qui dirige par les armes, par la terreur, l’histoire nous a montré qu’il partira par les armes et qu’il sortira par la petite porte. »
De ce point de vue de M. Bah, le président déposé par les militaires n’avait pas à «tripatouiller» la constitution de 2010 pour se frayer un troisième mandat. Alpha Condé « a provoqué » ce qui lui est arrivé. Malheureusement pour lui qui avait « ouvert la bêche, et qui pensait la contrôler au départ », elle est devenue «tellement béante » que toutes les forces s’y sont «engouffrées» et tout lui a échappé.
Il aurait fallu respecter la loi, faire en sorte que la constitution. Tout simplement. Mais ça c’est désormais du passé. Après un second et troisième mandat, il médite actuellement sous les bottes du coup d’Etat ayant stoppé son mandat de trop.
Par Ahmed Tidiane Diallo