Ces deux figures du football et du business sont citées dans un scandale de détournement en Guinée. La mafia organisée pour escroquer l’Etat guinéen, piller les fonds des projets et laisser les chantiers des projets en ruines, est une œuvre attribuée à ce duo de bandits à col blanc. Amadou Diaby est guinéen et ancien Vice-président de la Féguifoot. Il est accusé d’avoir organisé la délinquance financière ayant réussi à détourner l’argent des projets de construction de l’hôpital militaire de Dubréka, en Guinée maritime. Son comparse français, Henri Legarda, quant à lui, a participé à une vaste escroquerie sur un projet d’installation de publiphones de la Sotelgui, l’entreprise de téléphonie de l’Etat guinéen. Les deux crimes financiers portent sur un montant de 50 milliards de FG et 2,5 millions d’euros.
(L’article ci-dessous est une réédition. Il est paru dans Le Populaire n°807 du lundi 24 janvier 2022 sous le titre: Projet de l’hôpital militaire de Dubréka et la Sotelgui : des scandales à ne pas oublier.)
La création et l’installation de la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF) seront sans doute citées parmi les actes politiques les plus manquants posés par le Président de la Transition, le Colonel Mamadi Doumbouya. Salués par les populations Guinéennes victimes impuissantes des détournements, vols, pillages et gabegies d’un groupuscule, ces actes traduisent la ferme volonté du Président du CNRD de faire justice et de moraliser la vie publique. À cet effet, comme le scandaleux projet de l’hôpital militaire de Dubréka ou de la Sotelgui, aucun dossier de malversations ne devrait être oublié ou enterré.
L’opinion a suivi avec beaucoup d’intérêt, le procureur général près la Cour d’Appel, M. Alphonse Charles Wright énoncer une longue liste de gros scandales et malversations qui ont caractérisé la gestion des affaires et biens de l’Etat par de nombreux hauts cadres et opérateurs économiques véreux durant ces dernières décennies.
Lors de ce point de presse, animé le vendredi 21 janvier 2021, le Procureur Général près la Cour d’Appel a porté à la connaissance de l’opinion nationale et internationale une série de dossiers transmis par l’Agent Judiciaire de l’Etat, susceptibles de poursuite pénale tant par devant les juridictions de droit commun que par devant celles d’exception, notamment la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF) nouvellement créée par le Président du CNRD, le Colonel Mamadi Doumbouya.
En plus des présumées malversations constatées depuis le 5 septembre 2021 pendantes devant les tribunaux de première instance, et relatives à l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSS) contre l’ex-Directeur général et son Comptable, au Port Autonome de Conakry (PAC) contre l’ancienne Directrice générale et son comptable, à la Haute autorité de la communication (HAC) contre le Président et son comptable, à l’Institut de recherche agronomique de Guinée (IRAG) contre le Directeur général, à l’Hôpital national Donka contre l’ex-Directrice générale et son comptable, à l’Hôpital national Ignace Deen contre le Directeur général et son comptable, à l’Office guinéen de publicité (OGP) contre l’ex-Directeur général et son comptable, sur des faits présumés de détournement de deniers publics, faux et usage de faux en écriture publique et complicité, le Procureur général, Alphonse Charles Wright, a également exhumé de nombreux anciens dossiers scandaleux, de malversations, détournements, corruption, vols commis sous les différents gouvernements, déjà audités mais rangés dans les tiroirs pour protéger des malfaiteurs pilleurs qui ont mis ce pays à genoux.
Selon le Procureur général, ces audits mettent en évidence des faisceaux d’indices concordants de faits de détournement de deniers publics, faux et usage de faux en écriture publique, recel, vol aggravé, enrichissement illicite, corruption, abus d’autorité, blanchiment d’argent et complicité à la Société Minière de Dinguiraye (SMD), à Futurelec, GAETA, SERICOM (Santullo), la BCRG (Banque Centrale de la République de Guinée), la Société Générale de Pétrole, la SOMCAG, la SEMAFO, au Projet Coton, au Fonds Koweitien, Air Guinée, Guinomar, au Fonds d’Entretien Routier (F.E.R), à ENCO, à la CBK, au Chemin de Fer (Démantèlement et vente des rails).
À ces rocambolesques dossiers transmis à la CRIEF, il est impérieux d’ajouter d’autres non moins graves et scandaleux comme dans le projet de l’hôpital militaire à Dubréka. En 2010, ayant contacté plusieurs contrats avec l’Etat Guinéen, Amadou Diaby prend l’engagement auprès de l’Intendance militaire de livrer un hôpital moderne avec des équipements de dernière génération à l’Armée guinéenne.
Pour ce faire, avec les mêmes réseaux de complicité, un montant de 50 milliards de francs sort du Trésor public, comme avance sur ce marché visant à doter l’Armée Guinéenne de son tout premier hôpital moderne. L’annonce est faite à la RTG avec la visite en grande fanfare du site réservé à l’ambitieux projet à Dubréka.
Subitement les travaux avant de commencer s’arrêtent pour des raisons de financement. Amadou Diaby et ses partenaires s’accrochent et le chantier est purement et simplement abandonné. Le site, avec un béant trou creusé, des véhicules vieillis et abandonnés, fleuri par des herbes sauvages où des serpents venimeux se nichent, ressemble aujourd’hui à un champ de mine totalement de ruines.
Et pourtant, à l’arrivée d’Alpha Condé au pouvoir en fin 2010, un audit au sein de l’armée épingle et incrimine Amadou Diaby et il est invité à rendre l’hôpital opérationnel à Dubréka ou à restituer l’avance surfacturée de 50 milliards de francs débloquée pour l’installation de l’hôpital.
Le chef d’état major de l’armée à l’époque, feu Général Kelefa Diallo saisit son véhicule et il est mis en demeure de rembourser l’argent. Mais, malheureusement, comme souvent, l’affaire est rangée dans les tiroirs. Il semble en être de même du faux marché de 2,5 millions d’euros de publiphones ayant contribué à la faillite et à la fermeture de la Sotelgui.
Il s’agit d’un Contrat de fourniture et d’installation à Kaloum (Cabines téléphoniques à carte) jamais honoré, mais dûment signé entre la SOTELGUI, d’une part et la société écran montée de toute pièce par Amadou Diaby et son partenaire français Henri Legarda, PDG du Groupe Vallée SA à l’époque et ancien président du club de football du Mans FC, d’autre part.
Si le faramineux montant lié à ce marché et chiffré à 2 millions 500.000 euros a été intégralement versé à Amadou Diaby et à son partenaire Legarda en 2009 par la société Sotelgui, à ce jour aucun début de commencement de son exécution n’est encore visible. Autrement dit, 12 ans après avoir empoché plus de 25 milliards de francs Guinéens de la Sotelgui, Amadou Diaby et Henri Legarda n’ont jusqu’à présent pas livré et installé même un publiphone à Kaloum.
La sortie de ce montant des caisses de la Sotelgui sans que le marché ne soit exécuté a fortement déséquilibré les finances et les caisses de la société. Elle a contribué considérablement à la faillite et à l’arrêt des activités de la société avec la mise au chômage de plus de 1000 employés guinéens depuis 10 ans. Dans le désespoir, le désœuvrement et la précarité causés par la fermeture de la Sotelgui, plusieurs travailleurs ont succombé. Paix à leurs âmes ! Amen.
C’est là que l’on comprend la pertinence de la révolte et de la colère du Colonel Mamadi Doumbouya quand il dénonce dans sa déclaration de prise du pouvoir… « la gabegie financière, la pauvreté et la corruption endémique qui ont emmené l’armée républicaine guinéenne, à travers le Comité national du rassemblement pour le développement, CNRD, à prendre ses responsabilités vis-à-vis du peuple souverain de Guinée et dans sa totalité. »
La CRIEF, dans la logique du Président Mamadi Doumbouya qui veut que la Justice soit la boussole de la transition pour ne faire tort à personne, devrait enquêter sur ces dossiers scandaleux du projet de l’hôpital militaire de Dubréka, de la Sotelgui et tous les autres non cités par le Procureur Alphonse Charles Wright lors de sa brillante sortie du vendredi 21 janvier qui donne du crédit au CNRD et à son Président, le Colonel Mamadi Doumbouya dans leur volonté de totalement restaurer l’état Guinéen dans ses droits spoliés avec toutes ces malversations scandaleuses, mettre fin à l’impunité, et montrer à la face du monde que nul désormais n’a le droit de se servir des biens et des ressources appartenant à la Guinée et à tous les Guinéens.
Par Alioune Diarra