Notre Guinée est encore frappée par le destin. Notre peuple est endeuillé. Le ciel s’est soudainement assombri ce dimanche 1er décembre 2024 alors que le couchant dardait la terre de ses suprêmes rayons. Comment en sommes-nous arrivés là ? La question est de taille. Mais ils sont très peu nombreux nos compatriotes à se la poser avec lucidité et objectivité. Avec un esprit patriotique et bienveillant. Avec humanisme. En un mot, en simple mortel.
Certains veulent exister par la mort des autres
Au moment où la nation devrait faire bloc en mettant en avant le premier article de la Constitution, les esprits oh, combien mal intentionnés tirent à boulets rouges. Qui sur le gouvernement. Qui sur le CNRD. Qui sur les victimes elles-mêmes.
Certains veulent refaire peau neuve en liant la tragédie du 1er décembre 2024 à la prétendue candidature de Mamadi Doumbouya. Bon sang, oublient-ils qu’on vient au foot pour jouer et non pour mourir. Que personne ne se présenterait délibérément à l’appel de la mort. Que l’ange Azraël, connu de toutes les civilisations et de toutes les cultures se drape lui-même d’un manteau humain, animalier (la symbolique du chien est intéressant ici) pour arracher la vie. Preuve que cette dernière est sacrée.
Oubliant qu’ils sont des humains, politiciens mal intentionnés et blogueurs invétérés, ces chômeurs patentés qui vivent de mensonge et de calomnie se donnent à cœur joie dans les accusations.
Ces vendeurs de haine et d’injures, ces dépravés de nos sociétés transfigurées par les technologies nouvelles, qui vivent souvent à l’étranger, se souciant plus de leur like que de la vie, amplifient la désinformation. Pire, ils déversent également leur bile sur tout ce qui représente l’Etat. Des citoyens lambda, accrocs de Facebook, Tiktok et autres réseaux sociaux contribuent également à la manipulation.
Notre peuple est estomaqué, atterré, dévasté, mais ces catégories de personnes se font l’horrible plaisir de jouer avec la mort. Pensent-ils aux familles des victimes ? Au désarroi des survivants? Aux douleurs des blessés parmi lesquels des handicapés à vie ?
La tragédie du 1er décembre devrait servir de leçon politique et morale
Le Guinéen que nous sommes, nous devrions nous ressaisir. Oui! Nous ressaisir. Ce n’est pas une simple leçon de morale. C’est un appel à l’humain plus qu’à la raison. Quand on observe notre société, on écoute l’actualité, on entend le voisin, on se demande ce qui est advenu de notre peuple si croyant. On se dit tout à foutu le camp. Passez-moi l’expression.
La tragédie du stade du 3 avril devrait mettre l’humain au-delà de la polémique. La compassion au-dessus des accusations et des ambitions personnelles.
Ce qui s’est produit à Nzérékoré aurait pu se passer sous n’importe quel régime politique. Par conséquent, nous devrions faire en sorte que la nation, concrétise aujourd’hui plus qu’hier, ce qu’elle incarne: une entité de personnes ayant librement choisi de vivre ensemble et de partager tant le bien que le malheur. Autrement dit, la tragédie de Nzérékoré n’est pas une simple affaire de gouvernement et de gouvernance. Elle dépasse cet appareil d’Etat qui dirige notre pays pour un moment donné: actuellement la transition. Ou la refondation. Point de polémique sur les notions.
Nzérékoré doit unir et faire communion et non diviser
Les tragiques incidents de Nzérékoré interpellent plus qu’un État ou un gouvernement par la douleur, la stupéfaction et l’insondable qui s’y sont produits.
Nous devrions, dans le contexte actuel, savoir, toute raison gardée, que nous sommes observés, que nous faisons l’actualité mondiale dans la compassion. Dans ce cas, comment verser dans la politique politicienne?
Nous devrions comprendre que les autres peuples et nations partagent notre chagrin notre douleur et notre deuil. Que rien que cela devrait nous interdire de tergiverser sur le nombre de morts alors qu’un seul mort est déjà de trop.
Nous ne sommes pas au temps de la mise en cause simpliste et tendancieuse. Des failles, il y en a eu, au cas contraire ce qui s’est produit ne l’aurait pas été. Mais le moment viendra de faire la part des choses. On ne peut pas, en ces temps macabres, quand les parents sillonnent les morgues à la recherche des leurs, se permettre de placer la faute au-dessus de la vie.
Nous disons, si la faute n’est pas excusable, au moins la vie est irremplaçable. Consacrons-nous au deuil, aux prières et aux sacrifices. Pensons que la majorité des victimes croquaient la vie à pleines dents, car tous jeunes. Trop jeunes mêmes. Pensons à ces enfants piaillant, gambadant comme des cabris et qui ne retourneront jamais à la maison fêter la joie de la victoire avec les leurs. Oui, la joie! Le fondement même du sport: football autres.
Mon appel de citoyen et de croyant
J’en appelle à l’humain qui est en chaque Guinéen. Ce sentiment qui doit guider nos actions politiques et notre quotidien.
Si nous n’intègrons pas que la Guinée soit une famille, acceptons au moins qu’elle est une entité collective et nationale composée d’êtres au destin commun.
Je souhaiterais, qu’en ces moments difficiles et tendus, que nos imams, nos prêtres et autres autorités morales se fassent plus entendre que nos politiques. Cela d’autant plus que certains, comme je l’ai souligné plus haut, sont experts dans le sensationnel: ils ne s’affirment que lorsqu’il s’agit d’opposer les Guinéens.
Je préconise que soient organisées, les vendredi 6 et dimanche 8 décembre 2024, des prières dans toutes les mosquées et églises de notre pays. Qu’après le deuil officiel de 3 jours et celui religieux de 40 jours que soit organisé, par nos artistes et comédiens, un concert de bienfaisance en faveur des familles éplorées et des survivants. Cela complèterait les éventuelles indemnités de l’État.
Je prie que la tragédie de Nzérékoré soit une leçon qui nous unit et non une arme contre nous-mêmes. Encore moins un élément du sort qui accentuerait nos divisions.
Je prie, Dieu Le Tout-Puissant, Le Miséricordieux, Le Très Miséricordieux, d’accueillir les victimes dans le Paradis Firdaws. Amen!
Par Pr Lamanara-Petty Diallo, ancien normalien, professeur de lettres-histoire