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L’excision vue sous l’œil de Dre Mashoud Kaba : entre tradition séculaire et santé vitale, un dilemme à résoudre

Juste après le lancement d’un semestre de cours d’anglais, le Centre américain de Conakry accueille une rencontre importante. Les journalistes et responsables de médias reçoivent la Docteure Mashoud Kaba Bah, guinéo-américaine au parcours impressionnant.

Diplômée en santé publique aux États-Unis, elle revient en Guinée pour partager son expérience sur l’excision, une pratique profondément ancrée dans la culture mais qui soulève des questions éthiques et sanitaires essentielles.

Arrivée à l’âge de 9 ans aux États-Unis, la Dre Kaba Bah poursuit ses études à l’Université Johns Hopkins. Elle obtient une bourse Fulbright pour mener des recherches sur l’excision. Elle présente son projet intitulé «Point de vue des exciseuses sur l’excision».

Son immersion dans cette pratique controversée au sein de communautés guinéennes, en collaboration avec l’Université Gamal Abdel Nasser et des ONG comme Breakthrough Action Guinée et Notre Santé, l’aide à mieux comprendre les implications de la mutilation génitale féminine.

Au cours de ses années de recherche, la Dre Kaba Bah recueille des témoignages poignants. Elle souligne l’écrasante pression sociale qui entoure l’excision. «Une fille non excisée est souvent considérée comme impure, dit-elle, indigne de préparer la nourriture ou de se marier.» En revanche, celles qui subissent cette pratique sont perçues comme des femmes pures, prêtes à devenir épouses et mères. Mais à quel prix ? Les conséquences médicales sont alarmantes. Infertilité, complications à l’accouchement, voire mortalité.

La santé et la vie des femmes doivent primer

Peut-on alors abandonner cette pratique séculaire ? Est-il acceptable de risquer la vie d’une femme pour préserver un statut social ? Avec une méthode de recherche qualitative enrichie d’anecdotes, la Dre Kaba Bah dresse un tableau saisissant des différentes formes d’excision pratiquées. Des ablations partielles aux sutures vaginales, chaque méthode évoque un héritage culturel complexe, mais aussi une souffrance infligée à des millions de filles.

Environ 200 millions de filles dans le monde souffrent de l’excision, majoritairement dans 30 pays, y compris la Guinée, explique-t-elle. Bien que les statistiques montrent une légère diminution du taux d’excision, de 99 % en 1999 à 95 % en 2018, la lutte n’est pas encore gagnée. Les efforts de sensibilisation et l’interdiction par le code pénal sont des avancées, mais tant de défis demeurent.

La Dre Kaba Bah interroge également des exciseuses, révélant que ce métier ne constitue pas une source de revenu stable. Beaucoup d’entre elles reçoivent des compensations dérisoires, souvent sous forme de biens matériels comme du riz ou des pagnes. «La plupart ne sont pas rémunérées en argent», précise-t-elle. Malgré cela, certaines défendent l’excision comme une tradition sacrée, perçue comme un gage de pureté et de sécurité matrimoniale.

L’excision en Guinée reste un sujet épineux, touchant aux racines mêmes de la culture et de l’identité. Certains voient la condamnation de cette pratique comme une influence occidentale, mais il est crucial de se rappeler que la santé et la vie des femmes doivent primer sur les traditions.

La rencontre se conclut par une séance de questions-réponses, où les participants échangent sur les défis à relever. Une photo de famille immortalise le passage de la Dre Kaba Bah au Jeudis de la presse.

Par Alpha Abdoulaye Diallo

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