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La vision du Général Mamadi Doumbouya, le pari républicain du ministre de la Défense (Par Abdourahamane Barry)

Il est un peu plus de 20h. Les couloirs feutrés du Quartier Général bruissent encore d’échos disciplinés. Au même moment, dans le bureau “Soleil” du Palais présidentiel, un appel interrompt le silence. À l’autre bout, la voix ferme du “parrain office” du commandant en chef. Un ordre bref, clair, sans détour. “Il faut matérialiser la vision Armée-Nation.”

Dans le langage militaire, on parlerait d’une “activation de doctrine”. Mais en réalité, ce fut le déclic. Le point de bascule entre deux intelligences stratégiques. Le Général Doumbouya, habité par une ambition de refondation, et son ministre de la Défense, discret, mais déterminé à bâtir une armée républicaine.

Une idée jaillit au cœur de l’urgence

Ce soir-là, selon nos sources, une réunion était en cours au ministère. Autour de la table, des conseillers stratégiques, un document-clé, la nouvelle Constitution. Le ministre, plongé dans la lecture, lève les yeux. Il ne s’agit plus seulement de garantir la sécurité du territoire. Il faut transformer la Constitution en boussole vivante, en outil d’éveil civique, en levier de loyauté républicaine.

L’idée prend forme. Elle s’enracine. Et en quelques jours, un programme national inédit voit le jour. La Semaine du Soldat, avec ce thème puissant : “Pour une Constitution qui nous ressemble et nous rassemble.” Une première dans l’histoire contemporaine du pays. Une révolution douce. Et silencieuse.

Sous l’uniforme, un citoyen éclairé

Dès son allocution d’ouverture, le ministre donne le ton. Le langage est clair, presque tranchant. “L’armée n’est pas un pouvoir, elle est un pilier. Elle n’est pas un arbitre, elle est un bouclier.” C’est le crépuscule des armées fantômes qui agissaient dans l’ombre. Désormais, place à une armée pédagogique, visible, engagée dans le dialogue républicain. Une armée qui connaît les textes et comprend le peuple.

Le programme s’annonce dense : • Lectures collectives de la Constitution dans les casernes, • Projections de films éducatifs, • Débats ouverts avec la société civile. Et surtout, ouverture des camps militaires à la pédagogie constitutionnelle. Un bouleversement culturel. Un événement sans précédent. Du soldat d’exécution au soldat de discernement. Mais le moment fort, celui que retiendra sans doute l’histoire, fut cette phrase, presque martiale : “Un soldat bien formé est un soldat qui obéit, mais surtout, un soldat au service de la République.” Un appel à la lucidité. Un coup de clairon contre les automatismes et les obéissances aveugles. Fini le soldat-instrument. Place au soldat-citoyen, formé à l’éthique, au droit, à l’intérêt général.

Une armée à aimer, non à craindre

Le message est clair. Cette nouvelle armée ne sera ni juge ni partie. Elle sera près du peuple, enracinée dans la paix, la souveraineté, la neutralité politique. Une armée aimée, non crainte. Une armée respectée, non redoutée.

Un discours de rupture. Assumé. Affiché. Et tourné contre les spectres du passé, les coups d’État silencieux, les violences impunies, l’armée au-dessus de la loi. Une Constitution partagée, pas imposée. Au cœur de cette offensive civique, un impératif. Faire de la Constitution un socle commun.

Pas un texte imposé d’en haut, mais une charte appropriée par les soldats, les familles militaires, les écoles de guerre. “Une Constitution à connaître, à comprendre, à protéger.” Telle est la devise. Tel est le serment silencieux du ministre.

La doctrine émerge : Armée et Nation

Derrière ce programme, se dessine une doctrine naissante. Une ligne de pensée puisée à la source du Général Doumbouya lui-même. Réconcilier puissance militaire et conscience républicaine. Faire de la caserne un espace d’éducation citoyenne, non de repli. La Semaine du Soldat devient alors un laboratoire doctrinal. Une tentative rare, rapprocher l’uniforme et l’urne, la discipline militaire et le débat démocratique.

Le pari est lancé

Transformer une culture militaire n’est jamais une affaire de slogans. C’est un chemin semé de doutes, de résistances, de test. Mais l’essentiel est là : la volonté politique est actée. Et si cette dynamique se maintient, la Semaine du Soldat pourrait marquer plus qu’une réforme.

Elle pourrait devenir le point d’ancrage d’un nouveau contrat social. Une Guinée où la force se mesure à la hauteur des principes, où le soldat marche avec la tête haute, la Constitution en main, et le peuple à ses côtés.

Par Abdourahamane Barry

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